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Être libre, est-ce ne rencontrer aucun obstacle ?

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« C haque individu pos sède au moins un désir, sinon une expérience de ce qu'il nomme liberté.

Le concept est cependant difficile à définir, parce qu'il concerne des domaines apparemment différents- de la liberté de penser à celle d'agir- mais aussi parce que ses ac ceptations historiques sont variables.

D'autre part un o b s ta c l e e s t c e qui marque une résistance à une force, un empêchement, mais il faut souligner pourtant que le terme obstacle n'indique pas une impossibilité définitive à l'action.

Il peut être contourné.

A u premier abord, la liberté définit en effet un mouvement sans entrave, sans obstacle.

Être libre, c'est faire ce que l'on veut s ans que personne nous en empêche.

P ourtant la liberté se résume-t-elle à cette absence de contrainte? N'y-a-t-il pas une conception plus haute de la liberté? 1.

La liberté est absence de contraintes L'expérience simple d'un comportement libre enseigne qu'il n'est soumis à aucun empêchement : être libre c'est faire ce que l'on voulait.

On retrouve là une signification première du terme, qui dans l'A ntiquité, désigne bien le statut du citoyen, par opposition à l'esclave.

La liberté vient en effet, du latin liber qui dans son sens usuel signifie absence de contrainte.

Dans ce contexte, la liberté se définit comme indépendance et comme la possibilité de suivre son bon plaisir sans être gêné ou entravé par autrui.

La liberté serait alors une lutte contre tout ce qui la restreint : l'État, les règles sociales .

Dans ce sens la loi, par exemple, contraint la liberté naturelle de l'homme et est un obstacle. De même, pour Sartre, loin d'être liée seulement aux pouvoirs de la raison, la liberté s'expérimente dans toutes les situations.

La liberté est le pouvoir de dire "oui" ou "non".

La consc ience et la liberté, pour lui, sont une chose est même chose. La liberté est alors possibilité de vivre sa vie comme on l'entend, même si c'est de manière inconsciente et insouciante. De plus, la liberté politique, même si elle suppose une obéissance aux lois, prend s on sens positif par opposition à toutes formes de contraintes et de servitudes imposées à l'homme. M ontesquieu fait consister la liberté politique " à ne point être contraint de faire ce que l'on ne doit pas vouloir."( De l'esprit des lois") A insi, la liberté définie comme telle, est possibilité de refuser toutes contraintes et de ne rencontrer aucun obstacle qui pourrait nous freiner dans nos désirs. 2.

La liberté est détermination de soi-même Les stoïciens ont pourtant orienté la définition de la liberté dans une nouvelle voie, celle de l'indépendanc e intérieure.

C ela orientera la philosophie moderne a concevoir la liberté comme capacité morale de se déterminer en s uivant la raison et non les passions. • Pour la philosophie stoïcienne, le dés ir est dangereux, et il vaut mieux y renoncer.

C 'est la seule voie possible pour qui veut atteindre la sagesse qui consiste en l'«ataraxie» ou absence de trouble, obtenue par la reconnaissance rationnelle de la nécess ité qui gouverne le monde. • D'après Épictète, il y a deux sortes de désirs: les premiers portent sur «ce qui ne dépend pas de nous»: notre corps, la richesse, la célébrité, le pouvoir...

Dés irer ces c hoses-là, c'est s'exposer aux plus grands malheurs puisque ce sont des choses qui nous échappent c omplètement et qui sont très changeantes.

O n pourrait donc désirer au moins «ce qui dépend de nous», c'est-à-dire désirer la sagesse.

M ais celle-ci ne peut être l'objet que d'une décision et non d'un désir: celui qui se contente de la désirer souffrira de ne pas y parvenir.

M ieux vaut donc renoncer à tous les désirs et s'efforcer d'être purement rationnel. • On peut remarquer toutefois qu'Épic tète précise «...pour le moment».

Le sage pourra laisser libre cours à son désir de sagesse lorsqu'il sera parvenu à celle-ci.

Mais c e «désir» aura changé de signification et se confondra avec la sagesse. Être libre reviendrait alors à agir raisonnablement sans être influenc é par mes passions. A insi on peut avoir l'impression de faire ce que l'on veut alors que nos ac tes sont dictés par un pur déterminisme, un produit de la loi de c ause-effet A insi Spinoza voit la liberté comme une illusion : "Les hommes se trompent en ce qu'ils se croient libres; [...] ils sont ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés." " l'Â me est déterminée à vouloir ceci ou cela par une cause qui est aussi déterminée par une autre." Éthique, Livre II P our Spinoza, la seule possibilité de c oncevoir des actes libres, c'est d'entendre une action libre comme une action dont les raisons ne se tirent que de moi-même.

C e qui implique une connaissance de nos pensées et de nos ac tions. Dans la même optique , Des cartes voit dans la liberté, définie comme une absence de contrainte, une liberté négative : indifférence dans le choix entre plusieurs choses.

M ais il définit une liberté positive : c'es t la connaissance claire qui me permet de bien agir, d'agir librement "si je connaissais toujours clairement ce qui est vrai et bon, je ne s erais jamais en peine de délibérer quel jugement et quel choix je devrais faire, et ainsi je serais entièrement libre." Méditations métaphysiques Donc la liberté ne s erait pas absence d'obstacle, mais plutôt prise de conscience de ce qui me pousse à agir pour pouvoir enfin décider de moi-même et choisir mes actes. 3.

La liberté est dans la connaissance des obstacles et des moyens pour les contourner A insi, la liberté n'est pas seulement une absence d'obstacles.

En fait, on peut même dire que dans un monde où je pourrais tout faire, je ne serais pas vraiment libre.

C 'es t parce que je renc ontre des obstacles que je prends conscience de ma liberté.

En effet, l'obstacle peut être contourné, c'est à moi de mettre en oeuvre les moyens de le résoudre, de le surmonter.

Or, en faisant ainsi, je prends conscience de ma force, de mon esprit et en définitive de ma liberté qui est justement ce qui est la base du dépassement de l'obs tacle. En effet, en définiss ant la liberté négativement c omme absence de contrainte, nous ne définissons pas la liberté spécifiquement humaine.

L'animal subit en effet les nécessités de la nature sans les trans former, sans marquer la nature de son empreinte.

L'homme se démarque des obstacles et de la nécess ité naturelle par son travail, par son invention.

Il es t l'auteur de son histoire. M ais pour cela, il faut apprendre à connaître rationnellement les obs tacles qui se présentent à nous et à les comprendre.

En effet, comme le dit Sartre, c'est au sein de projet déterminés que je rencontre des obstacles à leur réalisation, des impossibilités, des contraintes.

M a liberté s'enracine dans ses situations et c'est la façon dont je les accepte, les transforme ou m'en libèrent qui définissent ma liberté. De même, pour Bergson, la véritable liberté de l'homme réside dans la création toujours nouvelle de nouveaux objets, manières d'être, bref de sa propre existence.

Les obstacles permettent ainsi d'obliger notre intelligenc e à se mettre en marche pour trouver de nouvelle manière de mener à bien nos projets . Les obstacles permettent donc à l'individu d'utiliser au mieux sa raison et d'apprendre à se servir de sa liberté.

L'homme libre est celui qui utilise sa raison et dépend du consentement éclairé. A insi, la liberté dans un premier temps s'apparente bien à une absence d'obstacles.

Je suis libre par exemple de courir où je le veux, quand je le veux.

M ais, la liberté est autrement plus importante.

Si nous ne sommes pas conscients que nous agissons en définitive pour d'autres raisons que celles que nous pensons, alors nous ne sommes pas maîtres de nos actions et il n'y a pas de liberté.

Il faut donc dès lors prendre conscience des obstacles qui nous empêchent d'agir par nous-mêmes et c omprendre comment les contourner, les effacer.

P arce que la véritable liberté de l'homme réside dans sa capacité à utiliser sa raison et à inventer chaque jour sa vie et les moyens de réaliser ses projets .. »

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