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Est-on en droit de parler de beaux-arts ?

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« [Les beaux-arts sont ceux qui respectent des règles esthétiques établies.

Les Grecs ne concevaient pas l'art en dehors du respect de certaines règles qui produisaient le beau et l'harmonieux.

La notion de «beaux-arts» se développe à la Renaissance au sein d'institutions académiques.] Il n'y a pas de beaux-arts sans respect des proportions Le musicien et philosophe Aristoxène de Tarente (IV siècle av.

J.-C.), élève d'Aristote, s'inspirant des calculs pythagoriciens, propose une suite de rapports numériques capables de rendre compte des intervalles entre les notes de musique.

Musique, mais aussi poésie, sculpture, architecture, peinture dépendaient étroitement, chez les Grecs, de proportions dont l'arithmétique, l'algèbre et la géométrie devaient établir les lois.

Que l'on songe ici au fameux nombre d'or. Il faut distinguer art et technique L'art suppose sans doute une grande maîtrise technique.

Mais les beaux-arts ne sont pas que techniques.

Il y a une différence entre les «arts ménagers» et ceux qui produisent le beau.

Ces derniers obéissent à des règles esthétiques rigoureuses.

Aristote, dans l'Éthique à Nicomaque, distingue nettement la poïésis, c'est-àdire la création, de l'action utile (praxis). C'est à la Renaissance que l'on va établir les premiers canons esthétiques Nos jugements de goût sont contradictoires puisque à la fois nous disons: « c'est beau », et renvoyons le jugement à la subjectivité de chacun.

Et, de fait les jugements sont divers et il semble impossible de les ramener à l'unité.

Mais, considérons les choses de plus près.

Le consensus n'est-il pas étonnant ? Après tout n'y a-t-il pas moins de désaccord sur la grandeur de Sophocle, sur la beauté du ciel étoilé que sur la théorie du big-bang? Cet accord surprenant des esprits n'est-il pas l'indice de l'objectivité du beau ? Nous pouvons nous accorder donc que la beauté est quelque chose que nous saisissons dans l'objet. C'est à partir du XVIe sous l'impulsion de la redécouverte de la culture gréco-latine et de l'esthétique grecque imitée par les Romains et surtout au XVIIe que la question du beau fait l'objet d'un examen particulier, de la part des artistes et des philosophes.

Il revient donc à l'esthétique de la Renaissance et du XVIle, appelée classique, d'avoir dégagé les règles de production du bel objet.

L'inspiration en est platonicienne.

S'inspirant de la théorie platonicienne du beau ( attention: absolument pas de sa critique de l'art bien que celle-ci en raison de son ambiguïté ait permis la réconciliation de l'art et du beau opérée par l'esthétique classique), l'esthétique classique considère le beau comme une réalité qui existe par soi.

Le beau existe et une fleur ou une oeuvre d'art sont belles parce que la beauté est présente en elles.

Elles ne sont pas belles pour nous mais en elles-mêmes.

Elles ne sont pas belles parce que nous les trouvons belles; nous les trouvons belles parce qu'elles sont belles.

Quelles sont alors les propriétés de ce qui est beau? Là encore la conception platonicienne de la beauté inspire la réponse à cette question. 1) La perfection.

Ce qui est beau est ce à quoi il ne manque rien.

Rien de ce qui appartient à sa nature ne lui fait défaut.

De même qu'un cheval avec des oreilles d'âne n'est pas beau, de même une oeuvre inachevée n'est pas belle.

On n'aurait jamais exposé à l'époque des esquisses. 2) L'ordre et l'harmonie.

En effet qu'est-ce qu'un objet parfait ? C'est un objet, qui, étant complet, forme un tout.

Il est l'unité d'une diversité d'éléments.

Mais, pour que cette diversité ne soit pas une pure juxtaposition, il faut un principe d'ordre qui harmonise les éléments, substitue à la juxtaposition d'éléments sans lien ni rapport une interdépendance de ces mêmes éléments.

« Le beau ne consiste que dans l'ordre c'est à dire dans l'arrangement et la proportion », écrit Bossuet.

Tout ce qui est disloqué, désordonné, démesuré est laid.

Il s'agit alors de trouver la juste mesure, les rapports adéquats, les beaux rapports.

D'où les travaux mathématiques des artistes de la Renaissance recherchant la proportion idéale qu'ils ont cru trouver dans le nombre d'or, déjà utilisé par les grecs (Parthénon). 3) La simplicité.

Ce qui est parfait et l'harmonieux ne peut qu'être simple.

Tout ce qui a l'apparence de la complexité est laid.

La complexité ne doit pas se voir, rien ne doit voiler l'unité.

L'esthétique classique se caractérise par son rejet de l'ornementation, de la parure, des entrelacs, préférant la ligne droite. 4) L'immobilité et la sérénité.

Représenter le mouvement c'est introduire le désordre.. »

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