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Est-ce un devoir de travailler ?

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« Aide du professeur : On pourrait penser que le travail est un devoir au sens où il nous faut travailler pour vivre, et même pour survivre. En ce sens, travailler, c'est transformer la nature pour assurer la satisfaction des besoins naturels ou primaires, et des besoins artificiels ou secondaires.

Mais dans ce cas, on parlera de nécessité : celui qui ne travaille pas - que ce travail soit salarié ou non - n'est pas en mesure de sauvegarder sa vie.

Or la notion de devoir est avant tout une notion morale.

Il faut donc vous demander en quoi le travail peut m'aider à améliorer l'être moral que je suis.

Or vous apercevez vite que le travail, en même temps qu'il transforme la nature, transforme ma nature, mon identité la plus essentielle en ce qu'il permet à ma conscience de s'extérioriser, à mon intelligence de se développer et à ma liberté de se manifester.

Le travail me permet alors de m'accomplir comme être humain.

A vous de montrer comment. Discussion : Le sujet se présente comme une sorte d'évidence : le travail est une nécessité, il va de soi que chacun y est assujetti.

En ce sens chacun « doit » travailler.

Cependant l'idée de devoir comporte un autre sous-entendu, qui n'est pas entièrement contenu dans le fait d'obéir à un usage, voire à une règle.

Il semblerait donc que le devoir en tant que respect d'une norme comporterait aussi une dimension morale, faisant que les hommes trouveraient dans le travail le lieu de leur épanouissement, et, paradoxalement, de leur émancipation. Suggestion de plan : Première partie : Le travail : une notion historiquement déterminée Il serait erroné de considérer que le rapport d'obligation au travail est un universel.

D'abord, il faut se souvenir que l'aristocratie a érigé au contraire l'oisiveté en une valeur et qu'elle a exercé son mépris à l'égard des classes laborieuses ; la guerre, en tant que confrontation politique entre états, avait plus de prix que d'assurer le quotidien dans sa répétitivité et son étroitesse.

Les mains blanches, qui n'avaient pas à toucher à la terre, ni à se salir, étaient celles des possédants capables de ne pas éreinter leur existence dans l'effort. Le marxisme utilise l'idée autrement, considérant que le travail obligatoire est une forme moderne de l'esclavage : « Le domaine de la liberté commence là où cesse le travail.

» Marx, Karl.

Il est certain que les démocraties contemporaines ont érigé la valeur du travail en une espèce d'universel incontournable, d'abord parce qu'elles en avaient besoin d'un point de vue économique, ensuite parce qu'elles en avaient besoin d'un point de vue social, comme facteur d'équilibre du tout (« Le travail constitue la meilleure des polices.

» Nietzsche).

Roger Caillois dans Les jeux et les hommes insiste sur cette réprobation qui pèse sur le jeu, et montre par exemple que le travail est seul présenté comme une forme de la justice, tout autre accumulation d'argent étant regardée avec suspicion (la loterie est notamment réprouvée en ce qu'elle est par essence « injuste » : « Le travail fourni est la mesure de la justice.

») Il ne faut bafouer ni l'égalité, ni l'effort. Deuxième partie : Les limites de l'oisiveté Pourtant, l'impression d'un être livré à une pure gratuité ressemble à une espèce de sommeil improductif, non pas seulement, du point de vue de la nécessaire transformation des choses naturelles en objets de consommation manufacturés ou finis, mais encore du point de vue de l'esprit, qui a besoin de s'attacher à des buts, des projets constructifs, afin de se dépasser lui-même.

« Le travail est l'aliment des âmes nobles.

» Lettres à Lucilius, XXXI, Sénèque. A l'idée de travail est donc accolée l'idée d'un progrès qui contribue à sortir l'humanité de la pure conservation.

Le travail, dans son affinement insensible, permet à l'individu de n'être pas réduit à une existence biologique –quoiqu'évidemment la chasse, la cueillette, originels soient déjà des travaux-.

Le travail est l'agent d'une transformation profonde du monde tel qu'il est, et la société technologique ne cesse de se vanter d'un tel accès à la fabrication de produits d'une haute spécificité industrielle.. »

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