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Est-ce au peuple qu'il appartient de faire les lois ?

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« 1) Une critique de la démocratie par Platon. "N'est-ce pas le désir insatiable de ce que la démocratie regarde comme son bien suprême qui perd cette dernière ? Quel bien veux-tu dire ? La liberté, répondis-je.

En effet, dans une cité démocratique tu entendras dire que c'est le plus beau de tous les biens, ce pourquoi un homme né libre ne saura habiter ailleurs que dans cette cité (...). Or (...) n'est-ce pas le désir insatiable de ce bien, et l'indifférence pour tout le reste, qui change ce gouvernement et le met dans l'obligation de recourir à la tyrannie ? (...). Lorsqu'une cité démocratique, altérée de liberté, trouve dans ses chefs de mauvais échansons (1), elle s'enivre de ce vin pur au delà de toute décence ; alors, si ceux qui la gouvernent ne se montrent pas tout à fait dociles et ne lui font pas large mesure de liberté, elle les châtie (...). Et ceux qui obéissent aux magistrats elle les bafoue et les traite d'hommes serviles et sans caractère. Par contre elle loue et honore, dans le privé comme en public, les gouvernants qui ont l'air de gouvernés et les gouvernés qui prennent l'air de gouvernants.

N'est-il pas inévitable que dans une pareille cité l'esprit de liberté s'étende à tout ? (...). Qu'il pénètre, mon cher, dans l'intérieur des familles, et qu'à la fin l'anarchie gagne jusqu'aux animaux ? (...). Or, vois-tu le résultat de tous ces abus accumulés ? Conçois-tu bien qu'ils rendent l'âme des citoyens tellement ombrageuse qu'à la moindre apparence de contrainte ceux-ci s'indignent et se révoltent ? Et ils en viennent à la fin, tu le sais, à ne plus s'inquiéter des lois écrites ou non écrites, afin de n'avoir absolument aucun maître. Je ne le sais que trop, répondit-il. Eh bien ! mon ami, c'est ce gouvernement si beau et si juvénile qui donne naissance à la tyrannie".

PLATON. (1) Celui dont la fonction est de servir à boire. I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ? Dans cet extrait, Platon se livre à une critique du régime démocratique, fondé et perverti, à la fois, par le souci de la liberté.

Le principe de liberté doit être mis en pratique de façon rigoureuse si l'on veut éviter sa dégénérescence en principe de désordre et d'injustice. II - UNE DEMARCHE POSSIBLE. A - LA DEMOCRATIE : UNE ERREUR POLITIQUE. La première partie pose la question de la liaison causale entre liberté et tyrannie, soulève donc la question de l'inversion de la démocratie en son contraire. Début paradoxal, donc, qui contient l'explication de la décomposition de la démocratie.

La réflexion de Platon est à la fois critique et analytique. La démocratie, libérale par essence, est articulée autour du besoin de liberté, besoin qui, s'il n'est pas contrôlé, dépasse toute mesure et éloigne le régime démocratique des normes politiques rationnelles et légitimes que Platon entend dégager. B - LA LIBERTE COMME SOURCE DE DESORDRE. La deuxième partie est constituée d'une démonstration de la thèse énoncée au début du texte. Le peuple, sensible à l'appel de la liberté, finit par négliger et combattre les autres exigences sociales.

Au regard de ce besoin pathologique de liberté, tout lui apparaît comme une contrainte intolérable. La démocratie pourrait donc se définir comme le régime où nul ne supporte d'être gouverné, où règne l'individualisme le plus radical, ce qui est contradictoire avec l'idée même de société qui implique un ordre, une architecture interne, une structure collective ayant un but collectif. C - NAISSANCE DE LA TYRANNIE. Le refus de tout maître et la corruption de la société par l'excès de liberté mènent au désordre, à l'insécurité, et font le jeu des tyrans qui profitent de l'anarchie, s'emparent du pouvoir et confisquent toute liberté. C'est parce qu'en démocratie chacun est un tyran ne connaissant aucune mesure que ce régime se perd et se dégrade en tyrannie. Celle-ci naît donc de la liberté entendue comme principe exclusif de la chose politique. 2) Ce n'est pas au peuple de faire les lois mais au savant Ainsi que le rappelle Léo Strauss en tête de son ouvrage « La cité et l'homme », la tradition tient Socrate pour le fondateur véritable de la philosophie politique.

Cicéron aurait dit de lui qu'il « fut le premier à faire descendre la philosophie du ciel pour l'établir dans les cités, pour l'introduire également dans les foyers, et pour l'obliger à faire des recherches sur la vie et les manières des hommes aussi bien que sur le bien et le mal ».

en ce sens, il n'est pas. »

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