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En quoi le langage est-il spécifiquement humain ?

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« Termes du sujet: LANGAGE : 1) Faculté de parler ou d'utiliser une langue.

2) Tout système de signes, tout système signifiant, toute communication par signes (verbaux ou non verbaux).

Le langage désigne aussi la totalité des langues humaines. Problématique: Tout mode d'expression peut-il être appelé langage? Le langage est-il un simple moyen de communication? Langage & animalité : peut-on parler de langage animal ? i.

L'abeille & le singe. De récentes études nous donnent une notion plus précise que naguère des capacités des capacités communicatives de l'animal, ainsi que de leurs limites.

Parmi les plus importantes, celle de Von Frisch et celle des Premark concernent des espèces dont l'une est apparemment beaucoup plus proche de nous que l'autre. Dans « Vie & moeurs des abeilles » , Von Frisch montre que les abeilles disposent d'un « système de signes différenciés »leur permettant d'indiquer la distance et la direction d'un gisement de pollen.

Les éclaireuses se livrent pour cela à deux sortes de danse.

L'une se fait en cercle et annonce que l'emplacement de la nourriture doit être cherché à une faible distance dans un rayon de cent mètres environ de la ruche.

L'autre que l'abeille accomplit en frétillant et en décrivant des huit indique que le point est situé à une distance supérieure, au-delà de cent mètres et jusqu'à six kilomètres. Il y a donc bien, chez les abeilles, une correspondance « conventionnelle » entre le « comportement » et les « données » (direction, distance) qu'il traduit, donc une certaine « capacité de formuler et d'interpréter un signe qui renvoie à une certaine réalité ». Mais peut-on parler pour autant de langage ? Le linguiste Benvéniste affirme que non. D'abord il n'y a aucune intervention d'un appareil vocal : « le message des abeilles consiste entièrement dans la danse, sans intervention d'un appareil « vocal », alors qu'il n'y a pas de langage sans voix.

» D'où une autre différence : n'étant pas vocale mais gestuelle, « la communication chez les abeilles s'effectue nécessairement dans des conditions qui permettent une perception visuelle sous l'éclairage du jour » ; elle ne peut avoir lieu la nuit. D'autre part, les abeilles ne connaissent pas le dialogue qui est la condition du langage humain : « Le message des abeilles n'appelle aucune réponse de l'entourage, sinon une certaine conduite qui n'est pas une réponse.

» Enfin, « le message d'une abeille ne peut être reproduit par une autre qui n'aurait pas vu elle-même les choses que la première annonce ».

Or, l'homme peut communiquer sur l'expérience vécue et sur le message lui-même.

Le contenu du message de l'homme varie, s'adapte à la situation.

Le message de l'abeille a un caractère « symbolique ».

Il y a adhérence à l'expérience chez l'animal.

On ne peut donc pas parler de langage.

Le mode de communication chez les abeilles peut, dit Benvéniste, être caractérisé comme « un code de signaux ». Avec le second exemple, celui des singes (des chimpanzés) élevés par les Premak et leur équipe on se rapproche davantage du langage humain.

Sensibles à l'insuccès de toutes le tentatives faites pour apprendre à des animaux à se servir du langage articulé , les Premark eurent l'idée de mettre à la disposition de leur chimpanzé, Sarah, un matériel symbolique artificiel et simple.

Sarah devait utiliser pour communiquer avec eux de petites pièces de plastique aimanté qui se plaquaient sur un tableau magnétique.

Selon leur forme et leur couleur, ces pièces représentaient des fruits (pomme ou banane), des qualités ou d'autres propriétés (rouge, vert, doté d'une queue), des actions (donner ou manger), des individus (Sarah, une monitrice) ; d'autres pièces représentaient des relations logiques (l'identité, la différence) ou empiriques (est la couleur de), ou même métalinguistiques (est le nom de), de même que quelques connecteurs (si...alors, non).

Avec ce matériel et une patience à toute preuve (il a fallu des centaines d'essais avant que Sarah parvienne à associer les premiers jetons et les objets correspondants), les Premack ont réussi à obtenir d'elle qu'elle forme des phrases telles que « Mary donner pomme à Sarah », qu'elle réponde « non » quand on lui présente la combinaison de jetons correspondant à « ? pomme identique banane » et qu'elle réponde « oui » quand on place le jeton correspondant à « rouge » en face de la combinaison qui correspond à « ? couleur de pomme » Sarah acquiert également des notions classificatoires ; elle peut énoncer « jaune non couleur de pomme ».

Des formulations plus complexes ne lui sont pas inaccessibles.

Les Premack en mentionnent entre autres deux qui sont effectivement remarquables.

La première révèle la capacité de Sarah à employer les connecteurs : « Si Sarah prend banane, alors Mary donner chocolat Sarah ».

La seconde suggère que Sarah a développé une véritable capacité de représentation.

Placée devant une pomme réelle, elle choisit parmi les jetons ceux qui correspondent aux propriétés du fruit : les jetons qui signifient « rond, rouge, doté d'une queue ».

On lui présente ensuite le jeton qui désigne la pomme : il s'agit d'une triangle de plastique bleu.

Pourtant, quand on lui offre les mêmes alternatives que précédemment, elle reproduit les choix déjà faits devant l'objet, et caractérise ce triangle de plastique bleu comme « rouge, rond, doté d'une queue ».

Comment rendre compte de ces résultats si on n'admet pas que Sarah a réussi à dissocier les propriétés du signe et celles de la chose puisqu'elle se représente les caractéristiques du fruit quand elle a sous les yeux un jeton qui en présente d'autres ? Ils révèlent chez le chimpanzé des capacités de communication, d'apprentissage et de représentation qu'on ne soupçonnait pas avant ces recherches.

Mais s'agit-il du langage ?. »

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