En quoi consiste la connaissance que nous avons par nous-même de notre passé ?
Extrait du document
«
La forme de la question exclut l'idée de la connaissance par documents, et généralement de la connaissance
historique par témoignage.
Elle ramène immédiatement à la notion de mémoire, entendue dans sa forme complète et
personnelle (non seulement répétition ou évocation des faits, mais aussi reconnaissance ou sentiment que le fait est
« nôtre »).
La dissertation comporte ainsi l'exposé ou la recherche de la nature profonde du souvenir, et pour cela
on devra utiliser les théories connues, mais aussi une description plus précise de ce que sont les souvenirs par
lesquels nous nous représentons à nous-mêmes.
Il faut donc : situer la question en délimitant l'idée de « notre » passé au milieu de l'ensemble des souvenirs;
rappeler les caractères généraux de ces souvenirs; insister sur les aspects de ce qui est bien « nous-mêmes », pour
aboutir à un essai de définition ou de compréhension plus profonde.
Plan.
— L'Introduction énoncera le problème en opposant l'histoire que nous sommes pour nous-mêmes à celle que
nous pouvons recueillir du dehors par documents de toute sorte : notre passé est à notre disposition dans la forme
d'un être qui' continue à vivre, et se reconnaît dans le présent.
En quoi consistent, et le matériel de notre passé, et
le sentiment qu'il est nous-mêmes ?
I (Définitions et délimitation des problèmes).
— Forme générale de cette connaissance de notre passé : le
souvenir (en donner les caractères typiques et intéressants pour la question : réapparition, spontanée ou cherchée,
de faits reconnus comme nôtres, et, dans bien des cas, localisés).
De là : distinguer notre passé de l'ensemble des
faits dont nous avons la mémoire; il y a des fixations mémorielles de caractère impersonnel sous la forme d'un savoir
(une langue; une science; la situation d'un objet); nous voyons dans ces faits un présent ou un possible, non pas
notre passé.
(Remarquer que ce peuvent être les mêmes faits qui tantôt constituent ce présent, tantôt font notre
passé : je parle une langue, et je puis me souvenir de l'apprentissage que j'en ai fait).
Notre passé est nous,
sentiment caractéristique de l'être que je continue à être, avec ma durée propre.
II (Caractères).
— A) On retrouvera évidemment d'abord les caractères généraux de toute la mémoire, donnant les
aspects et la portée de lai connaissance de notre passé : non pas une persistance ou une répétition, à la façon
d'un personnage caché qui se découvre ou se représente, mais reconstruction en fonction des circonstances de
l'évocation : par suite une histoire en grande partie schématique trouée d'oublis, avec un sentiment variable de la
durée, évoluant avec la vie elle-même (l'homme ne peut plus se représenter l'enfant qu'il a été; jamais il ne voit en
lui-même l'âge qu'il sait donner à un étranger).
B) Plus spécialement, remarquer que le moi, malgré son évolution, a le sentiment d'être toujours lui-même et présent
à sa propre histoire, que la vie passée se donne avec une tonalité originale (la « saveur du temps passé »); mais,
par contre, si, au lieu de se laisser aller à ce sentiment d'ensemble, on cherche à fixer les événements, c'est comme
un semis de faits où je suis comme le spectateur d'événements étrangers.
En somme, faire ressortir l'idée d'une toile
de fond, qu'on pourra présenter comme une sorte d'habitude générale de nous-mêmes, complexe de présent et de
passé, avec des incidents qui s'y exposent comme des objets.
III (Explication).
— Montrer qu'on retrouve sous ces faits les lois essentielles de la mémoire et de la conscience :
d'une part, événements qui ont un intérêt et qui par l'attention s'isolent du tout; d'autre part continuité consciente
(liaison des faits entre eux et liaison au présent qui évoque) : le présent paraît garder la couleur du passé, et, en
évoquant ce passé qui lui ressemble, il tend à le masquer.
Conclusion.
— Reprendre l'idée qu'on ne saurait comprendre « notre » passé comme la répétition de faits isolés
(personnages qui auraient leur réalité en eux-mêmes et paraîtraient de temps à autre sur le théâtre de la
conscience); cette représentation de faits ou d'événements délimités est plutôt le résultat d'un travail dérivé.
La
base de notre histoire intime nous serait avant tout donnée par la continuité de tendances fondamentales pénétrées
de conscience..
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