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En quels sens peut on dire d'autrui qu'il est à la fois le plus proche et le plus lointain ?

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« Définitions des termes de la question. Expliquer, c'est rendre compte, donner les raisons cad les raisons d'un acte. Excuser, c'est innocenter, pardonner. Comportement humain : toute action accomplie par un homme que cette action soit volontaire ou non. Naturel : ici, synonyme de normal, de souhaitable, de légitime. Problématique. On pense pouvoir rendre compte ou expliquer un comportement en le disant naturel.

Une telle tentative de justification est-elle pertinente, judicieuse voire souhaitable ? Le naturel est-il normal ? Est-il susceptible de fournir des normes à notre agir ? Le caractère naturel, cad spontané d'un acte suffit-il à le rendre légitime ? Il s'agit donc de mesurer ici la pertinence de l'idée selon laquelle il faut « vivre selon la nature », pour reprendre une expression des philosophes de l'Antiquité, en s'interrogeant à la fois sur l'essence de la norme et le rapport de l'homme à la nature. Qu'impliquerait le fait de chercher les normes de nos actions dans la nature ? La nature est liée à une certaine forme de spontanéité, de réflexe, d'instinct – chercher par exemple dans la nature la norme de l'action exigée par la sensation de faim impliquerait que l'on mange à la moindre sensation de faim.

Or, pour rester dans notre exemple, nous mangeons généralement à heures fixes, normées : nous allons chercher la norme de l'action de manger dans autre chose que la nature, en fait, dans les exigences d'une vie sociale, d'une vie en communauté. Il s'agira d'interroger la pertinence de cette attitude qui revient à construire la norme en fonction d'exigences communautaires proprement humaines, au lieu de se contenter de suivre la nature. Un comportement peut être dit naturel, sans pour autant être conforme aux exigences d'une morale philosophiquement légitime.

La notion même de norme est étrangère à la nature.

Pour l'homme, ce qui est naturel, c'est de pouvoir ne pas accepter les déterminations naturelles. I.

- INTRODUCTION. Les gens du monde ont tendance à croire qu'ils se connaissent mieux qu'autrui.

L'homme cultivé et qui médite sans cesse sur sa « misérable condition d'homme » n'hésite point à affirmer qu'il lui est plus facile de connaître autrui que de se saisir soi-même dans toute son authenticité.

C'est peut-être pourquoi il admet bien volontiers que dans un certain sens, il demeure pour lui-même, à la fois, « l'être le plus proche et le plus lointain ». II.

— L'HOMME, ÊTRE LE PLUS PROCHE POUR LUI-MÊME. Est proche de nous ce dont nous ne sommes séparés que par une faible distance.

Le maximum de proximité se réalise dans le contact. Dans ce sens, il est évident qu'il n'y a pas d'être plus proche de nous que nous-même.

Entre notre personne intime et nous-même, il y a identité et indistinction. D'ailleurs, dans le sens analogique et physiologique, l'adjectif proche peut être remplacé par semblable.

L'être le plus proche de nous serait alors celui qui aurait la même nature que nous.

Dans ce cas, deux frères jumeaux seraient plus proches l'un de l'autre que deux cousins. Mais, en est-il de même quand on se situe sur le plan de la conscience ? Dans ce cas précis, le problème est double.

Il s'agit de savoir si nous sommes aussi proche de notre propre conscience que de celle de nos semblables. Chez chacun de nous, il y a la dualité du sujet connaissant et du sujet connu.

Quand je dis : « Je m'observe, je me connais », il faut distinguer un je, dont le regard est fixé sur le moi.

Dès lors, il n'y a qu'un seul être qui devient, à la fois, sujet et objet puisque, en introspection, l'objet de la connaissance se confond avec l'observateur.

Il est, non seulement proche, mais se confond avec lui.

Par suite de cette identité, je m'atteins immédiatement et bien plus vite que les autres.

Je puis bien me représenter ce qu'éprouve autrui mais ce savoir peut être erroné ou déformé. Savoir ce qu'un autre souffre est bien autre chose que souffrir soi-même.

J'ai une intuition immédiate de ce que j'éprouve.

Je le vois, je le sens, je le vis au point que l'on puisse dire que ma conscience de souffrir est une « conscience souffrante.

» III.

— L'HOMME, ÊTRE LE PLUS LOINTAIN POUR LUI-MÊME. Cependant, quand il s'agit de nous, cette proximité fait manquer de recul et peut, parfois, nous empêcher d'avoir une vue authentique de nous-même. Les bonnes perceptions ne s'effectuent pas seulement par le contact instinctif des sens.

Il importe que l'objet à percevoir soit placé à une certaine distance pour que nous puissions juger d'un coup d'oeil et, de façon objective, des rapports des parties avec le tout' Il en est de même de la connaissance humaine.

Ainsi, dans un vieux ménage, les époux sont trop près l'un de l'autre pour pouvoir porter, — sauf cas très rare, — l'un sur l'autre, un jugement bien objectif. A plus forte raison, me manque-t-il la distance indispensable pour me voir tel que je suis réellement ! Ainsi, si. »

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