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En quel sens peut-on parler d'une rémunération juste ou injuste ?

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« Analyse du sujet - La question que pose le sujet est celle du critère de la justice d'une rémunération, si ce critère existe.

Le sujet pose la question double de la justice d'un prix et de la justice d'une rémunération.

On remarque que toute rémunération ne renvoie pas à un prix ni tout prix à une rémunération.

La rémunération peut prendre la forme d'un autre objet (c'est le troc) ou d'un service.

Le prix renvoie à la fixation d'une valeur à partir de la monnaie.

Il faudra donc se demander si la justice et l'injustice possèdent le même critère dans ces deux cas.

Si oui, alors on pourra supposer que toute rémunération peut être ramenée à un prix.

Si non, alors il faudra envisager l'idée que la rémunération ne doit pas toujours prendre la forme de l'argent. Le juste peut être défini à partir de l'idée d'une égalité entre l'être et le devoir être, et plus précisément dans la question des échanges, entre ce qui est donné et reçu.

L'injustice de l'échange consiste au contraire dans l'inégalité de la transaction.

La justice peut soit être distributive, si elle concerne la rétribution des richesses en fonction des mérites et des honneurs, soit corrective si elle consiste à rétablir un état antérieur considéré comme juste. Le prix : c'est la valeur monétaire d'un bien ou d'un service.

Le prix est une valeur d'échange, qui permet dans un marché de comparer les biens afin d'établir entre eux une proportion qui permette d'accomplir un échange équitable.

L'échange juste est alors celui qui met en jeux deux produits de valeur identique. La rémunération : on peut l'entendre en un sens plus large que le prix, comme tout ce qui peut tenir lieu d'une valeur d'échange, incluant donc la possibilité du troc (un bien contre un service par exemple). Problématique Les échanges constituent la relation fondamentale qui unit un homme à un autre.

Cette relation suppose alors de doter les objets ou services échangés d'une certaine valeur, qu'on pourra appeler la rémunération ou le prix de ces objets et services.

C'est en effet par l'égalité qui se réalise dans la transaction et le respect des valeurs respectives que l'échange, comme relation qui engage une réelle réciprocité, est juste.

Car c'est à cette condition seulement qu'il se distingue du vol et du don.

Mais alors, la justice de l'échange, comme égalité des valeurs échangées, suppose déjà la fixation de la valeur.

Cela suppose qu'il est possible de fixer la justice d'un prix ou d'une rémunération dans l'absolu, sans faire référence aux acteurs de l'échange.

Mais, cette fixation de la valeur, l'échange peut-il la fixer de lui-même, en supposant par exemple que le contrat respecté suffirait à garantir la justice de cet échange (c'est la loi de l'offre et de la demande) ? Ceci à pour conséquence paradoxale que tout échange, dès lors qu'il est accepté par les partis, est de ce fait juste.

Ne faut-il pas alors faire reposer la valeur d'échange sur autre chose que l'échange lui-même, ou bien le sens d'une rémunération et d'un prix juste ou injuste doit-il se trouver uniquement dans l'idée d'un respect du contrat ? I La justice ou injustice d'une rémunération ou d'un prix ne peuvent avoir de sens qu'en référence au contrat qui unit les acteurs de l'échange – On doit remarquer en premier lieu que la première forme, la plus fondamentale, de la justice, consiste à respecter le contrat.

Celui-ci est en effet le premier acte qui peut obliger les contractants, à supposer que ceux-ci aient librement consenti au contrat.

En ce sens, la justice nait de la libre décision humaine de s'engager réciproquement, de limiter sa liberté pour un avantage attendu.

L'intérêt de chacun, qui le pousse à contracter, l'engage, à l'égard de l'autre.

L'injustice ne consiste alors à rien de plus qu'à ne pas respecter les termes du contrat.

En ce sens, la justice corrective a pour tâche d'obliger à ce respect.

Cette conception contractualiste de la justice que propose Hobbes dans le Léviathan suppose que la justice est de fabrication humaine.

A ce titre, la rémunération ou le prix est juste pour tel ou tel cas, si c'est ce qui avait été décidé au préalable.

Dans l'absence de décision ou contrat préalable, il n'est pas possible de parler de justice ou d'injustice. – Mais ceci a deux conséquences paradoxales.

Toute justice est artifice, et il est impossible de regarder la justice de la rémunération et du prix, la valeur de l'échange d'un objet ou d'un service, dans la nature de cet objet ou de ce service.

Autrement dit, la valeur d'usage d'un bien (son utilité) ne peut pas entrer en ligne de compte, non plus que sa nature.

Seule compte sa valeur d'échange : le prix que quelqu'un est prêt à mettre pour l'obtenir, dans un marché.

Dès lors, le prix n'est en lui-même jamais ni juste ni injuste à l'égard de l'objet considéré mais seulement à l'égard du contrat de départ.

Il est juste de payer le prix convenu : c'est le seul sens possible qu'on peut donner à la justice d'une rémunération ou d'un prix.

Mais alors, que faire de tous ces biens qui se rapportent à la survie ? Nous paraitrait-il juste que certains soient inaccessible au motif de la loi de l'offre et de la demande ? En effet, la situation de monopole peut faire grimper les prix par une restriction volontaire de l'offre.

Or, ceci ne pourrait pas apparaître, dans cette description, comme un injustice. – La seconde conséquence, qui prolonge la première, est tout autant paradoxale : que veut dire un contrat librement consenti ? Dans la perspective de Hobbes, il va de soi que la survie n'est pas un motif suffisant pour que le contrat soit considéré comme non libre.

Autrement dit, ce n'est pas parce que je n'ai pas le choix, pour survivre, de consentir à un échange (par exemple sous la menace), que ce contrat est considéré comme non. »

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