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Doute scientifique et doute sceptique

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« Le doute scientifique et le doute sceptique. Introduction.

— L'homme est naturellement crédule.

C'est l'expérience de l'erreur et du mensonge qui le rend prudent et l'amène à douter.

Mais il y a différentes façons de douter : celle du savant et celle du sceptique : comment les caractériser ? La genèse et le rôle du doute sont bien dissemblables suivant qu'on observe le savant ou le sceptique. A.

Chez le savant, le doute est une attitude volontaire et même systématique : qu'on se rappelle le doute méthodique de Descartes.

Les premières observations ou les premières expériences suggèrent au physicien ou au chimiste une explication du phénomène étudié et les inclinent à croire ; c'est volontairement qu'ils se défendent d'admettre comme certaine l'hypothèse qui leur est venue à l'esprit, et qu'ils entreprennent d'abord de la soumettre à un contrôle rigoureux.

Chez le sceptique, au contraire, le doute est involontaire ; il résulte d'un manque de lumière et de l'impuissance d'arriver au vrai. B.

Le doute scientifique est provisoire ; il n'est adopté que comme moyen ou comme méthode pour aboutir à la certitude ou bien, à défaut de certitude, à une plus grande probabilité.

Le doute sceptique se donne comme définitif. L'objet du doute est bien différent chez le savant et chez le vrai sceptique.

Claude Bernard nous marque cette différence en ces quelques mots : « Le sceptique est celui qui ne croit pas à la science et qui ne croit qu'à lui-même ; ...

le vrai savant ne doute que de lui-même, mais il croit à la science.

» Ainsi, jusque dans son doute, le vrai savant a une foi et un idéal.

Au contraire, le sceptique, lui, se trouve désemparé, faute d'une étoile à laquelle accrocher son char. Aussi, les conséquences du doute, bienfaisantes pour le savant, sont-elles désastreuses pour le sceptique. A.

Théoriquement ou du point de vue de la science, le doute scientifique est comme un ressort qui pousse à la recherche et à la réflexion et, par suite, conditionne le progrès.

Le doute sceptique, au contraire, est un frein qui arrête tout effort intellectuel comme inutile et vain : logiquement, le doute sceptique est la mort de l'esprit. B.

Pratiquement, par suite, le doute scientifique laisse la faculté d'agir, même dans les cas où les raisons d'agir restent douteuses : en effet, l'hypothèse mise en doute conserve une certaine probabilité qui suffit, ainsi que Descartes le note à plusieurs reprises dans le ' Discours de la Méthode », à diriger l'action.

Au contraire, une complaisance trop prolongée dans l'atmosphère du doute sceptique entraîne l'impuissance d'agir et de se décider : inertie et passivité qui symbolisent la mort. Conclusion.

— Tandis que le doute sceptique est ordinairement associé à la légèreté d'esprit et à la faiblesse du vouloir, le doute scientifique suppose, au contraire, une grande droiture et bien des vertus morales.

Mais, de plus, le savant qui suspend son jugement est seul logique, tandis que le sceptique qui proclame son doute, n'est pas vraiment sceptique : le savant, en effet, reste incertain de légitimité de son doute ; le sceptique, au contraire, sous peine de ne pas être sceptique, se prétend assuré d'être dans le vrai en doutant et, par là, sort de son doute.

Ainsi, pour un esprit loyal et réfléchi, autant le doute scientifique s'impose, autant le doute sceptique est intenable.. »

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