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Dissertation Pourquoi travaille-t-on ?

Publié le 23/02/2023

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« Dissertation Pourquoi travaille-t-on ? « Pourquoi travaille-t-on ? ».

Aujourd’hui, bien que notre vocabulaire fasse un usage peu économe du mot travail, qui semble désigner toute activité dès l’instant qu’elle est socialement rentable, ce dernier est essentiellement vu comme une activité de production d’une réalité utile, un exercice professionnel socialement réglementé, assurant la satisfaction de ses besoins naturels mais aussi sociaux.

Le mot travail vient en réalité du latin « tripalium », qui est un instrument composé de trois pieux permettant de ferrer un animal de force, soit un instrument de torture.

Ainsi, étymologiquement et par extension, le travail va de paire avec la souffrance.

Le travail semble donc être négatif pour l’homme.

Toutefois, chez Foucault, il exprime la pratique par laquelle la vie s’affronte à la mort, tandis que chez Hegel il désigne l’extériorisation de l’esprit humain dans le monde, et que pour Marx, il est l'activité par laquelle l’homme produit par lui-même ses moyens d'existence.

On peut alors se questionner sur la raison pour laquelle les hommes travaillent, puisque d’une part, cet acte apparaît pour la plupart des hommes comme contraignant et obligeant un effort douloureux, et d’autre part, il permettrait aussi la réalisation de soi et l’humanisation.

Le travail n’est-il que de l’ordre de la nécessité, pour survivre, ou bien ne peut-t-il pas au fond permettre la réalisation de soi, l’humanisation et le développement de notre culture ? Autrement dit, le travail est-il une malédiction ou un accomplissement ? Pour cela, on verra d’abord que le travail présente une nature servile, en montrant qu’il est le moyen de survie par excellence.

Puis, cela nous amènera à montrer que le travail peut permettre la réalisation de soi et l’humanisation de notre société, en passant de la nature à la culture.

Enfin, on finira par montrer qu’il existe des conditions nécessaires au gain d’une authentique humanité, et donc que le travail, alors qu’il le devrait, ne permet pas toujours la réalisation de soi. Tout d’abord, il est clair que le travail présente une nature servile, puisqu’en tant que nécessité naturelle pour survivre, pouvant impliquer une certaine forme d’asservissement, il est le moyen de survie par excellence. En effet, la connotation négative du travail est facilement identifiable, transmettant l'impression que travailler ne rapporte rien, ou tout au plus les très légères conditions de la survie.

A première vue, le travail apparaît comme une nécessité naturelle pour survivre car il permet aux individus de subvenir à leurs besoins.

Depuis l'aube de l'humanité, les individus ont dû travailler pour se nourrir, se loger et se vêtir, autrement dit le travail n’est qu’un moyen pour eux, et ce par l’intermédiaire d’un salaire notamment, d’assurer leur survie plutôt que leur vie.

Ainsi, le travail, qui peut s'identifier à une peine, est souvent perçu comme une forme de malédiction, rappelant le mythe de Sisyphe condamné à pousser éternellement son rocher jusqu’au sommet d’une colline.

Toutefois, il est possible que les hommes travaillent aussi pour produire.

Ainsi, le point commun de tous les travaux n’est pas la rémunération, puisqu’il existe des formes historiques de travail, tel que l’esclavage antique ou le servage médiéval, qui ne sont pas rémunérées, de même qu’il existe des activités rémunérées qu’il est difficile d’appeler travail, comme la prostitution.

Le véritable but du travail n’est autre que la transformation de la nature dans un sens utile à l’homme, soit en vue de la satisfaction de ses besoins.

Effectivement, la nature offre des matières premières qui ne conviennent pas à la consommation et doivent alors être « travaillées » avant d’espérer satisfaire nos besoins. C’est pourquoi on voit qu’il existe un rapport entre le travail et la nature, visible à travers une certaine séparation des industries en fonction de leur rapport avec celle-ci.

Là où l’industrie primaire est liée à l’agriculture et à l’extraction des ressources, l’industrie secondaire, elle, comprend la construction et la production de biens, de même que l’industrie tertiaire correspond à l’industrie de service.

En cela, il n’est pas possible de satisfaire ses besoins sans le travail car les matières offertes par la nature nécessite d’être transformées par l’homme au moyen de ce dernier, sans quoi la survie serait impossible.

Ainsi, aussi bien pour l’individu que pour la société de ce même individu, le travail, permettant de satisfaire ses besoins, est véritablement une nécessité naturelle et la condition de survie de l’homme.

Le caractère souvent pénible du travail renforce l’idée négative qu’on peut s’en faire.

Activité de transformation de la nature, le travail n’est-t-il pas le résultat d’une lutte entre l’homme et le monde impliquant une souffrance insupportable ? Le travail peut de cette façon apparaître comme une lutte entre l’homme et le monde, entre l’homme et la nature, puisque, s’il faut travailler la nature pour en extraire des produits utiles, c’est que, spontanément, elle ne les offre pas : il faut défricher, extraire, labourer, construire.

Il faut aménager un environnement primitivement hostile et, à cette fin, se fatiguer.

Il est alors facile de faire le lien avec la Genèse.

En effet, la Bible dit que le travail est la conséquence d’un châtiment, le résultat du péché d’Adam et Eve expulsés du paradis.

Et dans la Genèse, on peut lire :« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front », impératif lié au châtiment du péché originel et auquel fait écho la nostalgie d’un paradis perdu où Adam n’aurait qu’à entretenir le jardin d’Éden, ou bien comme chez Rousseau, la nostalgie d’un état de nature où il suffirait de cueillir le fruit de l’arbre et boire l’eau de la source.

En ce sens, le travail pourrait être considéré comme la part maudite de la condition humaine, comme une torture d’autant plus insupportable qu’elle est nécessaire à la reproduction de la vie, et pire encore que cette malédiction a toujours existé et qu’elle existera toujours.

De plus, on remarquera que l’étymologie du mot porte la trace de cette vision du travail, puisque « tripalium » (qui donnera travail) désignait un objet de contrainte permettant d’immobiliser le bétail.

Aujourd’hui, même si la religion n’est plus tant présente, le travail garde cette même trace et rappelle sans cesse l’idée religieuse de la culpabilité de l’homme, le travail étant vu par les hommes comme une sanction.

Autrement dit, le travail est un acte qui implique une violence, qui est elle-même le fait d’une sanction.

Cette violence peut à la fois constituée une violence par rapport à la nature, ou bien une violence sur soi : « Le travail physique est une mort quotidienne.

Travailler, c’est mettre son propre être, âme et chair, dans le circuit de la matière inerte, en faire un intermédiaire entre un état et un autre état d’un fragment de matière, en faire un instrument.

», nous dit Simone Veil.

Le travail physique peut donc être considéré comme un manque de respect pour la dignité humaine, en ce qu'il peut soumettre les individus à des conditions de travail pénibles, sans tenir compte de leurs aspirations et de leur bien-être.

Ainsi, on comprend que le travail comme contrainte implique une violence, bien qu’il soit tout de même un moyen de survie.

Mais alors, le travail ne peut-il pas être comparé à l’activité animale, et au fond n’est-il par l’asservissement à la nécessité ? En ce sens, le travail peut être considéré comme une activité similaire à celle des animaux. De la même façon que les animaux sont obligés de chasser pour vivre, les êtres humains sont contraints de travailler pour subvenir à leurs besoins.

En reprenant, avec Hannah Arendt, la distinction d’Aristote entre la theôria (spéculation), la praxis (action) et la poiêsis (travail), le travail peut être considéré comme l'activité humaine la plus proche de l'animalité, liée à la nécessité biologique et destinée à satisfaire nos besoins ; la plus éphémère aussi dans ses réalisations.

Le produit du travail est effectivement destiné à être consommé ; la loi du travail est donc la reproduction indéfinie de ses objets et des actes accomplis pour les produire (le cycle production-consommation). Cette définition du travail évite de le confondre avec le jeu ou les loisirs, qui sont des activités non rémunérées visant à procurer du plaisir.

On peut donc distinguer les activités socialement utiles et seulement considérer comme "travail" celles qui sont liées à la production de biens vitaux.

Ainsi, pour un Grec, le travail est le fait d’esclaves ou de la seule catégorie des producteurs.

L’homme d’action, aussi bien le politique que le philosophe, ne « travaillent » pas et leur activité est perçu comme d’autant plus éminente qu’elle est délivrée de la nécessité.

Il est alors nécessaire de revenir sur l’origine commune des mots esclave (doulos) et travail (douleuo), confirmant cette idée selon laquelle les grecs ont toujours dévalorisé le travail au sens manuel du terme, puisque considéré comme un acte servile.

En plus de cela, encore aujourd’hui, le travail manuel est chargée d’une connotation négative, d’où l’idée que l’homme tente de réduire et modérer le travail.

C’est ce que Hannah Arendt exprime dans La condition de.... »

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