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Dieu peut-il être prouvé ?

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 Dans la partie de La Critique de la raison pure intitulée « Dialectique transcendantale », Kant fait l'analyse critique des illusions par lesquelles la raison, toujours avide d'absolu, s'empare des concepts de l'entendement pour construire une prétendue connaissance des noumènes.      La dialectique transcendantale est, chez Kant, l'analyse critique des illusions de la raison. L'entendement est avec la sensibilité le seul moyen de connaissance - laquelle, aux yeux de Kant, ne peut porter que sur les phénomènes, objets d'expérience. Les noumènes, objets de pensée, sont inconnaissables car situés hors du champ de l'expérience.       Dieu est avec le moi et l'univers l'un de ces noumènes. La métaphysique n'est qu'une science illusoire (on dirait aujourd'hui une pseudo-science), car elle applique à un domaine hors d'atteinte de l'expérience des outils (les concepts de cause ou de finalité, par exemple) qui ne valent que pour l'expérience. Nous disons : Dieu est cause de l'uni vers comme nous disons que le nuage est cause de la pluie, mais s'agit-il d'une même relation ?

« Par opposition au savoir, la croyance est frappée d'incertitude : celui qui affirmerait« je crois que la Terre tourne » au lieu de dire « je sais que la Terre tourne »avouerait par là le défaut de son savoir.

Or la croyance religieuse ne peut pas se concilier avec le doute : elle est de l'ordre de la conviction.

Il y a d'ailleurs en français plus qu'une nuance entre « je crois que Dieu existe » (énoncé qui laisse entière la possibilité de sa non-existence) et « je crois en Dieu » (le Credo),expression d'une conviction qui écarte le doute. L'introduction d'une dissertation a pour fonction de déterminer le champ dans lequel la question posée trouve et prend place.

Là apparaît comme essentielle la confrontation de la croyance et de la certitude. Lorsqu'elle se rapporte à Dieu, la croyance se nomme foi.

Comment donner à la foi l'objectivité du savoir, en d'autres termes comment faire pour que la conviction (subjective) corresponde à la certitude (objective) ? Tel est le problème que tenta de résoudre l'étonnante aventure de l'esprit qu'on appelle « preuves de l'existence de Dieu ».

La question posée induit la mise en critique de cette entreprise: le projet de prouver l'existence de Dieu est-il légitime ? Est-il seule ment possible ? Pouvoir.

en français, renvoie à une question de fait (la possibilité matérielle », I can, en anglais) et à une question de droit (la possi bilité morale, la légitimité, I mayen anglais).

Une dissertation doit toujours prendre une question dans la totalité de son extension. Commençons par le fait : on a, effectivement, prouvé l'existence de Dieu, à plusieurs reprises, dans l'histoire de la philosophie. Tertullien, l'un des premiers Pères de l'Église, disait que l'absurdité des dogmes chrétiens était pour lui une raison suffisante pour y croire.

C'était opposer radicalement la foi et la raison, la croyance et le savoir, la religion et la philosophie.

La plupart des penseurs du Moyen Âge adoptèrent un point de vue tout à fait opposé.

Ainsi naquit la théologie - discours rationnel sur Dieu -, que le Moyen Age n'hésita pas à concevoir comme science.

La philosophie antique avait forgé une logique, tout un tra vail de la pensée dont les théologiens, dans leur quête de Dieu, tireront le plus grand profit.

Tel était le sens du « Fides quaerens intellectum » (la foi à la recherche de l'intelligence) qui fut comme la devise de la plupart des théologiens et phi losophes du Moyen Age.

Platon et Aristote avaient donné l'intellect, l'Évangile avait donné la foi, il s'agissait désormais de marier les deux. Il existe en effet plusieurs preuves de l'existence de Dieu.

La plus ancienne (on la trouve déjà chez Aristote, sous une forme légèrement différente) et aussi la plus populaire (elle est celle qui vient spontanément à l'esprit des croyants) a été appeléepreuve cosmologique. Aristote, dans sa Métaphysique, pose la nécessité d'un « premier moteur » , cause originelle des mouvements observables dans la nature.

Tout corps mû, ditAristote, reçoit son mouvement d'un autre corps lui-même mû par un autre corps, etc.

Ces causes forment une chaîne, mais il doit y avoir une cause première, elle-même immobile : Dieu, premier moteur non mû.

Cosmologique (du grec cosmos, univers) signifie relatif à l'univers considéré dans son ensemble. Celle-ci applique l'idée (rationnelle) de causalité à l'uni vers dans son ensemble : tout ce qui existe a une cause .

(Leibniz appellera « principe de raison suffisante » ce principe) ; or l'univers existe, il a donc une cause (rien ne vient de rien) et cette cause est Dieu. Une autre preuve prend appui sur les idées d'harmonie et de finalité.

L'univers n'est pas un chaos : il est et contient un ensemble d'ordres qui supposent un principe créateur.

De même qu'une suite de pierres jetées au hasard ne pourra jamais donner qu'un tas de pierres (et non un bâtiment), de même le jeu aveugle de la matière abandonnée à elle-même l'aurait jamais pu produire un oeil, muni de ses cônes et de les bâtonnets pour la vision des formes et des couleurs. Une autre preuve de l'existence de Dieu, la preuve dite ontologique, est plus abstraite.

On la doit à Saint Anselme, un philosophe du Moyen Âge : elle énonce que puisque Dieu est l'Être tel que nous ne pouvons en concevoir de plus parfait, il existe nécessairement, parce que l'existence est une perfection, et l'inexistence une imperfection.. »

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