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Devrait-on appeler le Ministère de la culture le Ministère des cultures ?

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« Devrait-on appeler le ministère de la culture le ministère des cultures? Le terme culture est polysémique.

Si on le prend dans son sens étymologique, culture vient du latin colere "mettre en valeur" qui peut s'appliquer à un champ mais ici et surtout à l'esprit.

La culture dès lors est ce qui met en valeur, cultive l'esprit de l'homme.

C'est pourquoi on peut dire de quelqu'un qu'il a beaucoup de culture, c'est-à-dire qu'il possède un raffinement qui le distingue des autres.

La culture peut alors désigner la somme de connaissances d'un individu.

Mais on peut aussi prend culture au sens de civilisation; c'est-à-dire l'ensemble des éléments de la vie humaine transmis par la société.

Le ministère de la culture en ce sens, est celui qui a pour fonction de promouvoir l'esprit et les formes qui y sont rattachés à savoir les arts, les musées,...

Pourtant parler du ministère de la culture peut sembler vouloir dire qu'il ne promeut qu'un type de culture, alors qu'il en existe beaucoup de différentes.

Mais ne peut-on pas concevoir la culture comme le rassemblement d'une multitude de cultures? La culture est un terme général Comme nous l'avons dit dans l'introduction, la culture semble être un terme général qui permet de désigner un grand nombre d'activités, de choses qui relèvent toutes d'un but commun, à savoir la mise en valeur de l'esprit.

Dès lors le ministère peut être dit ministère de LA culture, puisqu'il vise la mise en oeuvre de toute activité visant ce but. Ainsi que le dit Hegel la culture désigne un processus historique par lequel l'homme apprend à connaître et à dominer la réalité.

La culture est donc l'accomplissement de la nature humaine, indépendamment des lieux et des activités dans laquelle elle s'incarne. Il s'agit d'amener pour l'État et donc le ministère de permettre à chacun d'acquérir la capacité de comprendre le présent, en assimilant l'héritage du passé, à travers les différents oeuvres de l'esprit. Le ministère est donc ministère de la culture en ce sens qu'il n'a pas à statuer sur différents modes d'élaboration de la culture mais sur le but commun de ceux-ci.

Seulement parler de LA culture ne donne pas une image trop simple, trop pauvre de ce que sont les innombrables cultures différentes? Le terme "la culture" est totalisant et ne rend pas compte de la diversité des cultures Pourtant, l'ethnologie contemporaine remet en cause l'idée de culture unique, qui se veut totalisante.

Pour Claude Levis Strauss, l'histoire et la culture universelle est une illusion ethnocentrique.

Il faut donc prendre en compte qu'il y a différentes cultures et mises en valeur de l'esprit.

Ici bien sûr le mot culture peut être entendu dans le sens de civilisation, d'ensemble de normes et d'oeuvres collectives, liées à une société donnée. Si le ministère de la culture doit promouvoir l'esprit, il ne doit pas privilégier seulement la culture qui a cours dans son pays, mais mettre en contact ses citoyens avec les oeuvres et les coutumes des autres civilisations.

En effet, un pays qui tend à s'enfermer sur ses seules productions n'évolue pas énormément.

Ce sont les échanges avec ce qui nous est étranger qui nous permet de créer de nouveaux courants, de nouvelles formes d'art et de mode de vie. Il faut aussi voir que même à l'intérieur d'un pays, d'une population, il y a des différences de culture : il y a des cultures locales( la culture basque n'est pas la même que la culture bretonne). Appeler le ministère de la culture, le ministère des cultures permettrait de prendre en compte qu'il n'y a pas une seule culture, une seule façon de voir le monde mais des multitudes et que c'est cette multitude qui caractérise l'espèce humaine dans sa généralité. Les cultures sont la réalisation de la culture Mais peut-on forcément séparer le singulier "la culture" du pluriel "les cultures".

Comme le dit Edgar Morin, dans La méthode : l'identité humaine, il faut arrêter d'opposer le multiple et l'unité.

La culture dès lors serait une idée générale qui s'accomplirait dans une multitude de cultures, de même que l'idée de l'homme se réalise dans une multitude d'hommes.

Cela permet de penser une nature humaine qui serait commune mais qui ne pourrait advenir que dans différents chemins, différentes civilisations. Parler du ministère de la culture, cela n'est peut-être pas refuser l'existence de cultures différentes et nier la diversité mais cela peut aussi permettre de toutes les rassembler en une dénomination qui permet de marquer le fond commun de toute civilisation, l'effort de l'homme par lequel il imprime sa marque au monde. Loin de marquer une perte de valeurs, puisque toutes les cultures se valent, on peut penser que c'est de la confrontation d'une pluralité de valeurs, de cultures que peut sortir un enrichissement de la culture universelle.

De ce fait, on peut continuer de dire ministère de la culture, si on considère que son but est de rapprocher les différentes cultures pour contribuer à l'épanouissement de l'humanité dans son ensemble. Ainsi, si la culture est un terme général qui permet de signifier la mise en valeur de l'esprit, il faut cependant bien voir que celle-ci ne peut s'incarner que dans une multitude de cultures qui correspond aux différentes manières de voir des hommes.

Mais parler de cultures au pluriel, cela pourrait conduire à une perte de valeur mais surtout à perdre de vue une certaine unité de l'humanité.

Pour cela, il faut concevoir une unité qui ne s'opposerait pas à la multiplicité, mais l'impliquerait en vue d'un progrès de l'esprit universel et individuel.. »

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