Aide en Philo

Démocratie: conception politique et/ou morale ?

Extrait du document

« Forme de l'énoncé. C'est un énoncé-citation ; il faut donc mettre sous forme interrogative la proposition affirmative qui nous est proposée.

Si nous nous contentons de faire précéder la citation de la formule « Est-il vrai que...

», cela ne nous avance guère; si nous faisons porter l'interrogation sur le verbe, nous arrivons à « La démocratie est-elle non seulement une conception politique, mais aussi et surtout une conception morale! » Nous ne sommes pas plus avancés. Ce qu'il faut, c'est d'abord analyser la proposition. Elle contient deux affirmations : 1) La démocratie est une conception politique; 2) La démocratie est une conception morale.

La première est présentée comme allant de soi, la seconde est celle que l'auteur veut nous faire admettre (pour des raisons qu'il ne nous donne pas).

La véritable question qui vous est posée est « La démocratie est-elle une conception morale ? » C'est là ce que nous appelons une question avec réponse proposée ; vous avez à répondre par oui ou par non.

Mais cette question recouvre une question « ouverte » « Qu'est-ce que la démocratie ? ».

Finalement, l'énoncé appelle une analyse de concept de démocratie. Analyse du concept. Pour la faire correctement, il faut partir de la définition de l'État.

On considère généralement l'État comme un type de société.

Ce n'est pas inexact, étant donné qu'un État est nécessairement composé d'un ensemble d'individus en rapport les uns avec les autres.

Ajoutons même qu'un État est toujours lié à l'existence d'un territoire, en quoi il se distingue de beaucoup d'autres sociétés.

Mais là n'est pas l'essentiel.

Ce qui caractérise l'État, c'est que les individus qui le composent sont assujettis à des lois, c'est-à-dire à des commandements, en l'espèce à des commandements sanctionnés et tenus pour légitimes.

L'État est essentiellement le pouvoir légitime de légiférer.

Il serait trop long de chercher ici sur quoi se fonde ce pouvoir; il suffit de comprendre qu'il n'y a véritablement d'État que là où le pouvoir de faire la loi est librement reconnu à l'État par les sujets.

Une collectivité dans laquelle les individus céderaient à la contrainte ou à la menace, une collectivité même dans laquelle ils se soumettraient dans un élan d'adoration, ne seraient pas des États.

Le pouvoir de l'État, à la fois absolu et reconnu, est ce qu'on appelle le pouvoir souverain.

Ce pouvoir devant en somme son existence à l'acte par lequel les individus le reconnaissent, c'est-à-dire lui obéissent, il est correct de dire que ce sont les sujets eux-mêmes qui détiennent le pouvoir souverain.

Cela est vrai dans tout État, quelle que soit la forme de son gouvernement, et n'est donc pas propre à la démocratie.

C'est dire qu'il est indispensable de distinguer nettement l'État et le gouvernement ou, pour utiliser un vocabulaire qui est encore celui de Rousseau, le « souverain » et le « prince ». On ne définit donc pas la démocratie en disant que c'est l'État dans lequel le pouvoir souverain appartient au peuple tout entier, puisqu'il en est ainsi de tout État quel que soit son régime; il faut dire que la démocratie est le régime politique dans lequel le gouvernement est assuré par le peuple tout entier.

La république d'Athènes, où tous les citoyens se réunissaient sur l'agora pour voter les lois, était donc une démocratie (si l'on ne tient pas compte des esclaves et des étrangers, qui n'étaient pas citoyens).

Cette forme de démocratie, dite démocratie directe, est difficile à réaliser, mais un régime dans lequel le gouvernement est élu à travers diverses « assemblées » ou « chambres » intermédiaires, mais en fin de compte par tous les citoyens, est encore une démocratie.

Cette définition est, bien entendu, abstraite ou théorique.

Il serait aisé de montrer qu'il est bien rare que les citoyens expriment réellement leur volonté : ils peuvent être trompés par leurs représentants, influencés par une propagande, mal renseignés sur les affaires de l'État, ou incompétents.

D'où le mot de Rousseau : « S'il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement; un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes.

». »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles