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Dans son essai Croissance zéro, Alfred Sauvy écrit, à propos de la fascination qu'exerce sur l'homme l'idée du retour à la nature : « ... L'idée séduisante de retour à l'état naturel, à une vie végétale, ne dure guère qu'un été et d'une façon très relati

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  • CONSEILS PRÉLIMINAIRES

Des sujets concernant les problèmes du monde actuel sont fréquemment proposés aux Baccalauréats de Technicien, soit sous forme de dissertation, soit sous forme de discussion suivant un exercice sur texte. Nous avons donc cru intéressant de développer assez longuement un sujet de ce genre, d'autant plus que son thème (l'éventualité d'un retour à la nature, ou à une vie plus naturelle ou, si on prend le problème par son autre aspect les éventuels inconvénients du monde moderne et de la prétendue «société de consommation») se retrouve également dans plusieurs sujets du premier type (exercices sur textes).

Le sujet demandait d'expliquer, de commenter et de discuter une citation de l'économiste A. Sauvy. Quand un sujet est ainsi libellé il faut autant que possible se garder d'expliquer d'abord la citation pour la juger ensuite : ce genre de plan particulièrement maladroit ne permet pas à la pensée de progresser nettement vers une conclusion et est une source presque inévitable de doubles emplois. Il faut s'efforcer de mener de front l'explication et la discussion, de manière à parcourir toute l'étendue du sujet, mais une seule fois et avec un œil à la fois lucide et critique. C'est ce que nous avons tenté de faire ici. Notre plan a été le suivant :

   L'introduction insiste sur le fait que l'idée d'un retour à la nature est vieille comme la civilisation et qu'elle s'accompagne généralement de critiques concernant le présent au profit d'un passé plus ou moins mythique. L'introduction cite la phrase d'Alfred Sauvy dans son entier et se demande dans quelle mesure on peut souscrire à ces propos. Elle réduit donc bien à une seule question le sujet (ce qu'il faut toujours s'efforcer de faire) en laissant bien sûr entendre qu'on ne peut approuver ou désapprouver un propos qu'après l'avoir compris.

   La première partie montre le caractère illusoire de la notion de « bon vieux temps » : l'état de nature n'est qu'une vue de l'esprit, d'une part, et d'autre part le temps présent semble nettement préférable au passé.

   La seconde partie montre que le désir que l'homme moderne peut éprouver parfois de vivre « plus près de la nature » ou comme au « bon vieux temps » n'est ni réaliste ni réalisable, mais peut être cause de conséquences inquiétantes.

   La conclusion approuve donc sans réserve les propos d'Alfred Sauvy. Elle élargit le sujet en indiquant que ces problèmes ont sans doute une incidence sur le bonheur humain mais que s'ils en sont une condition nécessaire, cette condition n'est nullement suffisante. L'adhésion à son époque semble quand même indispensable dans la mesure où l'on a vu qu'il n'est pas possible d'échapper vraiment à celle-ci.

 

  • LECTURES CONSEILLEES

Il serait souhaitable que des élèves de Première, ou à plus forte raison de Terminale possèdent un minimum de culture politique qui leur permette de nourrir leur copie ; cela ne veut pas dire qu'ils doivent « faire » de la politique mais qu'ils doivent s'être interrogés quelque peu sur les problèmes de la cité, de la nation ou de l'état, et avoir un peu lu quelques ouvrages comme le Prince de Machiavel, ou des pages choisies de l'Esprit des lois de Montesquieu, le Contrat social de Rousseau ou des pages choisies de la Démocratie en Amérique de Toc­queville par exemple.

La meilleure introduction aux questions d'ordre politique et économique qui sont au cœur de nos sociétés industrielles tant capitalistes que collectivistes reste à notre avis la série de cours professés par Raymond Aron à la Sorbonne dans les années 1955 et suivantes et parus en trois volumes dans la collection Gallimard, Idées : Dix-huit leçons sur la société industrielle (n° 19), la Lutte de classes (n° 47) et Démocratie et totalitarisme (n° 88).

  • SUJET TRAITÉ

Regretter le passé et placer l'âge d'or résolument derrière soi n'a rien de bien nouveau. Cette vision pessimiste de l'histoire était déjà celle de l'Antiquité qui se considérait donc comme un âge de fer perdant jusqu'au souvenir des valeurs essentielles des âges précédents. Habitants de villes surpeuplées, bruyantes et nauséabon­des, les poètes romains regrettaient l'époque bénie où Saturne s'était établi dans le Latium, chantaient les charmes d'une vie simple et frugale et hâtaient leur départ vers les campagnes riantes ; plus d'un a dû se dire comme Horace O rus, quando ego te aspiciam, et moi, ô campagne, quand te reverrai-je ?

 

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