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CULTURE ET CIVILISATION ?

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A ce point de la réflexion, nous cherchons une sorte “d’invariant” qui permette de définir la culture. On peut donc dire que la recherche d’une constante nous conduit à nous dégager de la perspective historique ou de l’évolution des cultures. L’idée même d’un invariant suppose de se placer soit du point de vue du psychisme humain, soit d’un point de vue synchronique. Il s’agit de comprendre ce qui constitue une culture comme telle. Cette recherche suppose acquise la pluralité des cultures et se présente, relativement à cette pluralité, comme une recherche d’unité.

« CULTURE ET CIVILISATION A ce point de la réflexion, nous cherchons une sorte “d'invariant” qui permette de définir la culture.

On peut donc dire que la recherche d'une constante nous conduit à nous dégager de la perspective historique ou de l'évolution des cultures.

L'idée même d'un invariant suppose de se placer soit du point de vue du psychisme humain, soit d'un point de vue synchronique.

Il s'agit de comprendre ce qui constitue une culture comme telle.

Cette recherche suppose acquise la pluralité des cultures et se présente, relativement à cette pluralité, comme une recherche d'unité. A) Culture et répression Dans cette recherche de ce qui peut constituer la culture, les analyses de Freud sont d'une grande utilité.

Nul ne conteste que la culture permette de constituer l'homme en tant qu'homme.

Néanmoins, la culture est tout d'abord répression.

Autrement dit, la vie sociale impose des contraintes aux pulsions inconscientes qui, par elles-mêmes, ne visent que leur propre satisfaction, sans souci des interdits [9].

Or, le propre d'une culture, ce qui constitue la civilisation comme telle, est un ensemble d'interdits, religieux ou moraux.

Par conséquent, la culture entre directement en conflit avec les exigences pulsionnelles.

L'entrée dans la culture est alors un traumatisme, l'apprentissage difficile des règles.

Ce phénomène apparaît clairement chez l'enfant.

Une des originalité de Freud est de soutenir que ce “traumatisme” est absolument nécessaire.

Il s'agit donc de l'apprentissage de l'interdit. Deux axes guident la réflexion. - La culture et les interdits sont indispensables à la constitution du sur-moi.

Ce dernier se définit à la fois comme un moi idéalisé et comme l'instance morale par excellence.

Les interdits culturels ne sont pas nécessairement fondés du point de vue de la raison, ou du simple calcul.

Ils présentent toujours une portée symbolique.

Il en est ainsi de l'interdiction de l'inceste, souvent puni plus gravement que l'homicide, alors que ce dernier porte directement atteinte à la finalité explicite de la société qui doit préserver la vie de ses membres.

La prohibition de l'inceste est un interdit fondamental, qui renvoie au complexe d'Œdipe. - Le rôle de la société est également de canaliser la violence.

En ce sens, toute culture se constitue “contre” d'autres cultures ou contre des symboles destinés à assurer son unité.

On doit donc souligner que la paix ou l'accord ne se constituent que par une violence contrôlée et impossible à éradiquer.

On ne peut donc pas dire que la culture rende les hommes “meilleurs”.

Elle est simplement indispensable à toute société.

Elle est ce sans quoi la société ne saurait exister. Qu'en déduire sur le rapport entre culture et humanité? Les cultures ne constituent pas un “progrès” mais une nécessité absolue parce qu'elle pose des valeurs “sacrées” qui permettent à la société de fonctionner et de vivre. Ces cultures ne permettent pas de poser l'idée d'une humanité universelle.

Bien au contraire, elles se présentent comme des particularismes souvent incompatibles.

C'est en ce sens que les différences entre les mœurs, d'une société à l'autre, sont particulièrement significatives.

Le tout, pour Freud, est de parvenir à contrôler cette pulsion de mort, cette agressivité et cette violence, constitutives du psychisme humain. René Girard poursuit l'analyse freudienne en insistant sur le caractère profondément violent de tous les mythes fondateurs.

Ainsi, Rome est fondée, en un sens, par le crime de Romulus qui tue son frère Remus.

Par conséquent, la fondation et la culture sont un certain rapport à la mort.

Cette mort est symbolique et fondatrice.

On peut dire d'une part qu'une culture s'affirme par des mythes fondateurs qui absorbent une certaine violence, et d'autre part que les rapports entre les différentes cultures sont immédiatement conflictuels.

Cette analyse est importante puisqu'elle revient à dire que l'accord entre des cultures différentes est difficile, sinon impossible.

Cette réflexion permet de mettre en question le caractère “universel” de la culture.

Il faut également remarquer que, dans ce schéma, nul n'est besoin de l'idée de citoyenneté pour rendre compte du fonctionnement de la société. Contrairement à ce que pensaient les philosophes des Lumières, la culture ne révèle pas l'humanité qui se dirigerait vers un usage de plus en plus systématique de la raison.

Bien au contraire, elle révèle une sorte de “face obscure”, un ensemble de tendances et pulsions qui constituent l'homme comme un être asocial.

La culture réalise donc ce tour de force qui consiste à faire vivre ensemble des individus asociaux, qui ne connaissent d'abord que leur propre plaisir. Cette gestion des individus par la culture ne consiste pas à leur démontrer ce qu'est le bien ou à leur faire prendre conscience de leurs devoirs mais plutôt à structurer le psychisme de chaque individu afin qu'un certain nombre d'interdits soient intériorisés.

C'est pourquoi l'éducation revêt une importance capitale.

L'homme est un être qui a besoin d'être éduqué.

Cependant, les analyses précédentes tendent à nous montrer que la société et la culture sont un équilibre extrêmement fragile.

Plus exactement, il est très difficile de démêler, en l'homme, ce qui appartient à la. »

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