Création et fabrication - Créer et fabriquer ?

« Création et fabrication. Introduction.

— L'homme a des besoins insatiables e la pénurie du Tiers-Monde apporte un stimulant nouveau aux pays industrialisés.

Mais si le propre de l'industrie est de fabriquer, la fabrication présuppose une initiative créatrice avec laquelle il ne faut pas la confondre. I.

— FABRICATION A.

Fabriquer consiste à produire par transformation mécanique de matières premières, certains objets ou certains articles, qui ordinairement sont ensuite livrés au commerce.

Le mot évoque de nos jours le travail en grande série. Pour une production plus ou moins individualisée, on emploie un autre mot : on construit une maison, on confectionne des habits, on réalise le plan d'un prototype qui plus tard sera fabriqué en série. B.

La fabrication suppose donc : 1° une matière première à transformer et les agents matériels (outils ou machines et énergie qui les actionne) ; 2° une technique ou un procédé de fabrication.

Ils furent d'abord tâtonnants ; mais, au stade de la fabrication industrielle, ils sont définitivement arrêtés ou même stéréotypés.

Certains procédés de production d'une entreprise peuvent être secrets ou protégés par un brevet qui empêche que d'autres les utilisent. Mais leur découverte reste antérieure et extérieure à la fabrication elle-même.

Cette remarque nous introduit à l'idée de création. II.

— CRÉATION A.

Au sens propre, créer c'est produire de rien, tirer du néant.

Ainsi comprise, la création exclut donc la préexistence d'un donné que le créateur se contenterait de transformer. B.

Mais, par analogie, on appelle aussi création l'acte qui donne naissance à une institution dont il existe déjà divers exemples : c'est ainsi qu'on parle de la création d'un ministère nouveau, de nouveaux emplois, d'une usine nouvelle...

On est très loin alors de la création au sens propre. C.

Dans d'autres cas, au contraire, on s'en rapproche.

C'est lorsque, à partir d'une matière préexistante, lui donnant une forme inédite, on aboutit à un type d'être vraiment nouveau.

C'est ainsi qu'on parle de la création des oeuvres d'art, des dernières créations de la mode, de la création d'un rôle par un comédien, c'est-à-dire de l'interprétation personnelle qu'il en donne.

C'est la création ainsi comprise qu'on oppose à la fabrication. III.

— COMPARAISON A.

Ainsi, 1° il n'y a pas de création sans invention et, par conséquent, sans imagination.

Mais ce qu'on imagine doit être 2° soumis au contrôle de la raison, et la raison elle-même procède à ce contrôle à l'aide du calcul et de l'expérimentation.

Ainsi la création met en jeu l'ensemble des facultés propres à l'homme. B.

Il n'en est pas de même de la fabrication.

Sans doute, le créateur ne prévoit pas ses procédés dans leurs moindres détails ; les bureaux d'étude doivent préparer la besogne des exécutants, ce qui demande un certain esprit ,d'invention et une mise au point critique.

Mais la fabrication elle-même est essentiellement mécanique et de plus en plus est assurée par des machines. Conclusion.

— A l'époque de l'artisanat, dans la mesure où l'on produisait à l'unité, création et fabrication se distinguaient à peine.

Aujourd'hui, au contraire, avec la production industrielle, le stade préalable de la création a pris une importance capitale, dispensant celui qui fabrique de tout effort de réflexion ou d'invention.

Le rendement s'en trouve grandement augmenté.

Mais ce progrès aurait comme rançon une déshumanisation de l'ouvrier si les loisirs ne lui permettaient pas de se livrer à un travail qui mette en jeu son pouvoir de création.. »