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cours hlp HISTOIRE ET VIOLENCE

Publié le 20/05/2024

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« HISTOIRE ET VIOLENCE : Introduction définitionnelle du cours Histoire et Violence Le sous-thème « Histoire et violence » nous propose donc de nous interroger sur la nature de la relation, sur les interdépendances, les liens, entre le concept d’histoire et celui de violence. L’histoire, étymologiquement, vient d’un mot grec signifiant « enquête » ; il s’agit ainsi de se faire « enquêteur » pour définir les origines, les causes fondamentales, de l’apparition de la violence. La violence vient quant à elle du latin « violentia », définissant la nature farouche, puissante, incontrôlable, des forces naturelles (tornades, tsunamis…) en premier lieu.

Retenons ainsi que la violence peut ne pas être simplement humaine mais aussi d’origine naturelle… Sous ses aspects objectifs et presque géologiques, la violence est cependant bien plus attribuable à l’espèce humaine.

L’acceptation est de prime péjorative : dans l’idée de violence vient ainsi l’idée d’abus, d’emportement.

Mais il existe aussi des interprétations (certes minoritaires) du concept de violence, au sens de l’effort physique : ainsi, un sportif s’entraînant durement « se fait violence »). S’il fallait ainsi dresser une première typologie de la violence, ce serait celle-ci : • Violence d’origine naturelle • Violence d’origine humaine, et parmi elle • Violence physique au sens négatif • Violence physique au sens positif (effort sur soi-même) • Violence verbale, morale • Violence privée • Violence publique et étatique (notamment à travers les guerres) • Violence sociale • Violence politique • Violence symbolique • Violence légitime (exercice de la force publique) ou illégitime (se faire justice soi-même) Histoire de la violence : une violence de toute éternité ? La violence est-elle apparue avec la formation des sociétés humaines complexes ? La violence est-elle pour l’humanité une fatalité, est-elle de toute éternité ? Ou est-elle le fruit d’une contingence historique ? Le mythe du « bon sauvage », tel que Jean-Jacques Rousseau l’avait par exemple porté dans le Discours sur l’origine des inégalités parmi les hommes, irait en ce sens ; ce discours, assez louangeur d’un état de nature par ailleurs imaginaire, prétend que l’homme serait « bon » par nature ; ce serait l’apparition des sociétés humaines, la complexification politique des cadres de vie, qui auraient causé de cette montée de la violence parmi les hommes.

Ce discours a trouvé quelques échos depuis les années 1970, à la suite des mouvements pacifistes aux États-Unis par exemple ; ce discours assure par exemple que les hommes préhistoriques ignoraient la violence et la guerre. → Certes, les sociétés humaines semblent en effet se fonder, du point de vue politique, sur la violence.

La fondation de Rome, par Romulus, est à cet égard éclairante : cette fondation se fait à la lumière d’un meurtre – celui de Remus par son frère Romulus – et le début de l’histoire romaine est d’ailleurs une histoire de meurtres, de rapines et de guerres. Mais prétendre que la violence a dû attendre le surgissement des sociétés complexes, qu’elle était absente du monde préhistorique, est un discours contredit par la paléontologie et l’archéologie. L’archéologue Jean-Paul Demoule, dans son livre Quand d’autres hommes peuplaient la terre, a ainsi démontré que la violence interhumaine était très loin d’être absente du monde préhistorique. Les violences entre tribus et groupes préhistoriques faisaient ainsi, en proportion du nombre d’habitants, un nombre de morts considérable et comparable voire supérieur aux guerres mondiales. Violence et guerre à l’âge classique : l’État, expression du monopole de la violence légitime L’apparition des civilisations semble au contraire avoir justement permis d’encadrer, de normer, et pour ainsi dire de limiter la violence interhumaine. La « civilisation », au sens strict, est le processus de « civiliser », de rendre plus apte à la vie en société.

Elle contient ainsi, dans son idée même, l’idée de processus normatif encadrant la violence, via des règles, des lois, des institutions sociales , de manière à ce que la pression collective influence et dicte, in fine, le comportement individuel.

La violence privée est ainsi réduite sous l’effet de la pression publique. Plusieurs éléments fondateurs constituent le cœur de ce processus civilisationnel.

Le premier d’entre-eux, avant l’État, est peut-être la religion.

La religion est bien ce processus civilisationnel conduisant à l’encadrement de la violence : en témoigne l’interdit vétérotestamentaire (relatif à l’Ancien testament) du Commandement – le premier d’entre eux – « Tu ne tueras point ». Le deuxième de ces éléments, propres à la civilisation, permettant d’encadrer la violence, est la formation de l’État.

Selon la formule célèbre du sociologue allemand Max Weber, ce qui caractérise l’État, c’est la possession du monopole de la violence physique légitime.

Cela veut dire que dans une société civilisée, la violence individuelle, privée, est par essence proscrite et illégitime – on ne peut se faire justice soi-même.

Seul l’État (par l’armée ou la police) peut exercer de manière légale et légitime l’exercice de la violence physique, parce que l’État est habilité – par un processus démocratique, ou par l’onction divine – à défendre les citoyens contre eux et entre eux, à encadrer l’expression de la violence. Investi du monopole de la violence physique légitime, l’État est aussi le seul habilité à mener les guerres.

La guerre est violente par nature ; mais toute violence n’est pas nécessairement guerre.

En effet, la différence entre la guerre et la violence réside dans le fait que la guerre peut être définie comme un processus d’affrontement entre deux groupes institutionnellement complexes et hiérarchiquement organisés ; elle est d’une ampleur et d’une complexité supérieures.

Un affrontement entre deux individus est un acte de violence ; un affrontement entre deux États est une guerre ; le but de la guerre est de chercher à remporter une bataille décisive, non à détruire, à éliminer, totalement son adversaire.

En somme, la violence s’enferme dans la guerre, et la guerre dans un juridisme. « Brutalisation des sociétés » et extrémisation de la violence Dans son œuvre, Clausewitz tentait d’encadrer la guerre mais reconnaissait aussi qu’elle pouvait conduire à une « poussée aux extrêmes », chaque camp cherchant à employer de plus en plus tous les moyens possibles pour l’emporter. Cette « extrémisation » de la guerre s’est particulièrement matérialisée au cours du XXe siècle et des deux Guerres mondiales.

La Première (1914-1918) a conduit à ce que l’on a appelé une « brutalisation des sociétés ». La dureté des tranchées, la cruauté de la guerre, la longueur de cette expérience ayant concerné l’ensemble du corps social, ont fait que bien des hommes se sont habitués à cette violence, en la banalisant, voire en y prenant goût.

Cette expérience fondatrice de la Grande Guerre a conduit ainsi à banaliser, voire à légitimer, les formes les plus extrêmes de violence ayant émaillé le reste du siècle, avec bien sûr en point d’orgue la Seconde Guerre mondiale, ses bombardements massifs de civils et les expériences génocidaires. «Guerre à la guerre» : la réduction de la violence, un idéal Encadrer la guerre par le droit ? Pour autant, parallèlement à cette « poussée aux extrêmes » (Clausewitz) et à cette « brutalisation », des efforts juridiques, philosophiques et politiques n’ont pas manqué d’être menés pour tenter d’encadrer l’expression de la violence, en particulier dans le cadre des guerres qui, comme nous l’avons dit, ont eu tendance à caractériser les formes les plus répandues de l’expression de la violence. La volonté d’encadrer la violence et la guerre par le droit, est le propre des processus civilisationnels.

Cet effort juridique s’est intensifié et complexifié au fur et à mesure des siècles. Ainsi, dès 1139, sous la présidence du pape Innocent II, l’Église tente d’imposer l’interdiction de l’arbalète, arme jugée trop meurtrière et efficace.

Dans le même esprit, Henry Dunant, qui avait assisté, horrifié, à la bataille de Solférino, en 1859, opposant la France et l’Italie à l’Autriche, s’est ensuite efforcé, à travers la fondation de la Croix-Rouge et les Conventions de Genève, d’encadrer le déchaînement de violence dans les guerres. Dans un même effort d’encadrement de la violence et de limitation des armements, les conventions de La Haye (1899 et 1907) interdisent l’utilisation du gaz de combat ou le bombardement des civils. Mais ces conventions furent brisées le 22 avril 1915, avec l’utilisation du gaz par l’armée allemande à Ypres – nous voyons ainsi, par là, les limites de cet encadrement juridique, qui repose sur la bonne volonté des États parties, en l’absence de mécanisme véritablement coercitif et punitif La philosophie contre la violence De même que les juristes, les philosophes conduisent également un effort pour tenter d’encadrer la guerre et de réduire le niveau de violence dans les sociétés. Deux penseurs se doivent ici d’être mentionnés.

Le premier d’entre eux est l’Abbé de Saint-Pierre, qui en 1724, présente un Projet de paix perpétuelle, afin de « résoudre tous les conflits » du genre humain. Le deuxième de ces « penseurs de la paix » que nous pouvons mentionner est Emmanuel Kant, qui est l’auteur d’une Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, publié en 1784. Le philosophe y définit l’idéal d’une.... »

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