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Conscience et choix

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« Quelle interprétation donnez-vous, en psychologie et en morale, de ce mot d'un philosophe : « Conscience signifie choix » ? Introduction.

— Si les faits psychiques sont plus immédiatement connus que les faits physiques, il n'en reste pas moins que les derniers nous sont plus aisés à connaître et plus familiers.

Aussi est-ce par analogie avec les phénomènes observés dans le monde extérieur que nous nous représentons le mécanisme de notre vie intérieure. Ainsi, la conscience est figurée par un oeil au fond duquel un miroir enregistre tout ce qui se passe devant lui. Mais ce n'est là qu'une image, et si la conscience présente quelque analogie avec le miroir, elle en diffère aussi essentiellement : tandis que le miroir reflète fidèlement ce qui lui est présenté, la conscience opère des sélections ; « conscience signifie choix», a dit un philosophe. Comment comprendre cette formule, et le choix effectué par la conscience morale est-il du même ordre que celui qui relève de la conscience psychologique ? I.

— LE CHOIX DANS LE MONDE PHYSIQUE ET PHYSIOLOGIQUE A vrai dire, il semblerait à première vue que nous pouvons relever jusque dans le monde physique des faits de choix : ainsi, le physicien choisit les sons au moyen de résonateurs ; le photographe sélectionne les couleurs fondamentales grâce à des plaques exclusivement sensibles à chacune d'elles ; on peut même voir des instruments sélectifs dans le miroir qui n'enregistre que les seuls phénomènes lumineux, dans le thermomètre qui n'est sensible qu'aux seules variations de température. Mais le pouvoir de sélection de ces instruments se réduit au fait que certaines substances ne réagissent qu'à certains excitants déterminé.

A parler strictement, le miroir, la plaque photographique, le résonateur, ne choisissent pas : le choix est le fait de l'homme qui utilise ces instruments. Ce n'est qu'un pouvoir de sélection analogue que nous observons dans notre système sensoriel : de la réalité physique, l'oeil n'enregistre que les phénomènes lumineux ; l'oreille, les phénomènes acoustiques ; les terminaisons du sens thermique, la chaleur et le froid, etc.

Le choix effectué par les organes de nos sens consiste, lui aussi, dans de simples réactions à l'action de l'excitant capable de les faire sortir de leur inertie.

Ou plutôt, à parler rigoureusement, dans l'exercice de nos sens il n'y a pas choix véritable, c'est-à-dire préférence accordée à un objet ou à un comportement sur un autre : l'oeil ne préfère pas de lumière ; il ne peut réagir qu'aux excitations lumineuses, de même que la chaleur peut seule provoquer la dilatation du mercure dans le thermomètre. C'est nous qui choisissons : en ouvrant les yeux, quand nous voulons nous rendre compte des formes ou des couleurs ; en tendant l'oreille, pour savoir ce qu'on dit... Aussi bien dans le monde organique que dans celui de la matière brute, on ne peut parler de choix que par analogie : nos organes sensoriels, comme les instruments de physique, ne choisissent qu'en ce sens que nous les utilisons pour effectuer nos choix. Il en est tout autrement de la conscience. II.

— LE CHOIX DANS LE MONDE PSYCHOLOGIQUE A.

Le mot conscience, en psychologie, est pris dans deux acceptions différentes.

Au sens objectif il désigne l'ensemble des faits de la vie intérieure et comme le lieu où ils passent.

C'est le sens du mot dans des propositions de ce genre : la conscience d'autrui nous est impénétrable ; dans la conscience, à côté d'un centre parfaitement clair, il faut distinguer un halo moins net et une marge de pénombre.

Au sens subjectif, la conscience est la fonction par laquelle nous connaissons nos états intérieurs ou cette connaissance elle-même : c'est ainsi que nous perdons et que nous reprenons conscience, que nous avons ou n'avons pas conscience, que notre conscience de ce qui se passe en nous est confuse ou distincte. Dans l'acception objective du mot, conscience ne signifie choix qu'au sens où on peut dire du miroir qu'il choisit les vibrations lumineuses : elle n'enregistre que les phénomènes psychiques, ou plutôt elle n'est constituée que par ces phénomènes.

Entre ces phénomènes, elle ne fait pas de choix : la sensation la plus légère, l'image la plus inconsistante s'y inscrivent, souvent à notre insu, et concourent pour leur part minuscules au résultat d'ensemble, à la tonalité de l'instant. Au contraire, au sens subjectif du mot, c'est-à-dire en tant que fonction de connaissance, la conscience se manifeste comme pouvoir de choix: du donné réel, elle ne retient que certains éléments, les autres restant dans l'ombre, c'est-à-dire subconscients ou totalement inconscients. Nous le savons assez pour ne pas avoir besoin de longs développements, la perception extérieure n'est pas la simple prise de conscience des impressions sensorielles : de ces impressions une portion infime devient consciente. Qu'aperçois-je du panorama dont l'image se reflète sur ma rétine ? La ligne d'horizon ; un moment après, la masse sombre d'un bois ; puis, les formes géométriques des maisons d'un village...

A chaque instant, du donné innombrable l'esprit ne considère qu'un élément restreint et néglige tout le reste : « Toute pensée, dit Alain, est un massacre d'impressions».

La conscience du monde extérieur est conditionnée par des choix ininterrompus. Le fait est moins apparent peut-être dans la vie intérieure, proprement dite, mais il y est aussi réel.

A chaque instant, le jeu de l'association pousse dans notre esprit un défilé ininterrompu d'images du passé et plus souvent de l'avenir attendu ou redouté.

Mais notre comportement varie selon les images : tantôt nous les laissons passer, vagues et indécises, sans même leur accorder un coup d'oeil distrait ; tantôt, au contraire, nous appuyons en quelque sorte notre regard sur elles, provoquant par là un surgissement d'images complémentaires qui précisent les premières et leur donnent une vie analogue à celle du réel.

N'avons-nous pas là un exemple de choix par lequel la. »

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