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Comment traiter le thème de la jalousie en philosophie ?

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« Introduction À en croire de Beaumarchais rien ne semble, de prime abord, plus étranger à l'esprit philosophique que la jalousie.

Il déclare en effet : « La jalousie n'est qu'un sot enfant de l'orgueil, ou c'est la maladie d'un fou » (Cf.

Le mariage de Figaro). Folie et orgueil font certes partie de ce que la recherche de la vérité et de la sagesse combat inlassablement.

Si la philosophie considère généralement la jalousie comme une passion néfaste (mot provenant du grec pathos signifiant subir), il faut bien se demander comment le philosophe peut dès lors appréhender celle-ci tant elle semble aux antipodes des qualités requises (calme, réflexion, médiation...) pour bien philosopher. Comment traiter le thème de la jalousie en philosophie ? - Nous admettrons en premier lieu que c'est souvent de manière critique et négative que la philosophie traite de cette question. - Mais la philosophie ne serait pas fidèle à elle-même si elle ne poussait pas sa réflexion au-delà de l'opinion commune, voire en deçà des apparences négatives de la jalousie. I.

La jalousie mauvaise conseillère La jalousie est, nous l'avons dit, communément considérée comme un sentiment mauvais.

D'un point de vue étymologique la jalousie vient du grec zelos qui signifie zèle.

Il est vrai que le jaloux est celui qui va accorder trop de crédit à ses suspicions, comme l'exprime Corneille dans Le Menteur : « La jalousie aveugle un cœur atteint, - Et, sans examiner, croit tout ce qu'elle craint ».

D'une manière générale, on pourrait définir la jalousie comme sentiment de dépossession, au profit d'un tiers, de l'affectivité positive (amour, amitié, estime) que l'on inspire à autrui. Toutefois, dans l'expérience, deux sens de la jalousie se distinguent : d'une part, on l'éprouve en constatant qu'un autre jouit d'un avantage que nous ne possédons pas et que l'on souhaiterait posséder (un enfant est jaloux du jouet de son camarade), d'autre part, on l'éprouve dans le cadre d'une relation amoureuse du fait d'une crainte (ou d'un constat) de l'infidélité de la personne aimée. Dans l'un comme dans l'autre cas, la jalousie est traitée négativement.

Ainsi les stoïciens et les épicuriens, qui condamnent unanimement les « troubles » de l'âme qui viennent parasiter la vie sage et bienheureuse.

La jalousie est bien une « passion » selon ces deux écoles, c'est-à-dire un pâtir.

La jalousie prend possession de l'âme et l'empêche de voir clairement les choses.

Le jaloux est celui qui se laisse posséder et ronger par ce sentiment.

C'est donc moralement que la jalousie est condamnée.

Elle est l'antagoniste de l' ataraxia (absence de troubles), bonheur véritable.

C'est donc au nom de la recherche « eudémonique » (vie heureuse) que la jalousie, comme toute autre passion, sera traitée négativement. Socrate lui-même, par la prescription du « connais-toi toi-même », incite à ne pas se laisser posséder par ses daîmons (démons) qui agissent en chacun de nous.

Nos passions, pour autant qu'elles semblent spontanées et incontrôlables, doivent être éclairées par la raison.

La jalousie se maîtrisera d'autant mieux qu'elle sera connue par l'individu chez lequel elle se manifeste.

Avec Socrate la jalousie appartient, certes aussi, au règne obscur et néfaste des passions.

Cependant le but du philosophe est, non pas de nier ses tendances passionnelles et pulsionnelles, mais bien de les comprendre pour mieux les contrôler. II.

La jalousie positive ? Mais si la jalousie est considérée unanimement, par les philosophes, comme passion, certains ne définissent pas cette dernière comme uniquement mauvaise.

La jalousie, comme toute autre tendance, est ce terme qui réunit les deux côtés d'une même médaille. Socrate lui-même ne dit pas que nos daîmons sont uniquement néfastes.

Ce qu'il dit c'est qu'ils doivent être raisonnés, canalisés, mais pas évincés.

Il est certes invraisemblable d'imaginer un humain vide de toute passion, donc de toute inclination.

La jalousie en ce sens peut être considérée comme un sentiment moteur, conduisant l'être jaloux « positivement » à faire ce qu'il faut pour que l'être aimé ne s'en aille pas.

Il redoublera de tendresse et d'affection et, plus, il parviendra, par le biais de ce sentiment, à prendre la mesure de l'attachement qu'il porte à l'être aimé. Descartes, malgré une première analyse classique du thème de la passion (Cf.

Traité des passions), en vient, nouvellement, à reconsidérer celles-ci comme sentiments indispensables.

En cela il s'oppose farouchement aux stoïciens qui ne voyaient en elle que l'aspect néfaste.

La jalousie, bien loin d'être cette négativité, serait un des aspects qui participe à la consécration d'une universalité de la passion.

Celle-ci est le propre de l'homme, moteur existentiel qui pousse ce dernier à toujours se dépasser.

La philosophie cartésienne réhabilite donc la sphère passionnelle en montrant en quoi elle participe de l'esprit philosophique de recherche perpétuelle.

La passion du vrai gouverne le philosophe et si celui-ci peut être jaloux d'une pensée autre qu'il aurait voulu avoir, cela l'incline plutôt à persévèrer dans cette recherche d'une pensée plus haute encore.

Mais il faut, certes, que le penseur ne se bloque pas sur le sentiment de jalousie, il doit l'utiliser pour le dépasser.

C'est là encore, en un sens moral que ce sentiment est traité, mais également en un sens « heuristique » (permettant d'apprendre et de connaître). Conclusion La jalousie est, du point de vue philosophique, dépendante de la sphère sentimentale, passionnelle de l'humain. Nombreux sont les philosophes qui la condamnent au profit de la « tempérance ». Mais avec Socrate la passion devient irrécusable et avec Descartes elle acquiert enfin ses lettres de noblesse.

Mais attention, l'un et l'autre prônent la connaissance et la maîtrise de cette sphère.

La jalousie sera alors bonne ou mauvaise, selon qu'elle sera une fin en soi ou un moteur de dépassement personnel.. »

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