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Comment sait-on qu'un autre être est conscient ?

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« >>> PREMIERE CORRECTION: Définition des termes du sujet La question « comment ? » porte sur les moyens par lesquels on parvient à faire quelque chose, qu'ils soient les moyens qu'on met en oeuvre de manière volontaire et réfléchie ou bien les moyens qui nous sont donnés spontanément, étant des caractéristiques de l'objet concerné. Cette question concerne ici le fait de savoir qu'un autre être est conscient.

L'emploi du pronom « on » montre que c'est l'humanité tout entière qui est concernée, qu'il nous faut travailler sur une position anthropologique générale. « Savoir » quelque chose, c'est en être certain, faire de cette chose un contenu de pensée fixe et fondé, que cette fondation soit rationnelle ou non.

Le savoir peut provenir en effet d'une certitude intime, dont la valeur comme contenu de connaissance rationnelle peut être faible. L'expression « un autre être » contient deux éléments importants : « autre », d'abord, signifie tout ce qui n'est pas moi, que l'être en question soit radicalement autre – différent de moi – ou autre seulement parce qu'il n'est pas moi – mon frère jumeau est, en un sens, autre parce qu'il n'est pas moi, même s'il est semblable à moi.

Ce n'est pas « un autre humain » qui est en question ici, mais plus généralement « un autre être ».

Cela recouvre une réalité très large, puisqu'un être est simplement tout ce qui existe.

La question n'est donc pas « comment sait-on qu'un autre humain est conscient » - d'autant que l'on suppose que tout être humain vivant est conscient – mais comment saiton qu'un être quel qu'il soit – humain, animal, et pourquoi pas plante ou objet inanimé – est conscient. Être conscient, enfin, peut avoir plusieurs sens : au sens courant, est conscient celui qui est éveillé, qui sait ce qui se passe autour de lui ; n'est pas conscient celui qui est endormi, ou évanoui, ou dont les facultés de connaissance sont abîmées et ne lui permettent pas d'avoir un rapport de conscience au monde.

Au sens philosophique, est conscient celui qui possède une conscience, c'est-à-dire une connaissance générale de lui-même, de ses actes, du monde qui l'entoure, des autres.

C'est sur ce sens philosophique surtout qu'il faudra travailler, la compréhension courante de la conscience se réduisant à un état d'éveil physique. Le sujet demande donc que l'on définisse les critères qui nous permettront de définir, parmi tous les êtres qui peuvent exister – et pas seulement les êtres humains – lesquels possèdent une conscience, au sens philosophique du terme - et lesquels n'en possèdent pas : sait-on qu'un autre être est conscient par mimétisme – il se comporte dans le monde comme moi, donc il fonctionne comme moi, donc il a une conscience ? Mais dans ce cas, n'y a-t-il pas un risque de transposer notre propre mode de fonctionnement sur des êtres qui ne fonctionnent comme nous que par apparence – par exemple, peut-on attribuer une forme de conscience aux animaux, ou notre tentation de le faire ne vient-elle que d'un anthropomorphisme ? Peut-on simplement trouver des critères de reconnaissance de la conscience chez d'autres êtres ? Proposition de plan I.

La différence entre conscience animale et conscience humaine On peut attribuer une forme de conscience à l'animal, dans la mesure où celui-ci est capable d'organisation, de prévoyance peut-être, de conscience sociale.

La première partie voudrait donc définir une forme de conscience spécifiquement humaine – conscience qui peut se penser elle-même -, ce qui permettra de déterminer certaines exigences que l'on a pour déclarer qu'un être est conscient. Bergson, L'évolution créatrice Comment n'être pas frappé du fait que l'homme est capable d'apprendre n'importe quel exercice, de fabriquer n'importe quel objet, enfin d'acquérir n'importe quelle habitude motrice, alors que la faculté de combiner des mouvements nouveaux est strictement limitée chez l'animal le mieux doué, même chez le singe ? La caractéristique cérébrale de l'homme est là.

Le cerveau humain est fait, comme tout cerveau, pour monter des mécanismes moteurs et pour nous laisser choisir parmi eux, à un instant quelconque, celui que nous mettrons en mouvement par un jeu de déclic.

Mais il diffère des autres cerveaux en ce que le nombre des mécanismes qu'il peut monter, et par conséquent le nombre des déclics entre lesquels il donne le choix, est indéfini.

Or, du limité à l'illimité il y a toute la distance du fermé à l'ouvert.

Ce n'est pas une différence de degré, mais de nature. Radicale aussi, par conséquent, est la différence entre la conscience de l'animal, même le plus intelligent, et la conscience humaine.

Car la conscience correspond exactement à la puissance de choix dont l'être vivant dispose ; elle est coextensive à la frange d'action possible qui entoure l'action réelle : conscience est synonyme d'invention et de liberté.

Or, chez l'animal, l'invention n'est jamais qu'une variation sur le thème de la routine.

Enfermé dans les habitudes de l'espèce, il arrive sans doute à les élargir par son initiative individuelle ; mais il n'échappe à l'automatisme que pour un instant, juste le temps de créer un automatisme nouveau : les portes de sa prison se referment aussitôt ouvertes ; en tirant sur sa chaîne il ne réussit qu'à l'allonger.

Avec l'homme, la conscience brise la chaîne.

Chez l'homme, et chez l'homme seulement, elle se libère Transition : La première partie a dégagé certaines caractéristiques de la conscience et a dû aboutir à la définition d'une conscience réflexive, dont seul l'être humain est possesseur.

Le premier critère de reconnaissance de cette conscience semble être sa capacité à se penser elle-même.

On peut maintenant rechercher les moyens par lesquels. »

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