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Comment doit-on envisager le bonheur « terrestre » ?

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« Le bonheur terrestre constitue un puissant stimulant tant pour les Arts que les Lettres, et les représentations de l'âge d'or, passé ou à venir, foisonnent au gré de l'imagination de chaque créateur.

S'il est possible d'envisager le bonheur sublunaire de façon variable, il apparaît nécessaire à qui voudrait le penser de le mettre en perspective avec une éthique.

Car des choix que nous faisons est dépendante la possibilité d'un état de bonheur tant personnel que communautaire. Comment donc dépasser la joie temporaire, qui survient comme par surprise, pour penser une conduite qui nous mènerait en raison au bonheur terrestre ? Morale et bonheur sont-ils conciliables ? Il s'agira de s'interroger sur la possibilité d'une conciliation entre matérialisme et conception du bonheur qui échappe à ces premières considérations, en cela l'enjeu d'une telle question relève de l'éthique, mais également de la religion : car évoquant le bonheur terrestre demeure en sous-entendu celui, céleste, qui nous serait promis. Le bonheur terrestre dans l'ascèse L'âge d'or de l'humanité est terminé.

Pour établir ce constat, Rousseau évoque un hypothétique état de nature, dans lequel l'homme vivait en harmonie tant en son environnement qu'avec ses semblables.

La société civile, quant à elle, existe sous le règne de l'hypocrisie et de l'obstacle, tant dans les relations humaines que dans le contact avec la Nature.

S'il existait un bonheur terrestre, celui-ci se caractérisait par son amoralité.

Le sauvage n'était à proprement parler ni bon ni méchant, il vivait dans un état premier caractérisable par l'innocence et la paresse. Aussi Rousseau n'évoque-t-il l bonheur que dans de grands moments de solitude, consacrés à la botanique (cf.

Les Rêveries du Promeneur solitaire), loin du monde corrupteur.

Le bonheur terrestre ne peut exister que dans la retraite, là où il n'est fait aucun compromis vis-à-vis de soi. De plus, par définition, le bonheur terrestre, par opposition à celui, céleste, qui nous serait réservé après notre mort, se caractérise par une certaine vanité : poussière, nous retournerons en poussière.

Dès lors, c'est peut-être dans une ascèse bien plus radicale que celle pratiquée par Rousseau que nous pouvons trouver un état de félicité. C'est cette conversion que narre Saint Augustin dans ses Confessions : après une jeunesse tumultueuse où il éprouva de vives passions, sa conversion lui fait goûter un bonheur non plus factice mais dans la joie de la connaissance de Dieu.

Ce bonheur terrestre de la rencontre avec Dieu, presque indicible (penser au « Joie.

Joie. Joie.

» de Pascal) constitue déjà un premier pas vers le bonheur éternel promis : le bonheur terrestre n'est envisageable que comme propédeutique à la félicité éternelle. La bonheur dans la moralité Le désir est ainsi à expulser des conditions de la vie car il entre en conflit avec le bonheur, Schopenhauer le souligne dans Le Monde comme volonté et comme représentation.

Nous ressentons sans cesse la privation, la douleur, mais dès que ces états disparaissent, nous ne nous réjouissons pas de leur disparition.

Ce qui pourrait faire une vie heureuse, nous ne le comprenons que lorsque ces propriétés ont disparu.

Désirer, c'est affirmer sa volonté de vivre, et par là, c'est entrer en contradiction avec le bonheur.

Car nous ne goûtons jamais réellement ce dernier quand il se présente, mais seulement en l'ayant perdu. C'est donc peut être dans la morale et son exercice que nous pouvons atteindre une certaine forme de bonheur terrestre.

Car en respectant les impératifs catégoriques édictés par Kant (cf.

Métaphysique des Mœurs) nous agissons à l'unisson de la volonté bonne, et ainsi respectons tant les devoirs envers soi-même que les devoirs envers autrui.

Puisque toute action que nous effectuons peut être universalisée, elle contribue au développement de la morale et de l'accord universel.

L'homme agit ainsi pour se rendre digne d'être heureux, le bonheur ne dépendant pas de nous mais du principe indémontrable de l'existence de Dieu.

Si la morale kantienne apparaît ainsi comme rigoriste, il n'en est pas moins que la question du bonheur est en son cœur car « assurer son propre bonheur est un devoir, car ne pas être content de son état, se trouver accablé d'une foule de soucis, et cela au milieu de besoins insatisfaits, pourrait facilement devenir une grande tentation de transgresser ses devoirs ».. »

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