Aide en Philo

Comment développer sa mémoire ?

Extrait du document

« — I — Il faut poser d'abord l'existence certaine de ce que William James appelait (d'une manière qui rappelle évidemment la « vertu dormitive » de l'opium) le « coefficient physiologique de rétention des tissus cérébraux ».

« Il y a des esprits qui sont comme de la cire, disait-il, tout s'y imprime au hasard et rien ne s'en efface...

d'autres au contraire, feraient plutôt penser à la gélatine, qui vibre et ne garde pas d'empreintes...

». 1 — Il y a une qualité originelle de la mémoire.

Les polyglottes ont un « don », et certains esprits ont été des encyclopédies vivantes ; en revanche, il existe quantité de gens qui sont incapables de se souvenir d'une bonne histoire qui les a fait rire la veille. Il faut savoir ensuite que : 2 — Les conditions physiologiques sont en relation avec la mémoire.

Ribot a montré que la fixation était proportionnelle au métabolisme basai et à la sécrétion thyroïdienne qui le commande ; Mosso (« La fatigue », 1903) a montré de son côté que la fatigue diminue la mémoire ; Piéron, que la fixation est impossible si l'air respiré contient moins de 8 % d'oxygène ; Lehmann (in Traité de Dumas) que la consommation d'oxygène augmente proportionnellement à l'effort de rappel (comme elle augmente d'ailleurs dans tout travail intellectuel).

Enfin certaines intoxications chroniques (tabac, alcool, stupéfiant) diminuent la mémoire. 3 — La mémoire évolue.

L'enfant, sans doute parce que ses échanges nutritifs sont intenses (Ribot), fixe facilement les souvenirs.

On sait que les enfants très jeunes sont capables d'apprendre plusieurs langues (langue maternelle, langue de la nourrice, langue du pays étranger s'ils y habitent avec leurs parents) et les spécialistes pensent actuellement que l'âge optimum du polyglottisme (ou au moins du bilinguisme) se situe autour de la 4e année.

Qu'on pense au nombre fabuleux de choses qu'apprend l'enfant découvrant son monde, allant à l'école, forgeant les automatismes divers de l'écriture, de la lecture, du calcul, etc.

De même qu'un adulte ne pourrait jamais faire autant de mouvements qu'un enfant, de même il ne pourrait jamais apprendre autant de choses nouvelles dans un temps égal.

On doit considérer que la mémoire passe par un plateau maximum entre 7 et 16 ans.

Elle baisse insensiblement de 16 à 25 ans, puis commence à chuter, suivant en cela la courbe générale de l'activité biologique.

Nous verrons que si l'adulte a l'illusion de conserver ses facultés intactes, c'est qu'il supplée à leur affaiblissement par une organisation rationnelle. 4 — La mémoire a des formes individuelles différentes. Tel a une mémoire visuelle, tel autre auditive.

Tel peut retenir les faits plus facilement que les idées, les choses que les mots et les noms, ou inversement. Pour développer sa mémoire il faudra donc, d'abord tenir compte de ces facteurs, ne pas s'attendre à l'impossible, maintenir un optimum de conditions physiologiques et découvrir son « type de mémoire ».

Les étudiants qui n'ont pas la mémoire visuelle, par exemple, ne tireront pas de profit proportionné à leurs efforts s'ils s'acharnent à apprendre dans les livres ; les cours parlés, les exposés faits en équipe, l'usage du magnétophone seront au contraire d'un grand rendement s'ils ont une mémoire auditive.

Pour ceux qui ont une mémoire visuelle, on recommandera l'usage répété des mêmes ouvrages, les tableaux, les cartes en couleurs.

D'autres ne retiennent que ce qu'ils écrivent eux-mêmes (la relative lenteur de l'écriture alliée au langage intérieur augmente l'intensité de la fixation) et pratiqueront donc cette méthode.

Déjà ici, se connaître soi-même est une étape sur la voie de l'amélioration. — II — La mémoire augmente par l'exercice.

Les expériences de laboratoire ont montré que les sujets utilisés pour les études sur la mémoire (temps minimum de présentation, intervalle optimum, longueur des séries de chiffres ou de mots, etc.) développaient leur mémoire sans le vouloir, par la seule répétition de ces exercices.

On augmentera donc la mémoire par des exercices persévérants et progressifs de remémoration.

Par exemple, on tentera le soir de récapituler en détail les faits et gestes de la journée.

Plus tard on étendra le rappel sur deux journées, puis sur trois...

et ainsi de suite jusqu'à sept (une semaine).

Après ce premier cycle, on récapitulera hebdomadairement le détail de toute la semaine écoulée. Les exercices « par coeur », si critiqués dans l'enseignement « moderne », sont (lorsqu'ils sont renouvelés, bien entendu, et non pas rabâchage in aeternum) un excellent entraînement de la mémoire. — III — La mémoire est fonction de l'intensité de la fixation et de l'organisation rationnelle des souvenirs. 1 — La fixation est, on l'a vu, fonction de l'attention, de l'intérêt et de la répétition.

On développera donc la mémoire en développant cette « attention à la vie » dont Bergson fait l'essentiel de l'activité de la conscience et la condition de l'adaptation, mais il conviendra de l'élargir, de diminuer les marges considérables de distraction qui entourent nos zones ou nos moments d'attention.

Développer l'attention, apprendre à observer, augmenter la « tension » de la conscience, c'est favoriser la mémoire future. On cherchera d'autre part l'intérêt personnel, intellectuel, pratique, affectif ou social de ce que l'on a à apprendre, on l'illustrera de cas particuliers qui nous touchent, d'images vives. Enfin, les répétitions indispensables tiendront compte de la maturation nécessaire et de l'intervalle optimum.

Il n'est pas utile de répéter ou de lire 50 fois de suite un chapitre que l'on veut graver dans sa mémoire, puisqu'il est expérimentalement établi que 8 à 10 suffisent si elles sont espacées d'un intervalle optimum (cet intervalle diffère selon les personnes : on peut considérer en moyenne qu'il est de l'ordre de 2 à 4 jours) et si la méthode de fixation. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles