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Comment décider de ce qui est juste ?

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« Définition des termes du sujet: JUSTE : qui est conforme au droit et à l'égalité des personnes. Ce que vous savez. • La justice est l'objet de dis cussions.

Lorsqu'il y a un conflit, les deux parties pensent toutes deux être du côté de ce qui es t juste.

Même si l'on admet que la mauvaise foi puis se intervenir, il n'en reste pas moins que nous n'avons recours à des arbitrages que parce que la justic e n'est pas chose évidente qui s'impose immédiatement aux yeux de tous. • Il y a cependant des injustices flagrantes, et pas seulement aux yeux de ceux qui en sont victimes.

O r, nous ne pourrions déterminer clairement que telle action est injuste si nous n'avions aucune idée de la justice. • Pour la concorde entre les hommes, il apparaît nécessaire que soit précisément déterminé ce qui est autorisé et ce qui ne l'est pas.

On ne pourrait s'en remettre à la consc ience de c hacun, tant il y a de points qui peuvent donner lieu à controverses. • O n peut remarquer que, d'un point de vue psyc hologique, chacun considère comme juste non pas tellement ce que sa conscience lui dit être tel, mais bien plutôt ce qui a été fixé comme juste, même si cette décision apparaît très contestable.

A insi, un enfant, et sans doute aussi un adulte, admettra d'être puni s'il a enfreint un règlement connu de lui, fût-il absurde, mais ne l'admettra pas forcément si sa faute avait semblé jusqu'à présent tolérée par l'autorité à laquelle il est soumis. • Toute décision suppose un choix et donc une participation de la volonté qui tranche entre plusieurs possibilités .

Il y aurait donc plusieurs conceptions légitimes de ce qui est juste, si l'on doit en décider. La légalité ne doit pas être confondue avec la légitimité.

Il se peut qu'une loi soit injuste, il se peut aussi qu'elle soit juste, mais appliquée injustement. Ce qu'il faut comprendre. Il ne faut surtout pas négliger le terme « décider ».

En effet, il n'est pas si évident que nous ayons à décider du juste et de l'injuste, car nous pourrions seulement avoir à le reconnaître.

C e qui est juste, a priori, n'est pas l'objet d'une décision humaine arbitraire, mais devrait être reconnu par toute conscience de bonne foi.

P arler de décision renvoie à l'idée que la justice serait l'objet d'une convention, ce qui ne va pas forc ément de soi. P our autant, une convention n'est pas forcément totalement arbitraire.

Elle implique l'idée d'un choix reconnu par une collectivité, et la décision n'est pas prise par un simple caprice, mais en fonction de ce qui paraît être le mieux.

Si donc l'on admet que la justice soit conventionnelle, cela ne veut pas dire que la question soit rés olue.

C ela signifierait qu'il faut une autorité pour trancher la question de savoir ce qui est juste, mais il resterait à trouver les raisons de s'en remettre à cette autorité. Quelle stratégie adopter ? T rois grandes conc eptions de la justic e peuvent être dégagées, et l'on peut bâtir le plan autour de leur confrontation.

On peut considérer que la justice existe en soi, indépendamment du caprice des hommes, ce qui voudrait dire que nous aurions à comprendre ce qui est juste, et non à en décider.

O n peut, à l'opposé, estimer que le mot de justice ne fait que masquer l'aspect purement conventionnel du droit, édicté en vue d'un intérêt - qu'il soit l'intérêt de quelques-uns ou l'intérêt d'une majorité - et non d'un idéal moral.

O n peut enfin chercher une position intermédiaire, qui tout en posant l'impossibilité de saisir avec évidenc e ce qui est juste, reconnaît la nécessité d'en conserver la notion afin de guider la réflexion. C 'est l'attention portée au mot « décider » qui permettra d'analyser la première de ces grandes conceptions.

O n ne prend une décision que si une décision différente est possible.

Or, ce qui est différent du juste paraît évidemment injuste.

Toutefois, on pourra dès la première partie poser les limites de ce point de vue, en faisant apparaître la nécessité de fixer dans les esprits non seulement une idée du juste et de l'injuste, mais aus si un ensemble de lois écrites permettant de savoir ce qui est permis ou défendu.

C ela revient à reconnaître l'existence nécess aire d'une autorité. C eci pourra nous amener à exposer une conception radicalement c onventionnaliste, dont on trouve un exemple au premier livre de la République de Platon, dans lequel T hrasymaque défend la thèse selon laquelle le juste serait l'avantageux au plus fort.

C eci impliquerait que le mot de justice n'est qu'un leurre destiné à provoquer l'adhésion des gouvernés.

D ès lors, la question présentée par le sujet ne se poserait pas ; la vraie question serait de savoir qui est le plus fort - ou de devenir celui-ci - et comment on pourrait persuader le peuple de la justice de l'ordre qu'on lui impose.

O n pourra pour cela se servir du texte de Machiavel étudié dans cet ouvrage. T outefois, une telle idée rencontre rapidement sa contradiction.

O n peut utiliser ici la démonstration effectuée par Rousseau au livre I du C ontrat social, dans laquelle il établit que l'expression « droit du plus fort » ne veut rien dire en réalité (voir là aussi ce texte dans la deuxième partie de cet ouvrage).

Il resterait alors à construire une thèse intermédiaire entre les deux premières.

Est juste ce qui peut faire l'accord de toute personne de bonne foi.

Une telle définition, parce qu'elle contient le verbe « pouvoir », s e distingue de la première en reconnaissant que plusieurs jugements légitimes sont possibles. P lusieurs, mais non pas tous, et le caractère flagrant de certaines injustices nous le rappelle.

P ar exemple, le droit du sang et le droit du sol, qui sont les deux grandes manières de fixer la nationalité - soit l'on prend la nationalité de son père, soit celle du pays où l'on est né - paraissent tous deux admissibles. M ais, d'une part, une loi qui déciderait de mettre à mort tous les enfants nés de parents étrangers ne le serait pas, fût-elle considérée comme avantageuse par une majorité.

Et, d'autre part, le choix n'est pas indifférent, si bien que le débat peut avoir lieu.

C ar s i la justic e est l'objet de dis cussions, c'est parce que nous avons à la rechercher, et non parce qu'elle n'exis terait pas. « Ni rire, ni pleurer, ni haïr, mais comprendre » rappelait Spinoza dans son Éthique.

La majorité des gens est d'acc ord sur le fait que les sentiments gênent, obsc urcissent plus qu'ils ne fournissent un soutien aux raisonnements de toutes sortes et en particulier aux questions d'éthique.

A gir de manière juste en tout, porter sur les actions d'autrui un regard assez pertinent pour avoir le sentiment de s avoir à coup sûr s i son action est jus te et néc essaire est considéré tout d'abord comme une chose facile et qui va de s oi — les êtres humains ayant besoin de porter des jugements rapides pour pouvoir adopter une attitude — puis ensuite comme une difficulté insurmontable : l e t e m p s p a s s e et ils sont envahis par le remords et se rendent compte de leurs erreurs.

Beaucoup alors se conforment à la loi, à la coutume, solution de facilité tandis que d'autres à l'aide de leur rais on objective élèvent leurs propres tables de lois.

Or est-on libre de voir le juste et de décider ce qu'es t une action juste, est-ce en accord avec le tempérament humain ? Le Juste est fréquemment considéré comme étant ce qui favorise l'État, ce qui sera utile au plus grand nombre de ses habitants, ce qui leur permettra de survivre, d'éviter l'anarchie initiale fauteuse de troubles.

Il est alors normal dans cette conception de considérer que l'État détient la vérité qui l'autorisera à décider ce qui est juste ou injuste d'autant plus que la loi et les coutumes ont été édictées par des magistrats, des gouvernants, hommes dont l'intelligence, le bon sens, la sagesse, le dévouement, la justice avaient été reconnues au préalable.

L'homme du commun peut alors calquer son attitude s ur celle de l'état' et s'en remettre au jugement d'autrui et rendre à c hacun son dû selon qu'il lui soit favorable ou pas, c'est-à-dire de faire du bien à ses amis et du mal à ses ennemis C ependant il se pose alors un problème : comment reconnaître à coup sûr les amis des ennemis ? faire du mal aux ennemis, les rendre ainsi plus enragés, es t-ce répandre la justice qui coïncide avec le bien autour de soi ? Et plus important encore est-ce que obéir à des lois iniques, répandre le mal autour de soi en obéissant aux chefs, est-ce juste ? Ne sera-t-on pas à un moment ou à un autre torturé par des vis ions de s ouffrance et amené à endurer des remords ? C 'es t pourquoi l'obéissance aveugle à des préceptes ne paraît pas être la meilleure faç on d'être juste.

A insi l'obéissance des officiers à leurs chefs dans le cadre de crimes de guerre ne les absout pas.

M ême dans le c a s d e crimes non prévus par la loi de l'époque, ils ont été condamnés comme ayant été injuste.. »

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