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C'est l'office de la philosophie de tout comprendre même la religion

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« INTRODUCTION.

— On peut concevoir le philosophe comme un homme qui cherche à comprendre toutes choses.

Il cherche à comprendre au sens étymologique de ce mot, cum prehendre, saisir avec, percevoir d'un regard synthétique tous les éléments du donné avec les rapports qui les relient entre eux; c'est pourquoi on a défini la philosophie : le savoir totalement unifié.

Le philosophe cherche à comprendre au sens vulgaire du mot qui d'ailleurs dérive du sens étymologique : il ne lui suffit pas de savoir ce que sont les choses; il a l'ambition de découvrir pourquoi elles sont ainsi, d'en donner la raison, de déterminer leur cause et leur fin. Il semble, au contraire, qu'en entrant dans le domaine religieux, il faille renoncer à comprendre : des dogmes nous sont proposés qui sont de véritables mystères imperméables à l'intelligence; on fait appel à notre foi et non à notre raison.

Aussi on peut être surpris par ce mot de LACHELIER : «C'est l'office de la philosophie de tout comprendre, même la religion.

» Que faut-il penser de ce jugement ? I.

— LA NOTION DE RELIGION. Le mot religion dérive sans doute du latin religare et désigne étymologiquement le lien qui rattache l'homme à Dieu. Ce lien, nous pouvons l'observer d'abord en l'homme lui-même : il consiste dans ce qu'on appelle couramment le sentiment religieux et que les philosophes appelleraient plutôt religion subjective.

Nous pouvons aussi l'étudier, hors de la conscience individuelle, dans des institutions chargées d'établir des relations entre les hommes et la divinité : ces institutions constituent la religion objective ou les religions. a) La religion subjective ou sentiment religieux n'est pas purement affective.

Si le sentiment y tient une place prépondérante, elle comporte aussi des croyances relatives non seulement à l'existence, mais encore à la nature d'un être supérieur aux créatures et ces croyances déterminent la prédominance d'un sentiment particulier sur les autres : crainte, admiration, amour...

Ensuite, croyance et sentiments commandent une attitude pratique : ainsi la conviction de la toute-puissance de Dieu et la confiance en sa bonté amène le croyant à lui exposer ses besoins dans l'espoir qu'il les satisfera. b) La religion que nous avons appelée objective n'est pas purement individuelle; nous la voyons organisée sur le plan de la collectivité.

Elle comporte un ensemble de croyances partagées par tous, des pratiques de culte communes et publiques, un corps de prêtres chargés de l'enseignement dogmatique et moral et de la présidence des cérémonies. Qu'on songe à la, religion catholique avec son Credo, ses offices liturgiques et sa hiérarchie. Nous nous demanderons successivement si la philosophie a pour office de comprendre les deux formes de religion que nous venons de distinguer : la religion subjective ou sentiment religieux et la religion objective, par exemple la religion catholique. II.

— LA PHILOSOPHIE ET LA RELIGION SUBJECTIVE. Le sentiment religieux est un fait si universel que certains ont cru pouvoir le donner comme une caractéristique propre de l'homme qu'ils définissaient : un animal religieux.

Ayant pour mission de chercher l'explication des choses et avant tout de l'homme, la philosophie ne peut pas passer sous silence un fait si général et d'une telle importance. Admettrait-on d'ailleurs que, effectivement universel durant la période d'enfance de l'humanité, le sentiment religieux s'est bien raréfié, qu'il ne sera bientôt que le résidu anormal d'une mentalité périmée, il n'en resterait pas moins indiscutable qu'il a été universel et qu'on en trouve encore des exemples.

Par suite, il faudrait l'expliquer.

En rendre compte par les lois de la mentalité primitive et attribuer à l'influence de la vie collective la survivance jusqu'à la période contemporaine de certaines conceptions du primitif, c'est toujours expliquer et, par suite, faire oeuvre de philosophie. On ne saurait donc en douter, la philosophie, a bien pour office de comprendre la religion subjective, ce sentiment mystérieux qui saisit l'homme à la pensée de son Dieu, et effectivement les philosophes n'ont pas manqué à leur mission. a) Ils se sont surtout appliqués à déterminer l'origine de l'idée de Dieu et de la croyance des hommes à son existence.

Dans les manuels, cette recherche se présente sous la forme de preuves de l'existence de Dieu; mais si l'on y regarde de près, on verra que cette démonstration consiste à passer en revue les divers moyens par lesquels nous nous élevons à l'idée d'un être qui nous domine et de déterminer quels sont ceux qui sont logiquement valables : cette partie de la métaphysique nous fait comprendre comment nous arrivons à concevoir Dieu.

Mais les philosophes remontent plus haut.

En effet, dans son ascension vers Dieu, notre esprit est aidé par nos éducateurs et par le milieu social dans lequel nous vivons.

Ayant pour mission propre de déterminer les causes premières, les philosophes ont cherché à conjecturer comment les premiers hommes étaient parvenus à l'idée de cet être que personne ne voit, faisant mieux comprendre par là même les croyances de l'homme moderne.! b) Les sentiments religieux et les attitudes pratiques qui en résultent doivent s'expliquer par la nature de l'homme et par la représentation que se fait chacun de la divinité.

Cette étude relève de la psychologie qui cherche à pénétrer le mystère de l'âme religieuse, depuis celle du primitif attaché à ses fétiches jusqu'à celle du mystique chrétien qui, par la fine pointe de l'âme, parvient jusqu'à un être dont le simple contact la remplit de béatitude. Quand nous cherchons à comprendre notre attitude religieuse, c'est-à-dire à en déterminer les éléments et à en discerner les causes, nous nous comportons en philosophe et c'est bien l'office de la philosophie* spécialement de la psychologie, de faire comprendre la religion subjective ou le sentiment religieux.. »

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