Aide en Philo

Bonheur individuel et exigence morale ?

Extrait du document

« Bonheur et devoir : la contradiction • Chacun d'entre nous a pu faire l'expérience de la contradiction concernant nos aspirations au bonheur et les exigences morales de notre vie collective.

Nous souhaitons tous ressentir du plaisir et nous accomplir nous mêmes, nous sommes en quelque sorte habités par le souci d'être heureux. • Mais chacun sait également que notre vie en commun implique une attention prêtée à autrui qui crée des contraintes telles que l'on renonce à ses aspirations fondamentales au bonheur individuel.

Rendre service à un tiers n'implique-t-il pas que l'on s'inflige à soi-même une corvée ? Prendre la défense de la patrie, n'est-ce pas accorder à sa propre vie une valeur inférieure à celle de son pays ? Le problème est de savoir si l'on peut concilier devoir et bonheur alors même que ces exigences paraissent contradictoires. Bonheur et devoir : une conciliation ? • En effet, certains trouvent leur bonheur à accomplir leur devoir.

Celui qu'on appelle un héros — un combattant courageux, un résistant, par exemple — ne se caractérise-t-il pas par le fait qu'il s'accomplit alors même qu'il incarne la rectitude du devoir ? Mais ce sont là des exceptions.

Pour la plupart d'entre nous, devoir et bonheur sont contradictoires en ce que les aspirations individuelles se heurtent aux exigences morales de la vie collective.

Dans la Critique de la raison pratique, Kant montre que le bonheur individuel, recherché par tout un chacun suivant ses propres penchants, ne peut être une finalité morale.

La recherche du bonheur peut fournir des maximes personnelles d'action, mais non des lois à la volonté, même si l'on prend pour finalité le bonheur de tous.

La définition générale du bonheur est subjective, donc variable et changeante.

On pourrait au mieux en tirer des règles générales, mais jamais des règles universelles (valables toujours et nécessairement), car la base en est l'expérience et ce que l'on en ressent.

La recherche du bonheur ne peut donc aboutir à une éthique comportant des règles pratiques communes à tout être raisonnable. A la différence de ces éthiques eudémonistes (eudaimonia : bonheur) qui s'en remettent à la subjectivité de chacun pour apprécier le bonheur, la loi morale doit être valable pour toute volonté raisonnable.

La morale repose sur des lois universelles et nécessaires (valables pour tous et que l'on ale devoir de respecter).

A la question que dois-je faire ?, la morale répond : le devoir, et uniquement le devoir.

Le souverain bien n'est pas le bonheur, mais la bonne volonté, c'est-à-dire la bonne intention, désintéressée, l'intention de faire le bien pour le bien, ou encore de faire le bien par devoir.

Elle repose sur un impératif catégorique ("tu dois parce que tu dois") et non hypothétique ("si tu veux obtenir tel résultat, fais ainsi").

Sans condition, il ne repose sur rien de sensible.

L'action n'est pas bonne suivant ses résultats, mais bonne en soi quand elle est faite par devoir.

"Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle." Par ailleurs, le devoir commande le respect de la personne, de l'être raisonnable en tant que valeur absolue : l'humanité, que ce soit la sienne ou celle d'autrui, doit toujours être respectée comme une fin absolue, et jamais traitée simplement comme moyen.

Seule cette volonté morale est autonome dans le sens où elle répond à la loi de raison qu'elle trouve en elle (et qui exige de nous plier à l'universalité), et non à des exigences sensibles, naturelles et empiriques, qui nous rendent dépendants, hétéronomes : en ce cas, c'est l'expérience qui commande et non la volonté rationnelle. • L'impératif catégorique de Kant est distinct du commandement christique quant à son fondement.

En effet le commandement d'amour du Christ vient de l'extérieur et est fondé sur un commandement antérieur qui prescrit l'obéissance inconditionnelle au Christ.

L'impératif kantien vient, lui, de la raison.

C'est en nous-mêmes que nous le trouvons, comme une structure de notre propre esprit, qui fonde notre moralité. • Que ce soit un «impératif» ne signifie pas que nous soyons contraints à nous y plier, mais il est en nous comme une règle selon laquelle nous pouvons mesurer si nos actions sont morales ou non (d'où la «mauvaise conscience»). • Il se distingue aussi par sa portée.

En effet, traiter les autres «comme une fin» ne signifie pas nécessairement les «aimer».

C'est à la fois moins exigeant, car il s'agit «seulement» de les respecter, en reconnaissant en eux la dignité humaine.

Mais c'est aussi plus exigeant, car il faut maintenir le respect même quand on n'aime pas! C'est là que le «devoir» est ressenti comme tel. • Cependant, cette contradiction semble reposer sur le fait qu'on élève l'homme au rang d'un dieu infaillible en matière de morale, ou qu'on le considère comme une bête qui se complaît dans la satisfaction immédiate et inconséquente de ses plaisirs.

N'y aurait-il pas un genre de vie qui, à la mesure de l'homme, réconcilierait devoir et bonheur ?. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles