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Bergson: art et beauté

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Pour comprendre comment le sentiment du beau comporte lui-même des degrés, il faudrait le soumettre à une minutieuse analyse. Peut-être la peine qu'on éprouve à le définir tient-elle surtout à ce que l'on considère les beautés de la nature comme antérieures à celles de l'art : les procédés de l'art ne sont plus alors que des moyens par lesquels l'artiste exprime le beau, et l'essence du beau demeure mystérieuse. Mais on pourrait se demander si la nature est belle autrement que par la rencontre heureuse de certains procédés de notre art, et si, en un certain sens, l'art ne précéderait pas la nature. Sans même aller aussi loin, il semble plus conforme aux règles d'une saine méthode d'étudier d'abord le beau dans les œuvres où il a été produit par un effort conscient, et de descendre ensuite par transitions insensibles de l'art à la nature, qui est artiste à sa manière. Bergson

« Pour comprendre comment le sentiment du beau comporte lui-même des degrés, il faudrait le soumettre à une minutieuse analyse.

Peut-être la peine qu'on éprouve à le définir tient-elle surtout à ce que l'on considère les beautés de la nature comme antérieures à celles de l'art : les procédés de l'art ne sont plus alors que des moyens par lesquels l'artiste exprime le beau, et l'essence du beau demeure mystérieuse.

Mais on pourrait se demander si la nature est belle autrement que par la rencontre heureuse de certains procédés de notre art, et si, en un certain sens, l'art ne précéderait pas la nature.

Sans même aller aussi loin, il semble plus conforme aux règles d'une saine méthode d'étudier d'abord le beau dans les œuvres où il a été produit par un effort conscient, et de descendre ensuite par transitions insensibles de l'art à la nature, qui est artiste à sa manière. Bergson 1. a) Quelle est la question examinée par Bergson dans ce texte ? b) Quelle réponse lui apporte-t-il ? Montrez comment il l'établit. 2. a) Expliquez : "les procédés de l'art ne sont plus alors que des moyens par lesquels l'artiste exprime le beau" ; b) Expliquez : "si, en un certain sens, l'art ne précéderait pas la nature" ; c) Pourquoi semble-t-il "plus conforme aux règles d'une saine méthode d'étudier d'abord le beau dans les œuvres où il a été produit par un effort conscient" ? 3.

Est-ce l'art qui nous rend sensibles aux beautés de la nature ? 1/ a) La question examinée par Bergson dans ce texte. A quoi tient la difficulté que rencontre le projet de définir l'essence du beau ? b) Elle tient essentiellement, selon Bergson, à un problème de méthode : plutôt que de commencer à étudier le beau tel qu'on l'appréhende dans la nature, il faut d'abord considérer le beau artistique.

Ce défaut de méthode trouve sa source dans un préjugé répandu selon lequel l'art imiterait la nature. Bergson annonce d'abord son projet : il s'agit de comprendre ce qui fait que le sentiment du beau comporte des degrés, il souligne ainsi que l'expérience éprouvée par le sujet face au beau comporte une gradation, qu'elle n'est ni homogène ni uniforme.

Dés lors, il est nécessaire de procéder à une analyse qui permettra d'intégrer cette variation qualitative que comporte le sentiment du beau. Dans un deuxième temps, Bergson expose ce qu'il pense être la source de cet obstacle à notre compréhension de l'essence du beau : il s'agit en fait d'un point de vue selon lequel le beau naturel précéderait le beau artistique.

L'art selon cette perspective se limiterait à imiter la nature.

Mais puisque nous ne pouvons connaître les voies par lesquelles la nature produit le beau, l'essence de celui-ci reste inaccessible. Par conséquent, si l'on veut résoudre le problème posé, il est nécessaire de le poser d'une autre façon.

C'est ce que fait Bergson dans un troisième moment : il faut inverser le point de vue, c'est-à-dire prendre pour point de départ de l'analyse le beau artistique.

En tant qu'il est le résultat d'un "effort conscient" nous pouvons mieux comprendre comment il a été produit.

Du connu, il est ainsi possible de passer graduellement à l'inconnu, c'est-à-dire au beau naturel. De là, la conclusion de Bergson : la nature "est artiste à sa manière".

Sans établir une identité entre le beau issu de l'art et celui produit par la nature, Bergson établit entre eux une sorte de continuité. 2/ a) "Les procédés de l'art ne sont plus alors que des moyens par lesquels l'artiste exprime le beau" : en considérant les beautés de la nature comme antérieures à celle de l'art, on réduit l'activité artistique à une simple habileté technique grâce à laquelle l'artiste donne à percevoir le beau déjà présent dans la nature.

Son art est ainsi assimilé à un talent par lequel il maîtrise des manières de faire. b) "Si en un certain sens l'art ne précédait pas la nature" : afin de résoudre le problème qu'il a posé, Bergson fait l'hypothèse que contre l'idée couramment admise, c'est l'art qui doit servir de modèle pour comprendre l'essence du beau.

Il n'affirme pas que la nature imite l'art mais il établit un parallèle entre les procédés de l'art et les voies de la nature. c) Pourquoi semble-t-il "plus conforme aux règles d'une saine méthode d'étudier d'abord le beau dans les œuvres où il a été produit par un effort conscient" ? La démarche de Bergson vise ici à remonter du connu à l'inconnu.

Dans la mesure où l'art est le résultat d'une activité consciente, il est préférable d'examiner les modalités de cette production humaine par l'examen de notre conscience. Le recours à une méthode c'est-à-dire à un cheminement cohérent et progressif (c'est en ce sens qu'il faut entendre ici les "règles" de la méthode) correspond à l'exigence d'une "analyse minutieuse" formulée au début du texte. 3/ Est-ce l'art qui nous rend sensibles aux beautés de la nature ? On a longtemps considéré que l'art avait pour fonction d'imiter les beautés naturelles.

Sa vocation consistait ainsi à célébrer la nature en la représentant. Mais l'art rivalise-t-il avec la nature ? Peut-on réduire le travail de l'artiste à une simple représentation du beau ? L'analyse de Bergson ouvre ici une nouvelle perspective en ce qu'elle propose de penser la beauté naturelle à l'aune de la beauté artistique.

On peut en effet se demander si notre perception de la nature n'est pas informée ou déterminée par les œuvres d'art.

N'est-ce pas la contemplation d'un tableau de Turner qui nous rend sensibles à la lumière d'un paysage que nous percevons ? N'est-ce pas la description que fait Proust de la passion amoureuse qui vivifie parfois notre propre sentiment amoureux ? Le point de vue présenté par Bergson est proche de celui d'Oscar Wilde qui remarquait que les œuvres artistiques façonnent la perception que l'homme a de la nature.

Ainsi affirmait-il que " ce n'est pas l'art qui imite la nature, mais c'est la nature qui imite l'art".

Si Bergson ne va pas aussi loin, il défend néanmoins l'idée que ce sont les œuvres d'art qui nous disposent à percevoir les beautés de la nature. L'avis du correcteur Sujet classique.

Mais il ne fallait surtout pas confondre les deux thèses en présence.. »

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