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Bergson

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Nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles. Cette tendance, issue du besoin, s'est encore accentuée sous l'influence du langage. Car les mots (à l'exception des noms propres) désignent des genres... Et ce ne sont pas seulement les objets extérieurs, ce sont aussi nos propres états d'âme qui se dérobent à nous dans ce qu'ils ont d'intime, de personnel, d'originalement vécu. Quand nous éprouvons de l'amour ou de la haine, quand nous nous sentons joyeux ou tristes, est-ce bien notre sentiment lui-même qui arrive à notre conscience avec les mille nuances fugitives et les mille résonances profondes qui en font quelque chose d'absolument nôtre : Nous serions alors tous romanciers, tous poètes, tous musiciens. Mais le plus souvent, nous n'apercevons de notre état d'âme que son déploiement extérieur. Nous ne saisissons de nos sentiments que leur aspect impersonnel, celui que le langage a pu noter une fois pour toutes parce qu'il est à peu près le même, dans les mêmes conditions, pour tous les hommes. Ainsi, jusque dans notre propre individu, l'individualité nous échappe. Nous nous mouvons parmi des généralités et des symboles. Bergson

« Nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles.

Cette tendance, issue du besoin, s'est encore accentuée sous l'influence du langage.

Car les mots (à l'exception des noms propres) désignent des genres...

Et ce ne sont pas seulement les objets extérieurs, ce sont aussi nos propres états d'âme qui se dérobent à nous dans ce qu'ils ont d'intime, de personnel, d'originalement vécu.

Quand nous éprouvons de l'amour ou de la haine, quand nous nous sentons joyeux ou tristes, est-ce bien notre sentiment luimême qui arrive à notre conscience avec les mille nuances fugitives et les mille résonances profondes qui en font quelque chose d'absolument nôtre : Nous serions alors tous romanciers, tous poètes, tous musiciens.

Mais le plus souvent, nous n'apercevons de notre état d'âme que son déploiement extérieur.

Nous ne saisissons de nos sentiments que leur aspect impersonnel, celui que le langage a pu noter une fois pour toutes parce qu'il est à peu près le même, dans les mêmes conditions, pour tous les hommes. Ainsi, jusque dans notre propre individu, l'individualité nous échappe.

Nous nous mouvons parmi des généralités et des symboles. Devoir d'un élève. (en violet les annotations du professeur.

Je signale qu'il s'agissait du premier devoir de l'année et donc il a été fait preuve d'indulgence ;-) ) NOTE : 17/20 - L'objet et l'enjeu du texte sont armés et ton commentaire est fidèle à la ? du passage - Bonne mise en perspective - Des qualités au niveau de l'expression.

Bon départ. Lorsque nous parlons, nous utilisons le langage comme moyen de communication, afin d'exprimer une impression, un objet ou un sentiment.

Or nous pouvons penser, comme le fait Bergson, que le langage n'est pas apte à traduire la richesse de l'esprit, car nous éprouvons parfois des difficultés à exprimer à l'aide de mots nos sentiments et nos sensations intérieures.

Dés lors se pose la question suivante : toute la richesse de la pensée est-elle quantifiable en terme de langage ? Indique en plus ici les grandes lignes de ta discussion "Nous ne voyons pas les choses mêmes", nous dit Bergson.

"Nous nous bornons le plus souvent à lire des étiquettes collées sur elles".

Il nous expose ici évite cette présentation l'idée selon laquelle entre la chose et nous s'interpose une tendance à ne voir que quelques signes (les "étiquettes"), au lieu de saisir les choses dans leur unicité.

Cette tendance, ajoute-t-il, est née du besoin utilitaire : si je cherche un crayon bille bleu, je le trouve d'un coup d'œil sans avoir eu à aucun moment besoin de me dire : "je cherche un objet oblong translucide, de telles ou telles dimensions" dont je pourrais détailler les caractéristiques à l'infini.

La force de l'habitude ne me fait retenir que certains aspects de la chose dont j'ai besoin ; aussi le distingué-je de manière immédiate.

Le mot amplifie cette propension naturelle, et entraîne une abstraction encore plus poussée des caractéristiques de l'objet ; "crayon" désigne ainsi un ensemble infini d'objets ayant une fonction analogue.

Il s'agit d'une idée générale, d'un concept, qui catégorise les perceptions antérieures.

Le mot voilerait de fait la réalité unique du référent.

Bergson déplore donc ici notre approche conceptuelle du monde sensible, approche rendue nécessaire par l'action et le dialogue, qui exigent la rapidité du concept et du mot. Il va plus loin encore, affirmant que notre "individualité nous échappe".

Nous pouvons en effet nous demander si lorsque nous éprouvons un sentiment quelconque, nous ressentons notre propre sentiment ou bien le concept qui a pu être transmis par les mots jusqu'à notre conscience.

Comme les mots n'expriment que ce qu'il y a de commun entre tous les hommes animés d'un sentiment semblable (concepts d'amour, de haine par exemple), l'affirmation de Bergson prend tout son sens.

Il tient le signe linguistique pour plat, abstrait et surtout impersonnel.

Dés lors, ne finissons-nous tous pas par adhérer aux mots plus qu'à nos sentiments, nos pensées propres ? Pas tous, nous répond-il : les artistes pourraient, par leur intuition, ressentir véritablement la richesse de leur pensée.

L'artiste éveillerait alors en nous la perception d'une réalité préexistante mais demeurée inaperçue. Ainsi, il en vient naturellement à tirer les conclusions suivantes : pour la plupart d'entre nous, notre champ de pensée (prise au sens large), se situe "extérieurement à nous-mêmes", dans une "zone mitoyenne entre les choses et nous". Cette réduction est rendue nécessaire, nous dit-il, par les nécessités de l'action.

Il est en effet beaucoup plus facile d'agir sur des concepts véhiculés par le verbe qu'en se cantonnant à la réalité.

L'avantage pratique est indéniable : si. »

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