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Bergson

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Le souvenir du fruit défendu est ce qu'il y a de plus ancien dans la mémoire de chacun de nous, comme dans celle de l'humanité. Nous nous en apercevrions si ce souvenir n'était recouvert par d'autres, auxquels nous préférons nous reporter. Que n'eût pas été notre enfance si l'on nous avait laissé faire ! Nous aurions volé de plaisirs en plaisirs. Mais voici qu'un obstacle surgissait, ni visible ni tangible : une interdiction. Pourquoi obéissons-nous ? La question ne se posait guère ; nous avions pris l'habitude d'écouter nos parents et nos maîtres. Toutefois nous sentions bien que c'était parce qu'ils étaient nos parents, parce qu'ils étaient nos maîtres. Donc, à nos yeux, leur autorité leur venait moins d'eux-mêmes que de leur situation par rapport à nous. Ils occupaient une certaine place : c'est de là que partait, avec une force de pénétration qu'il n'aurait pas eue s'il avait été lancé d'ailleurs, le commandement. En d'autres termes, parents et maîtres semblaient agir par délégation. Nous ne nous en rendions pas nettement compte, mais derrière nos parents et nos maîtres nous devinions quelque chose d'énorme ou plutôt d'indéfini, qui pesait sur nous de toute sa masse par leur intermédiaire. Nous dirions plus tard que c'est la société. Bergson

« Le souvenir du fruit défendu est ce qu'il y a de plus ancien dans la mémoire de chacun de nous, comme dans celle de l'humanité.

Nous nous en apercevrions si ce souvenir n'était recouvert par d'autres, auxquels nous préférons nous reporter.

Que n'eût pas été notre enfance si l'on nous avait laissé faire ! Nous aurions volé de plaisirs en plaisirs.

Mais voici qu'un obstacle surgissait, ni visible ni tangible : une interdiction.

Pourquoi obéissons-nous ? La question ne se posait guère ; nous avions pris l'habitude d'écouter nos parents et nos maîtres.

Toutefois nous sentions bien que c'était parce qu'ils étaient nos parents, parce qu'ils étaient nos maîtres.

Donc, à nos yeux, leur autorité leur venait moins d'eux-mêmes que de leur situation par rapport à nous.

Ils occupaient une certaine place : c'est de là que partait, avec une force de pénétration qu'il n'aurait pas eue s'il avait été lancé d'ailleurs, le commandement.

En d'autres termes, parents et maîtres semblaient agir par délégation.

Nous ne nous en rendions pas nettement compte, mais derrière nos parents et nos maîtres nous devinions quelque chose d'énorme ou plutôt d'indéfini, qui pesait sur nous de toute sa masse par leur intermédiaire.

Nous dirions plus tard que c'est la société. I - LES TERMES DU SUJET Ce texte met en perspective les notions d'autorité et d'obéissance dans les relations sociales.

Il pose la question de la légitimité du pouvoir légal. Il apparaît qu'un pouvoir central fondateur de la société est délégué à différentes personnes non naturellement autoritaires mais dont le rôle social les met en situation de commander. Ainsi nous devons nous demander pourquoi nous obéissons et pourquoi nous désobéissons ? II - ANALYSE DU PROBLEME Pourquoi obéissons-nous ? D'où vient l'autorité des parents, des maîtres ? Il semble que la société est fondée sur le pouvoir, que les relations sociales sont des relations de force autour de différents foyers de pouvoir, représentant le pouvoir centralisé. Ainsi, parce que la sociabilité est essentiellement humaine, l'obéissance l'est aussi. L'autorité est-elle pour autant légitime ? Quel est le contrat fondateur de la société ? Dans quelle mesure un citoyen peut-il désobéir ? III - LES GRANDES LIGNES DE REFLEXION Dans une étude ordonnée du texte, nous pouvons expliquer la notion bergsonienne de souvenir en montrant le rôle de tri des souvenirs assumé par le cerveau. Puis il faut analyser les étapes de l'argumentation de l'idée principale sur la légitimité du pouvoir que nous pouvons remettre en cause dans la partie sur l'intérêt philosophique. IV - UNE DEMARCHE POSSIBLE. A - ETUDE ORDONNEE 1 - Le souvenir du fruit défendu C'est le souvenir le plus ancien dans la mémoire collective.

En effet, il suppose le commandement, donc l'interdit, source de toute relation sociale. Si nous ne nous en souvenons pas, c'est que notre cerveau n'a pas jugé bon de le trier, d'autres souvenirs se révélant plus utiles au moment présent. 2 - L'autorité et l'obéissance Notre enfance semble néanmoins semée de fruits défendus.

Nous avons très vite pris l'habitude d'obéir aux commandements de nos parents et maîtres, non qu'ils aient un caractère autoritaire mais parce que leur rôle social les met dans la position de celui qui commande.

Le rôle de l'enfant étant socialement celui de l'obéissant, du soumis. 3 - La société Mais qui a défini ces rôles et les comportements sociaux qui leur sont liés ? "Quelque chose d'énorme qui pèse sur nous de toute sa masse : la société".. »

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