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Bergson

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Le portrait achevé s'explique par la physionomie du modèle, par la nature de l'artiste, par les couleurs délayées sur la palette ; mais, même avec la connaissance de ce qui l'explique, personne, pas même l'artiste, n'eût pu prévoir exactement ce que serait le portrait, car le prédire eût été le produire exactement ce que serait le portrait, car le prédire eût été le produire avant qu'il fût produit, hypothèse absurde qui se détruit elle-même. Ainsi pour les moments de notre vie, dont nous sommes les artisans. Chacun d'eux est une espèce de création. Et de même que le talent du peintre se forme ou se déforme, en tout cas se modifie, sous l'influence même des œuvres qu'il produit, ainsi chacun de nos états, en même temps qu'il sort de nous, modifie notre personne, étant la forme nouvelle que nous venons de nous donner. On a donc raison de dire que ce que nous faisons dépend de ce que nous sommes ; mais il faut ajouter que nous sommes, dans une certaine mesure, ce que nous faisons et que nous nous créons continuellement nous-mêmes. » Bergson

« Le portrait achevé s’explique par la physionomie du modèle, par la nature de l’artiste, par les couleurs délayées sur la palette ; mais, même avec la connaissance de ce qui l’explique, personne, pas même l’artiste, n’eût pu prévoir exactement ce que serait le portrait, car le prédire eût été le produire exactement ce que serait le portrait, car le prédire eût été le produire avant qu’il fût produit, hypothèse absurde qui se détruit ellemême.

Ainsi pour les moments de notre vie, dont nous sommes les artisans. Chacun d’eux est une espèce de création.

Et de même que le talent du peintre se forme ou se déforme, en tout cas se modifie, sous l’influence même des œuvres qu’il produit, ainsi chacun de nos états, en même temps qu’il sort de nous, modifie notre personne, étant la forme nouvelle que nous venons de nous donner.

On a donc raison de dire que ce que nous faisons dépend de ce que nous sommes ; mais il faut ajouter que nous sommes, dans une certaine mesure, ce que nous faisons et que nous nous créons continuellement nous-mêmes. Problème: Comment nous créer nous-mêmes sans pour autant être déterminés par notre nature ou par l'imprévisibilité de nos actes ? Il s'agit de comprendre comment se forme notre être: n'est-il que la stricte réalisation de notre nature, auquel cas nous serions prédéfinis, ou bien nous réalisons-nous au hasard de nos actes, de façon imprévisible ? Quelle place accorder à la liberté dans la construction de soi ? Thèse: Pour Bergson, il faut combiner ces deux démarches.

Nous nous créons aussi bien à partir de notre nature qu'à partir de nos actes.

Notre être engendre certains actes, mais ceux-ci ont une part d'imprévisibilité qui pourra, en retour, venir enrichir notre être.

Ainsi nous ne sommes ni absolument déterminés, ni soumis au hasard.

Nous nous créons nousmêmes librement, à la manière d'un artiste créant une oeuvre. Plan du texte: "Le portrait achevé s’explique par la physionomie du modèle, par la nature de l’artiste, par les couleurs délayées sur la palette ; mais, même avec la connaissance de ce qui l’explique, personne, pas même l’artiste, n’eût pu prévoir exactement ce que serait le portrait, car le prédire eût été le produire exactement ce que serait le portrait, car le prédire eût été le produire avant qu’il fût produit, hypothèse absurde qui se détruit elle-même.

Ainsi pour les moments de notre vie, dont nous sommes les artisans.

Chacun d’eux est une espèce de création." : analyse du mouvement qui va de notre être à nos actes.

Ce que nous faisons dépend de ce que nous sommes.

Bergson met en évidence la part d'imprévisibilité qui intervient dans nos actes en prenant l'exemple de l'artiste créant une oeuvre. "Et de même que le talent du peintre se forme ou se déforme, en tout cas se modifie, sous l’influence même des œuvres qu’il produit, ainsi chacun de nos états, en même temps qu’il sort de nous, modifie notre personne, étant la forme nouvelle que nous venons de nous donner.": analyse du mouvement inverse qui va cette fois de nos actes à notre être.

Nous sommes ce que nous faisons.

Reprise de l'exemple de l'artiste. "On a donc raison de dire que ce que nous faisons dépend de ce que nous sommes ; mais il faut ajouter que nous sommes, dans une certaine mesure, ce que nous faisons et que nous nous créons continuellement nous-mêmes.": Conclusion.

Synthèse des deux mouvements précédents. Critique du texte: Cependant on peut interroger cette liberté, que Bergson situe en fait dans l'imprévisibilité.

Nous revient-il vraiment de nous créer ou ne subissons-nous pas, dans notre nature et dans nos actes, des influences qui nous conditionnent en partie ? Première partie: Bergson prend l'exemple du "portrait achevé" qu'il comparera dans la suite de cet extrait à l'existence humaine.

Il s'agit pour lui de savoir si ce portrait est une oeuvre déterminée, produite par des causes capables d'en rendre compte, ou si au contraire, il s'agit d'une composition émanant de l'imprévisible créativité de l'artiste. Bergson distingue trois causes susceptibles d'expliquer la réalisation, l'achèvement d'un oeuvre picturale. D'abord, la "physionomie du modèle", l'art s'inspire du réel, y trouve une matière, une source d'inspiration.

Mais, il ne faudrait pas croire que Bergson sombre ici dans le préjugé réaliste de l'imitation de la Nature.

Selon lui et pour paraphraser Klee, l'art ne reproduit pas trait pour trait le visible, il rend visible. En second lieu, "la nature de l'artiste" fournit elle aussi des explications quant à la genèse de l'oeuvre.

En effet, l'idiosyncrasie, le talent propre de l'artiste déterminent sa création.

Par exemple, Klimt dont la vie fut fortement. »

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