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Bergson

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La vérité serait déposée dans les choses et dans les faits : notre science irait l'y chercher, la tirerait de sa cachette, l'amènerait au grand jour. Une affirmation telle que "la chaleur dilate les corps" serait une loi qui gouverne les faits, qui trône, sinon au-dessus d'eux, du moins au milieu d'eux, une loi véritablement contenue dans notre expérience et que nous nous bornerions à en extraire. Cette conception de la vérité est naturelle à notre esprit et naturelle aussi à la philosophie, parce qu'il est naturel de se représenter la réalité comme un tout parfaitement cohérent et systématisé, que soutient une armature logique [...] Mais l'expérience pure et simple ne nous dit rien de semblable. L'expérience nous présente un flux de phénomènes : si telle ou telle affirmation relative à l'un d'eux nous permet de maîtriser ceux qui le suivront ou même simplement de les prévoir, nous disons de cette affirmation qu'elle est vraie. une proposition telle que "la chaleur dilate les corps", proposition suggérée par la vue de la dilatation d'un certain corps, fait que nous prévoyons comment d'autres corps se comporteront en présence de la chaleur ; elle nous aide à passer d'une expérience ancienne à des expériences nouvelles : c'est un fil conducteur, rien de plus. La réalité coule ; nous coulons avec elle : et nous appelons vraie toute affirmation qui, en nous dirigeant à travers la réalité mouvante, nous donne prise sur elle et nous place dans de meilleures conditions pour agir. Bergson

« BERGSON : LA VÉRITÉ, UNE IDÉE UTILE Pour le pragmatisme une idée vraie est simplement une idée qui nous est utile, qui fonctionne.

Cette vue est ici défendue par Bergson. « La vérité serait déposée dans les choses et dans les faits : notre science irait l'y chercher, la tirerait de sa cachette, l'amènerait au grand jour.

Une affirmation telle que "la chaleur dilate les corps" serait une loi qui gouverne les faits, qui trône, sinon au-dessus d'eux, du moins au milieu d'eux, une loi véritablement contenue dans notre expérience et que nous nous bornerions à en extraire.

Cette conception de la vérité est naturelle à notre esprit et naturelle aussi à la philosophie, parce qu'il est naturel de se représenter la réalité comme un tout parfaitement cohérent et systématisé, que soutient une armature logique [...] Mais l'expérience pure et simple ne nous dit rien de semblable.

L'expérience nous présente un flux de phénomènes : si telle ou telle affirmation relative à l'un d'eux nous permet de maîtriser ceux qui le suivront ou même simplement de les prévoir, nous disons de cette affirmation qu'elle est vraie.

une proposition telle que "la chaleur dilate les corps", proposition suggérée par la vue de la dilatation d'un certain corps, fait que nous prévoyons comment d'autres corps se comporteront en présence de la chaleur ; elle nous aide à passer d'une expérience ancienne à des expériences nouvelles : c'est un fil conducteur, rien de plus.

La réalité coule ; nous coulons avec elle : et nous appelons vraie toute affirmation qui, en nous dirigeant à travers la réalité mouvante, nous donne prise sur elle et nous place dans de meilleures conditions pour agir.

» BERGSON, La Pensée et le Mouvant, p.

245-46 ordre des idées 1) Conception commune de la vérité : celle-ci « serait déposée » dans les choses, les vérités (scientifiques) résideraient dans le réel. - Exemple : une loi physique vraie comme « la chaleur dilate les corps » serait une réalité inscrite dans les choses mêmes, une réalité en soi, indépendante de notre esprit, et que notre esprit découvre comme il découvre un objet quelconque. -Raison de cette conception : nous considérons spontanément la réalité comme un tout « cohérent et systématisé » organisé et fonctionnant autour d'une « armature », d'une structure logique : les vérités scientifiques (les lois) constitueraient cette armature logique. 2) Réfutation de cette conception - L'expérience nous montre que la réalité n'est pas un tout cohérent mais un flux : dans la réalité rien n'est stable, tout est mouvant, tout change ; la réalité tout entière « coule ».

-Conséquences : a) une vérité ne peut pas être une réalité immuable ; b) cependant elle est quelque chose qui nous permet de prévoir ; c) elle sera donc un « fil conducteur » pour nous diriger dans le flux de la réalité, pour agir efficacement, et simplement cela.

Une vérité n'est pas dans les choses, elle n'est qu'une idée qui nous aide dans notre rapport avec la réalité, une idée qui nous est utile. Bergson écrivait dans une Lettre à Hoffding, « je considère le centre même de la doctrine, l'intuition de la durée.

La représentation d'une multiplicité de « pénétration réciproque », toute différente de la multiplicité numérique, la représentation d'une durée hétérogène qualitative créatrice est le point d'où je suis parti et je suis constamment revenu.

».

C'est à elle qu'il s'agit de revenir pour trouver le véritable fond des choses.

La science se trompe en prétendant nous donner une vision exacte de la réalité, car si celle-ci est mouvement, la science qui fonctionne avec des lois inscrit de la discontinuité dans la continuité, du stable dans du mouvant, de l'espace dans le temps. Certes, nous nous servons nécessairement de mots pour exprimer notre pensée, et le plus souvent dans l'espace, c'est-à-dire que, par l'artifice solidificateur du langage du , nous imposons à notre pensée, sous formes d'idées, concepts, ou d'atomes de connaissance la même discontinuité que existe entre les choses matérielles.

Or, une telle assimilation est utile pour la vie pratique, qui nous fait continuellement manier les choses; elle même indispensable à beaucoup de sciences.

Mais lorsqu'il s'agit de la philosophie, c'est-à-dire de connaissance du réel dans ce qu'il y a absolument d'original, et non plus dans son rapport à l'activité pratique, on peut se demander si une telle méthode de pensée n'a pas pour résultat d'engendrer les insurmontables difficultés auxquelles se heurtent tant de philosophes, en juxtaposant dans l'espace comme autant de blocs distincts, l'inétendu en étendu, la durée pure en temps spatialisé.

Ce n'est donc pas en elle-même la quête de la vérité qui est critiquée, mais sa méthode qui se fonde sur une approche erronée du réel, en tant qu'elle utilise l'intelligence comme instrument de découverte. Nous verrons en premier la vision commune de la science et de la vérité (De « La vérité ...

» à « que soutient une armature logique ») Ensuite que si cette conception a intérêt pratique elle ne saurait prétendre atteindre la réalité (« L'expérience pure...

» à « (...) conditions pour l'action »). La conception commune de la vérité. »

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