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Bergson

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Qu'il soit peinture, sculpture, poésie ou musique, l'art n'a d'autre objet que d'écarter les symboles pratiquement utiles, les généralités conventionnellement et socialement acceptées, enfin tout ce qui nous masque la réalité, pour nous mettre face à face avec la réalité même. C'est d'un malentendu sur ce point qu'est né le débat entre le réalisme et l'idéalisme dans l'art. L'art n'est sûrement qu'une vision plus directe de la réalité. Mais cette pureté de perception implique une rupture avec la convention utile, un désintéressement inné du sens ou de la conscience, enfin une certaine immatérialité de vue, qui est ce qu'on a toujours appelé de l'idéalisme. De sorte qu'on pourrait dire, sans jouer aucunement sur le sens des mots, que le réalisme est dans l'oeuvre quand l'idéalisme est dans l'âme, et que c'est à force d'idéalité seulement qu'on reprend contact avec la réalité. » Bergson

« Qu'il soit peinture, sculpture, poésie ou musique, l'art n'a d'autre objet que d'écarter les symboles pratiquement utiles, les généralités conventionnellement et socialement acceptées, enfin tout ce qui nous masque la réalité, pour nous mettre face à face avec la réalité même.

C'est d'un malentendu sur ce point qu'est né le débat entre le réalisme et l'idéalisme dans l'art.

L'art n'est sûrement qu'une vision plus directe de la réalité.

Mais cette pureté de perception implique une rupture avec la convention utile, un désintéressement inné du sens ou de la conscience, enfin une certaine immatérialité de vue, qui est ce qu'on a toujours appelé de l'idéalisme.

De sorte qu'on pourrait dire, sans jouer aucunement sur le sens des mots, que le réalisme est dans l'oeuvre quand l'idéalisme est dans l'âme, et que c'est à force d'idéalité seulement qu'on reprend contact avec la réalité.

» Articulation des idées — Une thèse centrale La fonction de l'art est de nous montrer la réalité même, en écartant : les « symboles utiles» (par exemple ces symboles que sont les mots: un mot de la langue désigne des réalités en fait très différentes.

Il est bien sûr très utile, très commode et même nécessaire de nommer « arbres» certains objets qui ont des traits communs.

Mais la véritable réalité est faite d'arbres toujours singuliers, que le tableau du peintre, par exemple, nous donne à voir comme tels) ; les « généralités conventionnelles» (c'est-à-dire classifications pratiques, les définitions communes qui nous facilitent la vie et nos tâches quotidiennes, mais qui ne sont pas la fidèle traduction de la réalité puisqu'elles ont été faites dans un autre but: simplifier notre action sur les choses). — Résolution d'un faux problème Le débat entre l'idéalisme et réalisme artistique : l'art véritable est : idéaliste, puisqu'il rompt avec le monde conventionnel qu'est notre monde ordinaire ; réaliste, puisqu'il nous montre la réalité même. Intérêt philosophique du texte L'intérêt philosophique de ce texte tient à ce que, par un retournement singulier de l'opinion commune qui voit dans l'art le règne de l'apparence, non de la réalité, Bergson fait de l'art véritable un dévoilement de la réalité même, dévoilement qui lui permet ailleurs d'assimiler l'artiste au philosophe, qui lui aussi s'efforce de voir la réalité « nue et sans voile ». En engageant une réflexion sur cette vue, on pourra la rapprocher de celle de Hegel, dont elle s'inspire, et l'opposer à celle de Platon qui condamne l'art comme un monde d'illusion, l'artiste produisant un simulacre (l'oeuvre d'art) d'une apparence (l'objet qu'il reproduit, celui-ci n'étant lui aussi qu'un simulacre de l'Idée, qui seule est).. »

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