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Avez-vous éprouvé le sentiment d'être libre ? Avez-vous éprouvé le sentiment de ne pas être libre ? En quoi consistent ces sentiments et quelle valeur leur attribuez-vous ?

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« Avez-vous éprouvé le sentiment d'être libre ? Avez-vous éprouvé le sentiment de ne pas être libre ? En quoi consistent ces sentiments et quelle valeur leur attribuez-vous ? INTRODUCTION.

— La liberté a été si souvent décrite dans la littérature moderne et contemporaine que l'on ne saurait y penser sans superposer à un schéma réel, originel, une sorte de figuration artificielle qui nous vient par réminiscence.

Je me sens libre de choisir entre la Résistance ou la Collaboration, entre le départ pour les Forces Françaises Libres et le fait de rester au lycée Pasteur.

Mais non, ce n'est pas moi : c'est l'élève 'e Jean-Paul Sartre à qui l'histoire est arrivée.

Je suis libre de tuer l'Arabe : cela, c'est du Camus.

Je crois bien pourtant avoir la liberté de partir pour le Brésil.

Nous voici dans Rome n'est plus dans Rome, chez M.

Gabriel Marcel.

Si je dis que je suis « un homme comme les autres » ou « une femme libre », je penserai à Salacrou.

Si j'ai conscience d'être un « voyageur sans bagages », me voici dans Anouilh.

Tant pis : malgré ces thèmes littéraires, je tenterai de donner un aperçu des variations de ma liberté, puis de ma contrainte, et je dirai pour finir quelle valeur il semble qu'il faille leur accorder. PREMIÈRE PARTIE : LA CONSCIENCE DE LA LIBERTÉ A) Le processus de l'acte libre consiste dans une option fondamentale.

Prendre par exemple le cas de la classe de philosophie (ou sciences expérimentales ou mathématiques) ou en propédeutique le français, la philosophie ou l'histoire.

Rien ne m'empêche de choisir le sujet de français puisque ce devoir (1) m'ennuie.

Pourquoi pas ? Me voici devant un abîme d'hésitations.

Si la liberté est contingente il y a là un cas de pure indétermination.

Je décompose mon acte volontaire : motivation, délibération, décision, exécution ! Mais soudain voici que pour être plus libre encore je prends le sujet d'histoire.

Acte gratuit, acte purement libre, acte autochtone ? B) Ce n'est pas là un acte libre.

Car on a été victime d'une sorte de motivation déterminante, qui était l'idée bien arrêtée de faire ce que l'on n'avait aucune raison de faire.

Cf.

le bel et profond apophtegme de Paul Ricoeur : « J'ai une manière de choisir et de me choisir que je ne choisis pas » (Le Volontaire et l'Involontaire, Paris, Aubier, Philosophie de l'Esprit, 1950).

Quand je me décide au contraire à apprendre l'allemand, voilà une décision que j'ai prise en toute connaissance de cause.

Il semble que je suis entièrement, authentiquement libre.

Rien ne m'a empêché.

Je ne suis pas non plus poussé par le désir d'agir gratuitement.

Cela a un sens, une utilité, un rôle nécessaire pour moi.

Alors ? Là encore, cette détermination raisonnable sera dite déterminisme, mais non pas liberté.

Seule sera libre l'action non-indéterminée, mais surdéterminée.

« Un acte est libre dans la mesure où je me reconnais en lui », dit Gabriel Marcel.

Ainsi dans le cas du sage stoïcien, il y avait vraiment liberté quand on avait atteint cette densité de l'être qui allait de pair avec une morale du second degré ; de même pour le sage spinoziste, seule la connaissance du troisième genre pouvait garantir la vraie liberté.

Je me sens libre lorsque, ayant rompu toute espèce de rapport avec la vie en société, m'étant enfermé seul avec moi-même, par la méthode réflexive — mieux encore, m'étant en quelque sorte dépassé moi-même, me plaçant au-dessus et comme au-delà de moimême, je crée une oeuvre dont j'aurai l'impression véritable qu'elle sera authentiquement de moi (et non mienne).

Elle représente mon être et non pas mon avoir. DEUXIÈME PARTIE : LA CONSCIENCE DE LA CONTRAINTE A) Expérience courante des disciplines scolaires, sociales, familiales : je suis forcé d'assister à mon examen.

En un sens j'étais libre de ne pas y venir.

Mais j'aurais eu un zéro.

En fait, s'il est vrai que « jamais nous n'avons été aussi libres que sous l'occupation allemande » (Sartre), l'obéissance passive est le gage de la non-liberté. Jamais nous n'avons été aussi libres que sous l'occupation allemande. (Situations, III) Sartre ne prétend nullement que l'occupation allemande aurait été propice à la liberté politique.

C'est de la liberté au sens métaphysique du terme qu'il s'agit ici.

Être libre c'est être capable de dire non, de refuser une situation. L'occupation allemande est un de ces moments de notre histoire où notre attitude avait une pleine signification. Accepter c'était être complice, refuser, devenir résistant c'était risquer la torture et la mort.

C'est donc une de ces situations limites où les choix ne peuvent qu'être authentiques.

La liberté ne se mesure pas dans les situations sans risque mais dans celles où notre responsabilité et ses conséquences sont pleinement engagées. B) On me dit, on me dicte une décision que je devais prendre.

Je ne réfléchis pas, je n'arrive pas à repenser :. »

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