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Arthur SCHOPENHAUER (1788-1860)

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Aucun être, sauf l'homme, ne s'étonne de sa propre existence ; pour tous les autres animaux elle est une chose qui s'entend de soi et qui ne les frappe pas. Dans le calme de leur regard c'est la sagesse même de la nature qui s'exprime ; car chez eux la volonté et l'intelligence ne se sont pas encore assez fortement séparées pour s'étonner mutuellement, quand elles se retrouvent réunies. Ici l'ensemble du phénomène tient encore fermement au tronc primitif d'où il est né, et participe de l'omniscience inconsciente de notre mère commune, la nature. – Ce n'est qu'après que l'essence intime de la nature (l'objectivation de la volonté de vivre) s'est élevée, vaillante et joyeuse, à travers les deux règnes des êtres inconscients, puis ensuite à travers la longue et vaste série des animaux, qu'elle arrive enfin, avec l'apparition de la raison, c'est-à-dire dans l'homme, et pour la première fois, à réfléchir sur elle-même ; elle s'étonne alors de sa propre oeuvre, et se demande ce qu'elle est elle-même. Son étonnement est d'autant plus grave qu'elle se trouve ici pour la première fois, avec conscience, en présence de la mort, et que la condition finie de toute existence, non moins que l'inanité de toute aspiration. s'imposent à elle avec plus ou moins de force. Ce sont ces réflexions et cet étonnement qui donnent naissance à ce besoin métaphysique propre à l'homme exclusivement : celui-ci est donc un « animal métaphysicum ». A la première origine de sa conscience, lui aussi se considère comme quelque chose qui s'entend de soi. Mais cela ne dure pas ; bientôt, dès ses premières réflexions, se manifeste cet étonnement, appelé à faire naître la métaphysique. Arthur SCHOPENHAUER (1788-1860)

« Si on situe généralement la naissance de la philosophie dans l’antiquité, à travers l’existence de Socrate et de Platon, l’origine même du sentiment philosophique reste un problème.

On reconnaît certes que l’homme est un être qui fait exception dans la nature, de par sa conscience.

Il est vrai que seuls, les hommes ont réellement bâti des civilisations et la philosophie apparaît souvent comme une haute forme de culture.

Pourtant, qu’est-ce qui nous pousse à philosopher ? Schopenhauer, dans ce texte, reprend ici la thèse de base des auteurs antiques : la philosophie est née de l’étonnement( thaumazein) devant les choses.

Pourtant, cela ne suffit pas pour éclairer tout le mystère et il s’agit de comprendre cet étonnement même.

Pour cela Schopenhauer développe une théorie assez originale.

Le philosophe est ainsi connu, outre pour son pessimisme, pour la révolution qu’il opère en donnant la primauté à la Volonté sur l’intellect, là où la tradition ne voyait en l’homme qu’une créature de l’intellect. Son système théorique s’entend à retracer les différentes formes que prend cette Volonté, considérée comme principe de tout ce qui existe, de l’existence minérale à l’existence humaine.

Selon lui, ce qui est évolue au fur et à mesure de l’échelle de l’existence, c’est le degré de conscience.

Les minéraux en étant privé jusqu’à l’homme où elle atteint son degré et sa clarté maximums.

Or, il semble que c’est la conscience qui donne à l’homme la capacité de s’étonner.

La plupart des philosophes n’ont-ils pas vu dans cette faculté le berceau de la philosophie ? Cependant, n’y a t il pas des distinctions à faire entre les hommes mêmes ? En s’interrogeant sur l’étonnement et la conscience, Schopenhauer tente d’élaborer une définition même de la philosophie, d’en circonscrire le domaine.

On peut en effet penser que la science aussi est née de l’étonnement devant les choses, de l’ignorance face au monde.

Qu’est-ce qui peut alors différencier philosophie et science ? Y a-t-il une posture particulière pour la philosophie ? Pourquoi est-elle au sommet des sciences ? Le texte peut se découper en trois parties : la première traite du lien entre conscience, étonnement et philosophie( jusqu’à « phénomènes connus »).

La deuxième tente de montrer en quoi l’homme dans son attitude ordinaire, ne peut atteindre le véritable étonnement( jusqu’à « pour soi).

Enfin la dernière partie tend à prouver la suprématie de la philosophie et de son attitude face au monde. La conscience de l’homme comme exception - Le texte commence par une mise à l’écart de l’homme par rapport au reste de la nature.

Il fait figure d’exception. Beaucoup de philosophes ont réfléchi sur cette particularité de l’homme.

Il est vrai qu’il semble assez évident que l’homme se distingue de l’animal et que la différence est énorme, même si certaines recherches scientifiques soulignent les points communs entre les différentes espèces.

D’ailleurs remarquons que Schopenhauer emploie l’expression « animal métaphysique ».

Certes l’homme est un « animal », il n’y a pas chez Schopenhauer de nature différente de l’homme.

Pour lui, tout ce qui existe a une même origine et provient de la Volonté.

Tout a donc une essence identique. Pourtant, le fait d’ajouter l’adjectif « métaphysique » particularise l’homme et l’éloigne de la bestialité.

Chez lui apparaît la raison qui permet de réfléchir et de se demander ce qu’il est.

La métaphysique est en effet une partie de la philosophie qui s’interroge sur des questions concernant le transcendant( ce qui est séparé de notre monde), sur les principes de notre monde au-delà des sciences particulières.

C’est donc un mouvement vers le haut, un regard qui se détache de la terre pour s’élever à l’origine et aux principes. Cette différence est soulignée dès le début du texte par une mise en apposition de « excepté l’homme ».

L’être humain est présenté seul.

A quoi tient son exception ? Schopenhauer affirme qu’elle consiste en l’étonnement de sa propre existence.

Il s’agit ici de bien comprendre de quoi il s’agit.

Schopenhauer termine sa phrase en soulignant que les autres êtres vivants ne remarquent même pas leur existence.

Or, l’étonnement de sa propre existence ne tient-elle pas justement au fait de connaître cette existence ? La particularité de l’homme réside donc dans le fait d’être conscient de son existence.

La conscience se définit en effet étymologiquement comme adjonction de cum(avec) et de scienta( science).

L’homme conscient possède un savoir qui accompagne son existence.

Il est présent dans tous ses gestes et toutes ses actions.

Un animal peut chez Schopenhauer possédait une conscience mais ce degré de conscience est tellement faible que la conscience de soi, chez lui, n’est pas véritablement développée. Cette particularité de l’homme a été travaillé par beaucoup de philosophes.

Ainsi, Pascal affirme que « l’homme est un roseau pensant ».

Le philosophe développe cette particularité dans la suite de ses Pensées : « la grandeur de l’homme est grande en ce qu’il se connaît misérable.

Un arbre ne se connaît pas misérable ».

La conscience donne une situation particulière à l’homme puisqu’il est n’est plus dans le monde au même titre que les autres objets.

Il est devant le monde.

C’est ce que laisse à penser les propos de Schopenhauer : il parle de « se poser ensuite en face du monde.

» La conscience suppose en effet un écart, une distance entre le monde et l’homme et c’est cet écart qui permet de critiquer et de réfléchir le monde, mais aussi soi-même.

Par-là même, par sa capacité de penser, l’homme dépasse sa condition naturelle.

Kant verra d’ailleurs dans cette possibilité d’avoir des représentations la supériorité de l’homme sur le reste de la nature.

Il écrit dans Anthropologie d’un point de vue pragramtique que « ce pouvoir élève l’homme audessus de tous les autres êtres vivants sur la terre.

» - Or, c’est cette distance entre le monde et l’homme qui lui permet de s’étonner.

Si l’homme faisait partie du monde au même titre que les autres choses, il ne pourrait avoir de représentations et donc de réflexion sur les choses mêmes.

Le fait que conscience et étonnement soient liés apparaît clairement dans la troisième phrase.

Schopenhauer y évoque la naissance de la conscience et remarque qu’elle n’est pas d’emblée marquée par l’étonnement à ses débuts.

Mais il. »

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