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A-t-on raison seul?

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« Introduction : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée » dit Descartes.

Mais pense-t-il ce qu'il dit ? Cette phrase se trouve au début du Discours de la méthode dans lequel Descartes essaie de se défaire de tous les préjugés hérités des autres et refonder à lui seul l'édifice de la science. Ce n'est peut être pas la même chose lorsque les autres nous donnent raison et lorsqu'on a réellement raison.

Dans un cas, on a raison vis-à-vis de la société, par un conformisme, dans l'autre, on a raison vis-à-vis de la réalité. L'histoire nous montre assez de savants martyrs (comme Galilée qui fut sommé d'abjurer son système par l'inquisition) pour que nous sachions qu'on a raison seul.

La raison se confronte aux idéologies dominantes, aux opinions courantes, elle ne peut s'étendre librement que dans la solitude.

Penser par soi même est le premier précepte de la philosophie rationaliste. Pourtant, ce que cherche la raison, c'est l'accord des consciences.

Contre les opinions qui divisent, elle cherche des vérités universelles, valables pour tous.

Dans ce sens, la raison s'oppose à la solitude, elle est le terrain de l'accord, de l'union. La raison se trouve prise dans une étrange tension : elle requiert la solitude de la pensée pour se protéger des préjugés, mais elle vise en même temps l'accord avec autrui. Problématique : La raison se gagne contre les autres, mais elle cherche l'accord de tous. I : Solitude de la raison 1) « Penser par soi-même.

» est le mot d'ordre du rationalisme.

C'est selon Kant le premier précepte du « sens commun » ou raison.

Il s'agit de penser par soi même plutôt que sous l'autorité d'autrui.

Tout ce qui nous vient d'autrui sans être réfléchi va contre la raison, ce n'est que par une reprise réflexive solitaire que l'on fonde en raison la valeur d'une connaissance. [1] "Les Lumières sont la sortie de l'homme de la minorité où il est par sa propre faute.

La minorité est l'incapacité de se servir de son entendement sans la direction d'autrui.

Cette minorité, nous la devons à notre propre faute lorsqu'elle n'a pas pour cause un manque d'entendement, mais un manque de décision et de courage pour se servir de son entendement sans la direction d'autrui.

Sapere aude! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Telle est donc la devise des Lumières." DÉFINITION DES LUMIÈRES Kant définit les "Lumières" comme un processus par lequel l'homme, progressivement, s'arrache de la "minorité".

L'état de "minorité" est un état de dépendance, d'hétéronomie (1).

Dans un tel état l'homme n'obéit point à la loi qu'il s'est lui-même prescrite mais au contraire vit sous la tutelle d'autrui. Altérité aliénante empêchant l'individu de se servir de son propre entendement.

Autrement dit, le principe d'action subjectif de l'individu n'est plus sa propriété, son œuvre propre mais l'œuvre d'un autre.

Que l'on songe ici aux implications politiques d'un tel renoncement à la pensée et à l'action. Tous les despotismes n'ont-ils pas pour soubassement l'abdication des sujets soumis? Et à Kant d'imputer la "faute" (morale) et non l'erreur (épistémologique) que constitue l'état de minorité non point aux oppresseurs (de quelque nature fussent-ils) mais à ceux qui consentent à leur autorité, à ceux qui par lâcheté, par "manque de décision et de courage" laissent leur entendement sous la direction de maîtres, de tuteurs.

Ici, Kant rejoint Rousseau et sa scandaleuse affirmation au chapitre 2 du "Contrat social": "Aristote avait raison, mais il prenait l'effet pour la cause.

Tout homme né dans l'esclavage naît pour l'esclavage, rien n'est plus certain.

Les esclaves perdent tout dans leurs fers, jusqu'au désir d'en sortir; ils aiment leur servitude comme les compagnons d'Ulysse aimaient leur abrutissement.

S'il y a donc des esclaves par nature, c'est parce qu'il y a eu des esclaves contre nature.

La force a fait les premiers esclaves, leur lâcheté les a perpétués." Mais ne nous y trompons point, il ne s'agit , ni pour Rousseau, ni pour Kant, de légitimer le fait de l' "esclavage" ou de la "minorité", mais, de reveiller les consciences de leur somnambulisme du renoncement, de leur léthargie de l'acceptation de l'inacceptable. On l'aura compris la maxime (2) des Lumières est de susciter cette reprise en mains de soi par soi, et ce, en accomplissant cet acte de courage de penser par soi-même en toutes les circonstances de l'existence: "Sapere aude !", "Ose te servir de ton entendement ! ". En effet, qu'est-ce que l'entendement sinon cette faculté de connaissance, capable de juger le vrai du faux, le bien du mal et de se positionner par rapport à eux.

L'entendement, capable d'activité, de délibération fonde au plus haut point notre humanité et indissociablement notre dignité (3): " Or je dis : l'homme, et en général tout être raisonnable, existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyen dont telle ou telle volonté puisse user à son gré ; dans toutes ces actions, aussi bien dans celles qui le concernent lui-même que dans celles qui concernent. »

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