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A-t-on le droit de se servir d'autrui ?

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« A-t-on le droit de se servir d'autrui ? Analyse du sujet : Se servir de quelque chose c'est l'utiliser comme un outil, un moyen en vue d'une fin.

Mais habituellement on se sert de quelque chose.

Or, autrui n'est pas une chose, il semble immoral de l'utiliser comme outil, car cela reviendrait à le considérer comme un objet, à le réifier et ainsi lui ôter son humanité. Proposition de plan : I ] On ne peut pas moralement se servie d'autrui : ‡ Autrui est un autre moi, si je l'utilise, je me réduit moi-même à n'être qu'un outil : "Réduire autrui à un moyen, c'est à la fois m'exposer moi même à être traité ainsi et rendre impossible une communauté fraternelle d'hommes raisonnables, qui traitent l'humanité comme une fin en soi décelable en chaque personne." H.

Pena-Ruiz, L'année bac 89. ‡ Autrui doit être considéré comme un absolu : la personne est une fin en soi, capable de fixer par ses projets, en obéissant à la raison, une fin qui la réalisera.

Cela lui donne une dignité absolue comme si elle avait sa raison d'être en elle même alors que les choses n'ont qu'une valeur relative de moyen. II ] Je me sers pourtant d'autrui : ‡ L'homme est un loup pour l'homme : "Il (l'homme) abuse à coup sûr de sa liberté à l'égard de ses semblables; et, quoique, en tant que créature raisonnable, il souhaite une loi qui limite la liberté de tous, son penchant animal à l'égoïsme l'incite toutefois à se réserver, dans toute la mesure du possible, un régime d'exception pour lui même." Kant, Idée d'une histoire universelle du point de vue cosmopolitique. ‡ Nous vivons en communauté, autrui peut donc constituer un obstacle pour certains buts, il est donc parfois utile de l'employer comme moyen, pour parvenir à ces fins. "Car, semblable au joueur d'échecs qui prévoit la tactique de son adversaire et va transformer le coup préparé contre lui en un piège pour son auteur, je puis faire servir le projet de l'autre à mes fins, comme lui le mien aux siennes.

Il peut tirer les marrons du feu pour moi, ou moi pour lui." C.

Audry, Sartre et la réalité humaine, Seghers, 1966. III] On ne peut échapper à utiliser autrui, et à être utilisé par autrui : ‡ il est extrêmement difficile de distinguer autrui et soi-même : Autrui, tout en étant d'emblée pointé comme autre que moi, est aussi implicitement reconnu comme mon semblable.

Autrui est donc à la fois autre et semblable : c'est pour cela que l'on parle d'alter ego.

Mêlant les catégories du « même » et de « l‘autre », autrui dialectise les relations dans lesquelles il est inséré.

Autrui n'est jamais strictement définissable par simple opposition.

Le mixte de même et d'autre invalide les délimitations, fluidifie les propositions en les rendant perméables à leur contraire. ‡ « Dans le bonheur d'autrui je cherche mon bonheur » Corneille Pompée, : Est-ce qu'en faisant le bonheur d'autrui, je fais (ou espère faire) mon bonheur (individuel) parce que fondamentalement l'un ne va jamais sans l'autre ; les destins particuliers étant liés collectivement ? Mais, l'apparence de bonheur des autres (d'un autre singulier ou singularisé –Stars, par exemple-) a pour effet que je calque sur eux le modèle du bonheur auquel j'aspire : dans ce cas il ne s'agit plus de charité bienveillante mais d'envie et d'imitation qui peuvent peut-être me conduire bien loin d'un développement authentique de moi-même ? L'autre étant un autre moi-même je me sers de lui comme d'un miroir. ‡ On ne peut pas vivre sans autrui, il nous « sert » donc à quelque chose : "Contre l'illusion d'optique, le mirage, l'hallucination, le rêve éveillé, le fantasme, ...

le rempart le plus sûr, c'est notre frère, notre voisin, notre ami ou notre ennemi, mais quelqu'un, grands dieux, quelqu'un!" Michel Tournier, Vendredi ou les limbes du Pacifique, Gallimard. Conclusion : Certes, moralement, nous n'avons pas le droit de nous servir d'autrui, c'est-à-dire de le considérer comme un moyen ?.

Ce faisant, nous lui ôterions toute indépendance, toute vie, toute humanité.

Pourtant, il est avisé dans le quotidien que nous utilisons les autres, notamment pour parvenir à nos fins.

Et même si nous devons considérer autrui comme entièrement libre et indépendant, comme un autre ego, nous sommes souvent amenés à nous considérer nous-mêmes comme supérieurs.

Notre vie a à nos yeux plus de valeur que celle des autres, elle nous importe davantage, à ce titre, nous pouvons juger autrui comme un danger potentiel.

De plus, la nature égoïste humaine nous pousse à juger aisément autrui, tandis que la remise en question de soi n'est pas chose aisée.

Quoiqu'il en soit, même si nous suivons la morale qui nous dicte de ne pas utiliser autrui, car respecter l'autre c'est se respecter soi-même, nous sommes malgré tout amenés à se servir d'autrui, même si cela nous échappe, et s'il n'est pas pris ouvertement comme un outil en vue d'une fin.

En effet, si autrui est un autre moi-même, dans la société dans quelques j'évolue, tous les autrui me construisent, me renvoient mon image, et je les utilise pour évoluer, pour me connaître.

Je l'utilise également car, l'homme étant un animal social, dans son essence, il m'est impossible de vivre sans autrui.

Cependant, une telle « utilisation » n'est pas incompatible avec la liberté et l'individualité qu'il convient moralement de laisser à autrui.. »

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