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A-t-on le droit de se révolter contre l'État?

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« Introduction : Bien définir les termes du sujet : - « A voir le droit de » : possibilité, pouvoir, autorisation, pour faire ou accomplir quelque chose.

C 'est donc agir de façon légitime. - « Se révolter » : c'est lorsque l'homme se dresse non pas uniquement contre sa condition, mais lorsqu'il revendique pour tous les hommes victime de la même injustice.

C 'est un soulèvement de la conscience contre le droit positif (=droit établi) qui se fait au nom du droit naturel (= droit de l'homme en tant qu'être naturel). - « Etat » : c'est un ensemble organisé d'institutions, sous un gouvernement autonome et sur un territoire indépendant.

Il est artificiel, c'est-à-dire qu'il a été créé par l'homme (=on n'en trouve pas d'exemple dans la nature) pour permettre le rassemblement des individus.

Il garantit une c oexistenc e pacifique, en légiférant les rapports entre les individus. C onstruction de la problématique : Le sujet demande de répondre à la question par non ou oui.

Si malgré l'évidence de la réponse (=oui) la ques tion se pose quand même, c'est que d'un certain point de vue, les chos es ne vont pas de soi.

En effet, les théoriciens du contrat social expliquent que c'est l'homme qui, par le contrat s ocial, a créé l'Etat. C omment pouvons-nous légitimement nous révolter contre quelque chose que nous avons nous-mêmes créé e t c h o i s i ? Q u e l l e s s o n t les circonstances dans lesquelles la révolte est légitime, c'es t-à-dire est un droit ? Plan : I/ Nous ne pouvons en aucun cas nous révolter contre l'Etat : • Si l'on c onsidère avec Kant que c'es t la raison qui est à l'origine du fondement de l'Etat, alors il n'est pas possible de se révolter contre lui, car ce qui vient de la raison est universel et a priori. • C e qui c onstitue l'Etat pour Kant, c'est le pouvoir législatif qui est la volonté unifiée du peuple.

Les individus sont unis par la loi civile (= l'usage de notre liberté doit pouvoir coexister avec celle de chacun) qui est une loi universelle et a priori, et donc inconditionnée à elle ne peut donc pas être remise en cause. • Si un sujet veut résister à l'autorité actuellement régnante, il est au nom des lois puni, mis à mort ou banni, parce qu'il met en danger l'Etat, par sa remise en cause de la volonté législatrice.

« C ontre le législateur s uprême de l'Etat, il n'y a donc point d'opposition légale du peuple ; car un état juridique n'est pos sible que par soumission à sa volonté législatrice universelle.

» M étaphysique des moeurs II, I°section, remarque A .

(=la révolte anéantit la constitution légale.) è Nous n'avons donc pas le droit de nous révolter contre l'Etat, puisque c'est un produit de notre raison. II/ Nous pouvons dans certaines circonstances nous révolter contre l'Etat : • C ependant, si les actions du souverain nous apparaissent comme des droits en tant qu'elles se font dans une puissance d'agir reconnue par chacun, il n'en va pas de même, lorsque ce souverain s'arroge des droits qu'il n'a pas. • C f.

Locke dans T raité du gouvernement civil, le contrat passé entre les individus et le souverain pour permettre l'établissement de l'Etat, est un contrat de confiance, et toute déchirure faite à la confiance mise dans les magistrats civils crée des conditions exceptionnelles qui peuvent amener à la révolte, et à la désagrégation du gouvernement.

Les individus ont donc le droit de se révolter quand : 1) un ou plusieurs individus légifèrent sans avoir reçu le mandat du peuple.

2) les dépositaires du pouvoir législatif exercent des voies de fait contre la propriété des sujets, ou qu'ils les réduisent en esclavage (= lorsqu'il y a détournement de pouvoir) • La révolte ne justifie pas une rébellion destinée à provoquer la chute d'un gouvernement, ce s ont les gouvernants qui, en usant de la force sans autorité, sont coupables de rébellion, et non pas ceux qui résistent.

Le droit de révolte n'autorise pas l'action individuelle, il es t exclusivement le droit de la communauté civile. • Le droit de résistance ou de révolte procède bien de la s ouveraineté du peuple, le pouvoir n'étant plus assumé retourne à s on unique propriétaire, le peuple. III/ Plus qu'un droit, la révolte contre l'Etat est un devoir : • Le droit de révolte dont il a été précédemment question, implique qu'il existait un état "normal" accepté, et que ce dernier avait été dénaturé par un dysfonctionnement de l'Etat (les magistrats s'arrogent le pouvoir...).

Le droit naturel remet en cause le droit positif.

M ais peut-être que cet état que nous considérons comme "normal" ne l'est pas réellement. • M arx critique la conception de l'Etat comme idéologie (ensemble de représentations destinées à justifier les intérêts de la clas se sociale dominante économiquement.) Il s'agit de présenter l'intérêt particulier des dominants c omme l'intérêt universel. « A u fur et à mesure que le progrès de l'industrie moderne développait, élargissait, intensifiait l'antagonisme de classe entre le capital et le travail, le pouvoir d'État prenait de plus en plus le caractère d'un pouvoir public organisé aux fins d'asservis sement s ocial d'un appareil de domination d'une classe.

A près chaque révolution, qui marque un progrès de la lutte des classes, le caractère purement répressif du pouvoir d'État apparaît de façon de plus en plus ouverte» [La Guerre civile en France, p.

60-61].

La conc eption marxiste de l'État e s t ici résumée dans son principe essentiel : l'État capitaliste est l'appareil de domination de la classe ouvrière par la bourgeois ie, y compris par la violence comme ce fut le cas, par exemple, durant les journées de juin 1848.

Durant celles-ci, la république bourgeoise avait montré le despotisme absolu d'une classe sur les autres clas ses. A insi, l'État n'est pas extérieur ou au-dessus de la société.

« I l e s t bien plutôt un produit d e l a s o c iété à un stade déterminé de son développement ; il est l'aveu que cette société s'empêtre dans une insoluble contradiction avec ellemême, s'étant scindée en oppositions inconciliables qu'elle est impuissante à conjurer.

M ais pour que les antagonistes, les classes aux intérêts économiques opposés, ne se consument pas — elles et la société — en une lutte stérile, le besoin s'impose d'un pouvoir qui, placé en apparence a u - d e s s u s d e l a s ociété, doit estomper le conflit, le maintenir dans les limites de l'"ordre" ; et ce pouvoir, né de la société, mais qui se place au-dessus d'elle et lui devient de plus en plus étranger, c'est l'État» [L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État, p.

156]. Si l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire des luttes des classes, pour les mêmes raisons , l'État ou les différents États qui s e sont succédé dans l'histoire ont toujours été ceux de la domination d'une classe sur les autres, dans le but de maintenir — souvent par la violenc e [A nti-Dühring, p.

208 sq.] — l'ordre social.

D 'où l'idée d'une disparition de l'État dans une société s ans classe, le communisme, avec quelques difficultés sur les moyens d'y parvenir. • De ce fait, il n'y a pas besoin d'attendre un dysfonctionnement pour se révolter et remettre en cause l'Etat, puisque ce dernier semble être, du point de vue de M arx, une puissance d'aliénation qui sépare l'homme de sa propre essence universelle et des autres hommes.

C e qui voudrait dire que l'homme n'a que le choix entre obéir à l'Etat et travailler par là à sa propre servitude, ou se révolter contre l'Etat pour être libre. • la révolte doit donc non seulement être permanente, mais c'est aussi une nécessité pour parvenir à la liberté. Conclusion : Nous avons donc le droit de nous révolter contre l'Etat, sans quoi celui-ci serait une puissance despotique qui, au lieu de se faire la voix du peuple, ne serait au service que de quelques volontés individuelles.. »

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