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A-t-on le droit de désobéir?

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« Définition des termes du sujet: * * * * Obéir: verbe transitif indirect (latin oboedire, de audire, écouter). Se soumettre à la volonté de quelqu'un, à un règlement, exécuter un ordre : Obéir à ses parents, à la loi. Céder à une incitation, un sentiment, etc.

: Obéir à ses instincts. Répondre au mouvement commandé, fonctionner correctement : Les freins n'obéissent plus.

Mes jambes refusent d'obéir. Être soumis à une force, une action, une règle par une nécessité naturelle : Les corps obéissent à la pesanteur. LOI (n.

f.) 1.

— (Juridique) Prescription promulguée par l'autorité souveraine d'un pays et dont la transgression est poursuivie ; synonyme de loi positive ; par analogie, lois divines : décrets supposés émaner de la volonté divine et gouvernant tant la nature que les actions humaines.

2.

— Par ext., règle suivie avec une certaine régularité dans une société, et dont la transgression est considérée comme une faute, même si elle n'est pas obligatoirement suivie de sanctions : les lois de l'honneur, les lois morales.

3.

— Norme à laquelle on ne peut se soustraire : « L'impératif catégorique seul a valeur de loi pratique » (KANT) ; les lois de la pensée.

4.

— Loi de la nature, loi scientifique : a) Proposition générale constatant une nécessité objective : tout phénomène a une cause.

b) Fonction math.

perm ettant, à partir de données initiales, de calculer la valeur de certaines variables, et pouvant servir à la prévision : « La loi nous donne le rapport numérique de l'effet à la cause » (Cl.

BERNARD) ; les positivistes opposent l'explication par les causes à celle par les lois dans lesquelles ils voient « des relations constantes qui existent entre des phénomènes observés » (A.

COMTE).

5.

— Loi naturelle : a) Prescription du droit naturel.

b) Loi de la nature. -Le droit constitue ce par quoi une société peut assurer sa cohérence interne, il lui est donc consubstantiel ; la notion de droit est donc exactement contraire à la notion de désobéissance. -Désobéir à quelqu'un ou à quelque chose, c'est refuser de rester sous sa dépendance ; c'est donc refuser une forme de norme qui me dirige. -Le droit, qu'exprime la loi, n'est valable que s'il est respecté en tant que tel ; de fait, l'on ne saurait désobéir à une loi sans désobéir au droit lui-même : l'on ne saurait donc avoir un droit à désobéir, car ce serait contradictoire ; cela équivaudrait à avoir un droit à désobéir au droit. -Néanmoins, n'y a-t-il pas un droit plus originel par rapport à celui de l'état social, par rapport auquel l'on pourrait contester ce dernier ? La désobéissance se justifie-t-elle quant au contenu même de sa désobéissance ? I.

Le droit est inviolable, car elle assure la cohésion de la société : il n'y a pas de désobéissance légitime (Platon). -Perspective collective (livre IX des Lois) : les lois sont nécessaires, car elles instaurent une hiérarchie entre ce qui est favorable à l'intérêt commun, et ce qui est favorable aux intérêts personnels.

Ces derniers constituent un élément de désunion sociale (c'est la le danger interne de toute démocratie), tandis que la loi, qui vise l'intérêt commun, en constitue l'élément unificateur. -Perspective individuelle : dans le Criton, Socrate refuse de fuir, et préfère mourir, plutôt que de désobéir à la loi athénienne ; car si tout homme faisait comme lui, les lois n'auraient plus aucune autorité, et la société se disloquerait d'elle-même II.

La loi humaine, celle de la cité autant que celle de mon action libre, est l'expression de la loi morale : en tant que telle, on ne saurait avoir un droit de désobéir à ce qui nous conditionne précisément comme être de droit (Kant). -Perspective individuelle : l'homme n'est libre qu'en obéissant à sa propre loi morale : c'est la théorie de l'autonomie, par laquelle l'individu donne à la maxime de son action la forme pur que lui prête la raison pure dans son usage pratique. -Perspective collective : l'homme ne saurait jamais obéir toujours à cette loi morale ; il faut donc l'établissement de lois politiques, qui soient l'expression de cette loi morale, dans son application à des cas concrets.

Ainsi, on ne peut contester une loi, quand sa légitimité tient à la liaison intime entre le droit et la morale. III.

Une loi peut être contestée quand elle n'est plus légitime : un peuple contre une loi, un esclave contre son maître (Rousseau). -Perspective collective, avec la théorie de la révolte légitime : quand le pouvoir exécutif ne suit pas les décisions votées par la Volonté générale, ce pouvoir n'est plus légitime, puisque s o n mandat vient précisément du peuple lui-même, dans l'intention unique de conserver et de respecter l'autorité de ses décisions.

La révolte devient donc légitime, lorsque la loi ne constitue plus l'expression de la Volonté générale. -Perspective individuelle : a u c u n h o m m e ne peut asservir un autre homme, car l ' h o m m e p o s s è d e u n e liberté inaliénable ; c'est pourquoi toute relation d'asservissement peut être contestée au nom de cette liberté naturelle.

Il y a un droit naturel à désobéir au droit social, quand celui-ci ne respecte pas la nature essentiellement libre et autonome de l'individu humain (cf.

le jeune Jean-Jacques, dans les Confessions, se révolte contre son maître et l u i v o l e u n e p o m m e : ce vol constitue le geste d'un rétablissement de l'égalité naturelle entre les hommes). Conclusion -Il n'y a pas de droit à désobéir, car cela est contradictoire avec la notion même de droit. -Néanmoins, l'on peut distinguer diverses formes de droit, et faire du droit naturel l'étalon à partir duquel peut s'opérer une critique du droit positif d'une société. -Il y a donc un droit à désobéir, quand l'obéissance à une norme donnée ne respecte plus les conditions de sa légitimité, à savoir la libre soumission de l'individu à une norme qu'il s'est lui-même choisie.. »

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