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A quoi tien le pouvoir de la technique?

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« Parler de pouvoir de la technique, c'est substantialiser celle-ci, lui donner une autonomie par rapport à l'homme comme s'il n'avait aucun pouvoir sur elle.

Poser cette question revient à demander en quoi et comment la technique a gagné en autonomie, que s'est-il passé pour que la technique change de nature dans l'histoire.

C'est dans ce changement qu'il faudra percevoir l'essence de la technique, ce qui en elle est susceptible de dériver en domination.

Est-ce quelque chose qui est intrinsèque à la technique ou qui lui extérieur ? 1) Le pouvoir de la technique vient de sa nature même. Entre la simple fabrication d'objets et le règne de la technique se trouve la révolution scientifique.

L'homme comme « maître et possesseur de la nature » selon la sixième partie du Discours de la Méthode de Descartes annonce une rupture dans l'utilisation par l'homme de la technique.

Les sciences physiques et mathématiques fournissent une connaissance plus fine de la matière, elle devient plus malléable, elle peut être transformée.

Par exemple, on peut en extraire des substances par la chimie.

Aussi ce qui en soi ne présente pas de danger quand l'homme en fait une pratique responsable, le devient quand cette maîtrise se transforme en domination, en possession.

En partant de l'idée que l'homme ne veut laisser à elle-même aucune partie de la nature, on ne peut parler que de règne de la technique.

Le monde est « arraisonné » par la technique comme le pense Heidegger dans la Question de la technique. Aussi par une disposition d'un ensemble de moyens en vue d'une fin, par une concentration des moyens de production, par la mécanisation la technique entre dans une autre ère.

L'essence de la technique semble résider dans cette volonté de toujours plus se développer, de dominer les éléments. 2) Le pouvoir de la technique ne réside pas en elle. Le processus irrésistible qui devait conduire l'humanité à l'abondance et au communisme la conduit vers la déshumanisation totale et la catastrophe.

L'avenir de l'homme était le « règne de la liberté » ; le « destin de l'être » conduit maintenant à l'« absence des dieux ».

Là où l'on s'aperçoit que le mouvement technologique contemporain possède une inertie considérable, qu'il ne peut être dévié ou arrêté à peu de frais, qu'il est lourdement matérialisé dans la vie sociale, on tend à faire de la technique un facteur absolument autonome, au lieu d'y voir une expression de l'orientation d'ensemble de la société contemporaine.

Et là où l'on peut voir que « l'essence de la technique n'est absolument rien de technique » (Heidegger, La Question de la technique), on replonge immédiatement cette essence dans une ontologie qui la soustrait au moment décisif du monde humain au faire.

Cet arraisonnement n'a rien en vérité de technique.

Il fait la différence entre le commettre et le dévoilement.

Cet arraisonnement entrave le véritable dévoilement qui n'est possible en définitive qu'avec l'art.

La technique provoque la nature, Un paysan par exemple en labourant sa terre ne la provoque pas. Il n'y a plus d'accord entre l'homme et la terre, il doit la transformer pour en tirer une énergie, une matière qui ne se trouve pas comme telle disponible.

Construire un barrage, une carrière de minerais, une centrale nucléaire est une provocation.

Aussi le travail du paysan sera dit proche de la nature, et la technique moderne éloigne l'homme de la nature en vérité puisque l'homme cherche à en outrepasser les limites, à la dépasser, à en retirer quelque chose qu'elle ne donne pas naturellement.

Pour Heidegger, le pouvoir que peut posséder la technique vient en vérité d'un tournant qui s'est produit dans l'orientation des sciences, moment cartésien de la mathématisation, moment Galiléen qui a ouvert la possibilité de mathématiser toute l'expérience. La technique peut donc se retourner contre la nature après en être issue et constituer un danger pour elle, et ce en un sens qui n'est pas exclusivement matériel, mais qui est aussi spirituel.

Dans son analyse de la technique, Heidegger, très au-delà de la bonne conscience écologique, met en lumière une certaine relation d' « arraisonnement » : à force de vouloir se rendre « maître et possesseur de la nature », comme le disait Descartes, l'homme met, selon la riche métaphore heideggerienne, la nature « à la raison » : Heidegger parle aussi d' « arraisonnement » , comme si la technique abordait la nature en pirate ; Qu'est-ce à dire ? Dans sa conférence titrée « La question de la technique », Heidegger part de la question suivante : « quelle est donc l'essence de la technique moderne pour que celle-(ci puisse s'aviser d'utiliser les sciences exactes de la nature ? » Pour répondre à cette question, il faut inverser le rapport traditionnel entre science et technique.

En apparence, la technique suit les sciences exactes de la nature ; en réalité, la relation est presque inverse : c'est l'application technique qui renforce un certain aspect de ces sciences naturelles : « La physique moderne n'est pas une physique expérimentale parce qu'elle applique à la nature des appareils pour l'interroger, mais inversement : c'est parce que la physique –et déjà comme pure théorie- met la nature en demeure de se montrer comme un complexe calculable et prévisible de forces que l'expérimentation est commise à l'interroger », ajoute Heidegger.

Et peut-être en effet peut-on aller jusqu'à dire que lorsque la science travaille, elle a déjà en vue les applications techniques, qui peut-être alors l'orientent dans ses travaux : c'est bien ce que veut dire Heidegger quand il dit que c'est pour appliquer son « questionnement », sa mise à la question, que la physique est expérimentale. La technique humaine, explique-t-il plus largement, accomplit un destin remontant à la philosophie grecque et au nom duquel elle organise la nature en objet : ce faisant, l'homme viole et épuise un certain « fonds », non pas celui des réserves quantitatives de minéraux, mais celui d'une réserve de dévoilement et d'étonnement.

est-il d'ailleurs si faux que notre rapport à la nature soit devenu à ce point médiatisé par la technique que nous ayons du mal à voir ce qu'est la nature ? Bref, c'est cet enjeu de la technique qui, aux yeux de Heidegger, illustre le mieux l'oubli de l'Etre dont il veut se faire le penseur. Mais, dire que la technique contribue à l'oubli de l'Etre, ce n'est certes pas le rejeter en tant que telle : ce serait un grand contresens que de voir pour autant chez Heidegger une diabolisation ou un refus de la technique. « Nous pouvons utiliser les objets techniques et nous en servir normalement, mais en même temps, nous en libérer, de sorte qu'à tout moment nous conservions nos distances à leur égard.

Nous pouvons faire usage des objets techniques comme il faut qu'on en use.

Mais nous pouvons, du même coup, les laisser à eux-mêmes comme ne nous atteignant pas dans ce que nous avons de plus intime et de plus propre.

Nous pouvons dire « oui » à l'emploi indispensable des objets techniques et nous pouvons en même temps lui dire « non », en ce sens que nous les empêchions de nous accaparer et ainsi de fausser, brouiller et finalement vider notre être.

Mais si nous disons ainsi à la fois « oui » et « non » aux objets techniques, notre rapport au monde technique ne devient-il pas ambigu et incertain ? Tout au contraire.

Notre rapport au monde technique, devient d'une façon merveilleuse, simple et paisible.

» Heidegger. Pour Heidegger, le phénomène fondamental des Temps modernes est la technique dont la science n'est qu'une des multiples facettes.

La technique n' ajs simplement chez lui un sens étroitement technologique, mais a une signification métaphysique et caractérise le type de rapport que l'homme moderne entretient avec le monde qui l'entoure.

la. »

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