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Quel pouvoir la technique nous donne-t-elle ?

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En nous permettant de transformer la matière, la technique commence, semble-t-il par nous donner un pouvoir sur la nature, une capacité d'action sur les choses. En ce sens, le lien entre technique et science est essentiel : c'est en connaissant la nature que nous pouvons agir sur elle ou, comme l'affirmait Bacon, « on ne commande à la nature qu'en lui obéissant ». Cette idée d'une maîtrise de la nature, nous la retrouvons chez Descartes, lorsqu'il affirma que la science et la technique doivent nous rendre « comme maîtres et possesseurs de la nature ».

« La profusion des utilisations de la technique dans le monde contemporain va de pair avec la croissance de nos pouvoirs sur ce monde.

Cette constatation nous invite à penser que le savoir technique serait étroitement lié à notre action.

En partant de cette idée, on peut définir la technique comme l'ensemble des procédés et des méthodes d'un métier, d'un art, d'une science.

Ces procédés sont codifiés, c'est à dire très précis, transmissibles et leur principale caractéristique est qu'ils visent un but utilitaire. Ce dernier point est important puisqu'il nous permet d'écrire que s'il y a actuellement un tel attrait pour la technique c'est en grande partie dû au fait qu'elle permet d'opérer des applications de divers procédés.

En d'autres termes, elle nous donne une capacité d'action. La question se pose alors de savoir sur quoi la technique nous permet d'agir ? Nous allons tout d'abord constater que la technique nous donne un pouvoir sur la nature, pour ensuite considérer que la technique nous donne un pouvoir sur les hommes.

Enfin, nous examinerons le raisonnement par lequel le racisme utilise la technique pour tenter d'établir une hiérarchie entre les hommes. En nous permettant de transformer la matière, la technique commence, semble-t-il par nous donner un pouvoir sur la nature, une capacité d'action sur les choses.

En ce sens, le lien entre technique et science est essentiel : c'est en connaissant la nature que nous pouvons agir sur elle ou, comme l'affirmait Bacon, « on ne commande à la nature qu'en lui obéissant ».

Cette idée d'une maîtrise de la nature, nous la retrouvons chez Descartes, lorsqu'il affirma que la science et la technique doivent nous rendre « comme maîtres et possesseurs de la nature ». Certes, cette maîtrise n'est pas illimitée, mais elle est importante pour l'homme, dans la mesure où elle lui permet d'œuvrer pour son bonheur.

Pour Descartes, par exemple, la technique a pour but d'améliorer les conditions de vie matérielles des hommes .

Mais bien que ce pouvoir soit en passe de devenir illimité en fait (par le biais du progrès), c'est à dire bien que les limites matérielles de e que nous pouvons faire et ne pas faire soient de plus en plus dépassées, ne faut-il pas concevoir d'autres limites ? Aux limites proprement techniques qui disparaissent progressivement, ne faut-il pas ajouter par nous-mêmes des limites volontaires, d'ordre éthique et écologique ? C'est ce que pense notamment le philosophe allemand Hans Jonas, auteur de Le principe responsabilité, de l'introduction duquel le texte suivant est extrait : « Le Prométhée [illustrant le développement de la technique] définitivement déchaîné, auquel la science confère des forces encore jamais encore connues et l'économie son impulsion effrénée, réclame une éthique qui, par des entraves librement consenties, empêche le pouvoir de l'homme de devenir une malédiction pour lui. La thèse liminaire de ce livre est que la promesse de la technique moderne s'est inversée en menace, ou bien que celle-ci s'est indissolublement liée à celle-là.

Elle va au-delà du constat d'une menace physique.

La soumission de la nature destinée au bonheur humain a entraîné par la démesure de son succès, qui s'étend maintenant également à la nature de l'homme lui-même, le plus grand défi pour l'être humain que son faire ait jamais entraîné. Tout en lui est inédit, sans comparaison possible avec ce qui précède [ …] Nulle éthique traditionnelle ne nous instruit donc sur les normes du "bien" et du "mal" auxquelles doivent être soumises les modalités entièrement nouvelles du pouvoir et de ses créations possibles.

La terre nouvelle de la pratique collective, dans laquelle nous sommes entrés avec la technologie de pointe, est encore une terre vierge de la théorie éthique. Dans ce vide (qui est en même temps le vide de l'actuel relativisme des valeurs) s'établit la recherche présentée ici. Qu'est-ce qui peut servir de boussole ? » Pour Jonas, la technique moderne pose des problèmes nouveaux en termes d'éthiques : parce qu'elle est collective (elle engage tout le monde) et concerne tout le monde, la technique moderne ne peut être jugée d'après la morale classique.

Il faut donc que nous nous donnions de nouveaux impératifs éthiques, adaptés à cette situation nouvelle. A la formule Kantienne de l'impératif catégorique, qui concerne essentiellement l'action individuelle à portée limitée, nous devons donc ajouter de nouveaux impératifs comme : « Agis de telle sorte que ton action n'empêche pas la possibilité future d'une vie authentiquement humaine sur Terre ! » Une technique sans limites pourrait donc être dangereuse et devenir une malédiction pour l'homme. Nous avons vu dans la première partie que la technique nous donnait un pouvoir, c'est à dire ici une capacité d'action, sur la nature.

L'accroissement de ce pouvoir doit nous amener à poser des limites éthiques (morales), comme l'a montré par exemple Hans Jonas.. »

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