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A quoi sert la raison ?

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« ANALYSE DU SUJET ET FORMULATION DES ENJEUX La formulation de ce sujet ne doit pas inciter le candidat à une simple énumération des divers usages de la raison. L'exigence est toujours la même : on attend une analyse et une problématisation.

Il faut donc convertir la question en une difficulté à répondre. Que peut-on faire avec la raison ? Que nous apporte-t-elle ? Quelles sont les fins qu'elle permet d'atteindre ? Le terme de « raison » appelle quelques précisions.

En grec ancien, le terme de logos désigne la raison en un sens large de faculté du discours : l'homme est un animal rationnel au sens où il est doué de langage (on retrouve la racine logos dans langage).

Mais en un sens plus strict et plus exact, la raison désigne une certaine manière de parler ou de penser qui consiste à ne pas seulement affirmer mais aussi à justifier ce que l'on dit.

Contre l'opinion qui se contente d'affirmer, la raison raisonne : elle enchaîne les propositions, les déduit les unes des autres à partir de propositions premières (principes).

La raison est à la fois une pensée critique (qui questionne et recherche la justification, la preuve) et logique (qui s'efforce de ne pas se contredire dans ses raisonnements).

Elle est souvent envisagée comme un pouvoir que la pensée exercerait sur elle-même (pouvoir logique : on retrouve aussi logos dans logique). Nous pouvons donc reformuler notre question ainsi : à quoi cela sert-il de justifier ce que l'on dit, de chercher à prouver ce qu'on affirme par des chaînes parfois longues de déductions, comme en mathématiques par exemple ? Il n'est pas difficile de trouver un certain nombre d'usages de la raison.

Toutefois le véritable enjeu problématique est en amont : la raison sert-elle vraiment à quelque chose ? Notre sujet réclame d'être déployé pour être problématisé.

Il conduit naturellement à réfléchir sur la valeur de la raison : est-elle utile ? Et en admettant qu'elle ne le soit pas, n'a-t-elle pour autant aucune valeur (toute valeur n'est pas en effet d'ordre utilitaire) ? Notre sujet engage la réflexion à mettre en question la valeur de la raison. PLAN Introduction 1) Les usages de la raison A - Usage théorique B - Usage technique C - Usage social 2) Les illusions de la raison A- La raison comme projet de maîtrise B-Critique de l'idée d'un pouvoir rationnel C-La raison comme symptôme 3) Que le bon usage de la raison est de se critiquer elle-même A- La raison comme pouvoir critique B- Un exemple : le pluralisme des raisons mathématiques Conclusion Introduction L'utilité de la raison ne paraît pas difficile à établir.

Dans des domaines très variés elle permet, par ses calculs, l'exactitude de la pensée et l'efficacité de l'action.

Plus que n'importe quel outil matériel, elle semble être le moyen le plus indispensable à l'humanité civilisée.

On peut toutefois s'interroger sur la maîtrise que nous promet l'exercice de son pouvoir.

N'est-il pas illusoire de croire que par sa raison, l'homme peut contrôler aussi bien ses pensées que le monde ou la nature ? La raison sert, indéniablement ; mais n'a-t-elle pas aussi comme effet d'entretenir de faux espoirs, voire d'alimenter un mythe sur son rôle et sa place dans la condition humaine ? Il y aurait alors quelque naïveté à ne voir dans la raison qu'un simple outil. 1.

Les usages de la raison A.

Usage théorique Être rationnel, c'est ordonner ses pensées de manière rigoureuse, logique, afin de ne pas se contredire dans l'enchaînement de ses idées.

Sans raison, il n'y aurait aucun savoir cohérent et démonstratif, c'est-à-dire aucune science. B.

Usage technique La raison scientifique, en découvrant les causes des phénomènes de l'expérience, permet d'agir sur eux, de les modifier ou de les reproduire artificiellement.

Si, comme l'expérience semble le montrer, la nature obéit au principe de causalité, si elle est ordonnée rationnellement selon des lois, alors la raison humaine peut espérer prévoir certaines de ses transformations et, plus généralement peut-être, maîtriser son devenir. C.

Usage social Le respect des règles logiques, en assurant la cohérence et la clarté de la pensée, garantit aussi la compréhension. »

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