A quoi reconnaît-on une oeuvre d'art ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet
Il semble assez difficile de donner une définition fixe de l'oeuvre d'art, tant les définitions de l'art lui-même sont
nombreuses et variables.
Il s'agit justement ici de résoudre cette difficulté en dégageant les critères auxquels on
reconnaît une oeuvre d'art.
Reconnaître, c'est re-connaître : on a déjà une connaissance sur l'objet que l'on
reconnaît, on sait ce qu'il est, et une nouvelle confrontation avec lui constitue une sorte de réactivation de cette
connaissance.
Comme le montre l'emploi de l'expression « à quoi », ce qui est en jeu ici ce sont les critères de la
reconnaissance de l'oeuvre d'art, c'est-à-dire l'ensemble des visions que nous avons de l'art et qui nous permettent
de dire de tel ou tel objet qu'il est une oeuvre d'art.
A première vue, les réponses peuvent aller dans des directions très différentes, tant l'art présente de multiples
facettes : on peut le considérer comme un mode d'expression, et alors l'exceptionnelle expressivité d'un objet pourra
faire dire qu'il est une oeuvre d'art ; il est l'activité de certains, les artistes, et alors tout objet produit par un
artiste en tant qu'artiste pourrait être nommé oeuvre d'art ; il est aussi phénomène social : les oeuvres sont reçues
par un public, et alors ce serait ce dernier qui pourrait décider si tel objet est ou non une oeuvre d'art ; on pourrait
même dire que l'art est un phénomène marchand : et alors n'importe quel objet en vente dans une galerie d'art
serait aussi oeuvre d'art.
Comment embrasser ces différentes directions à l'aide de la philosophie de l'art ? En fait, c'est la définition même de
l'art qui va permettre de décider des critères de reconnaissance de l'oeuvre d'art : il faudra donc examiner diverses
positions philosophiques sur l'art (l'art comme imitation, comme expression d'une personnalité, comme recherche du
sublime...) pour définir certaines conditions auxquelles on pourra dire que tel objet est une oeuvre d'art, en mêlant
le point de vue philosophique et l'attention à ce qu'est effectivement la pratique artistique.
Textes à utiliser
Hegel, Esthétique
« Éveiller l'âme : tel est, dit-on, le but final de l'art, tel est l'effet qu'il doit chercher à obtenir.
C'est de cela que
nous avons à nous occuper en premier lieu.
En envisageant le but final de l'art sous ce dernier aspect, en nous
demandant notamment quelle est l'action qu'il doit exercer, qu'il peut exercer et qu'il exerce effectivement, nous
constatons aussitôt que le contenu de l'art comprend tout le contenu de l'âme et de l'esprit, que son but consiste à
révéler à l'âme tout ce qu'elle recèle d'essentiel, de grand, de sublime, de respectable et de vrai.
Il nous procure,
d'une part, l'expérience de la vie réelle, nous transporte dans des situations que notre expérience personnelle ne
nous fait pas, et ne nous fera peut-être jamais connaître : les expériences des personnes qu'il représente, et, grâce
à la part que nous prenons à ce qui arrive à ces personnes, nous devenons capables de ressentir plus profondément
ce qui se passe en nous-mêmes.
D'une façon générale, le but de l'art consiste à rendre accessible à l'intuition ce qui
existe dans l'esprit humain, la vérité que l'homme abrite dans son esprit, ce qui remue la poitrine humaine et agite
l'esprit humain.
C'est ce que l'art a pour tâche de représenter, et il le fait au moyen de l'apparence qui, comme telle,
nous est indifférente, dès l'instant où elle sert à éveiller en nous le sentiment et la conscience de quelque chose de
plus élevé.
C'est ainsi que l'art renseigne sur l'humain, éveille des sentiments endormis, nous met en présence des
vrais intérêts de l'esprit.
Nous voyons ainsi que l'art agit en remuant, dans leur profondeur, leur richesse et leur
variété, tous les sentiments qui s'agitent dans l'âme humaine, et en intégrant dans le champ de notre expérience ce
qui se passe dans les régions intimes de cette âme.
« Rien de ce qui est humain ne m'est étranger » : telle est la
devise qu'on peut appliquer à l'art.
»
Alain, Système des Beaux-Arts
« Il reste à dire en quoi l'artiste diffère de l'artisan.
Toutes les fois que l'idée précède et règle l'exécution, c'est
industrie.
Et encore est-il vrai que l'oeuvre souvent, même dans l'industrie, redresse l'idée en ce sens que l'artisan
trouve mieux qu'il n'avait pensé dès qu'il essaie ; en cela il est artiste, mais par éclairs.
Toujours est-il que la
représentation d'une idée dans une chose, je dis même d'une idée bien définie comme le dessin d'une maison, est
une oeuvre mécanique seulement, en ce sens qu'une machine bien réglée d'abord ferait l'oeuvre à mille exemplaires.
Pensons maintenant au travail du peintre de portrait ; il est clair qu'il ne peut avoir le projet de toutes les couleurs
qu'il emploiera à l'oeuvre qu'il commence ; l'idée lui vient à mesure qu'il fait ; il serait même rigoureux de dire que
l'idée lui vient ensuite, comme au spectateur, et qu'il est spectateur aussi de son oeuvre en train de naître.
Et c'est
là le propre de l'artiste.
Il faut que le génie ait la grâce de la nature et s'étonne lui-même..
»
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