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À quelles conditions une démarche est-elle scientifique ?

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« Termes du sujet: CONDITION (n.

f.) 1.

— Dans la proposition « si A alors B », A est condition de B ; se dit aussi du premier terme d'une relation causale réelle (les conditions d'un phénomène).

2.

— Condition nécessaire et suffisante : A est condition nécessaire et suffisante de B, si quand A on a toujours B et sans A jamais B. 3.

— Manière d'être, situation (la condition humaine), situation sociale. 4.

— Conditionné : a) Qui dépend d'une condition.

b) Qui a subi un conditionnement.

5.

— Conditionnement : processus par lequel un comportement en vient à être déterminé par des conditions données ; modification d'un comportement par établissement de réflexes conditionnés (cf.

réflexe).

6.

— Conditionnel : qui dépend d'une condition ; pour QUINE, nom de l'implication matérielle. [Introduction] La référence à « la science » est devenue, pour la société moderne, si fréquente qu'elle peut générer un nouvel argument d'autorité : dans un débat, prétendre que l'on s'appuie sur des données « scientifiques » peut suffire pour que l'adversaire se tienne coi, sans chercher à en savoir davantage.

Or la démarche scientifique suppose un certain nombre de règles, et il est fréquent que l'on attribue à des discours peu scrupuleux une scientificité dont ils sont en fait dépourvus. C'est pourquoi il importe, intellectuellement et même déontologiquement, de préciser à quelles conditions une démarche est en effet scientifique. [I.

Abandon des causes premières et finales] En exposant sa loi des « trois états » qui « résume » l'évolution de l'esprit humain dans ses tentatives pour élaborer sa connaissance, Auguste Comte souligne que, durant les deux premiers (état théologique et état métaphysique), l'esprit humain cherche à résoudre des questions en « pourquoi ? » et « pour quoi ? », c'est-à-dire relatives aux causes premières et finales.

En s'interrogeant ainsi sur l'origine première ou le but ultime des choses et du monde, l'esprit ne peut que formuler des hypothèses de type métaphysique qui correspondent sans doute à son inquiétude face à la nature et à son désir de l'expliquer intégralement, mais qui doivent être clairement distinguées des questions qu'il qualifie de « positives » ou « scientifiques ».

Celles-ci ne s'intéressent qu'aux causes les plus proches des phénomènes ; elles cherchent un fonctionnement, et non plus une origine ou un but.

À ces questions en « comment ? », l'esprit pourra apporter des réponses soulignant l'existence de relations entre les phénomènes, qui prendront la forme de lois.

La loi scientifique énonce, par définition, la permanence et l'universalité d'une relation ; elle propose donc une explication valable pour tous les phénomènes ou situations comparables à ceux qui auront permis de la découvrir. Cette démarche positive de l'esprit, qui n'est donc pas spontanée, a pour condition une séparation radicale entre un univers objectif (ou objectivable) et l'univers de la subjectivité.

Les deux premiers états ne peuvent encore accomplir cette distinction : dans leur mode d'interprétation, les phénomènes renvoient à des projets, des intentions, des volontés (qu'il s'agisse de ceux des divinités ou de ceux de la nature).

L'attitude scientifique ne peut donc apparaître que lorsque la nature est conçue comme privée de dimension spirituelle ; elle n'est constituée que de faits bruts ou de choses, en deçà desquels il n'y a plus à supposer la présence d'un esprit, d'une force qui animerait le phénomène.

Lévy-Bruhl a montré que, dans la mentalité « primitive », nature et surnaturel sont mélangés et communiquent en permanence : les choses, imprégnées ou traversées de forces spirituelles, ne peuvent être abordées scientifiquement. [II.

Défiance à l'égard de la perception] La loi que recherche la démarche scientifique formule un fonctionnement universel ; elle désigne du même coup des phénomènes qui ne peuvent se manifester directement pour la perception.

Celle-ci, lorsqu'elle est spontanée, est sensible aux singularités, à l'aspect anecdotique des choses : percevoir, c'est demeurer à l'intérieur d'un univers de phénomènes particuliers et changeants, dont chacun semble devoir appeler une explication spéciale.

Pour que la démarche scientifique s'établisse, il faut donc se détourner de ce que nous apporte la perception, et ne s'intéresser qu'à ce qui, en deçà des apparences, produit ce qu'elle nous livre.

Ce qui suppose un travail intellectuel d'abstraction : l'intelligence travaille sur des concepts, non sur les apparences. La démarche scientifique prend ainsi la succession de la méfiance déjà exercée par Platon à l'égard des apparences sensibles : il s'agit toujours de ne pas se laisser piéger par le chatoiement du divers. De ce premier point de vue, la critique des pseudo-sciences est relativement facile : elles s'intéressent à des singularités, alors que la science authentique n'est concernée que par les phénomènes universels. La pseudo-science est fascinée par les exceptions, par tout phénomène d'aspect étonnant ou irrégulier, qui a l'air (relativement à un certain état du savoir) d'échapper au déterminisme et aux lois universelles : ce qui fascine par exemple dans la parapsychologie, c'est sa capacité à prendre en charge des « faits » qui révéleraient des situations échappant à l'universalité de la condition humaine. Ce qui différencie ainsi le monde perçu du monde scientifiquement connu, c'est que le premier semble être donné immédiatement, alors que le second ne peut être qu'intellectuellement construit.

C'est pourquoi la perception première, avec les pseudo-évidences qu'elle entraîne, est considérée par Bachelard comme un obstacle épistémologique de première importance.

C'est aussi pourquoi la connaissance scientifique peut contredire totalement les apports de la perception — le cas le plus classique étant ici celui de l'héliocentrisme, qui affirme le contraire de ce que suggère la perception quotidienne (autre exemple classique : la loi de la chute des corps : nous n'avons jamais vu une feuille tomber verticalement à l'automne).. »

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