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A défaut de certitude, une science du probable peut-elle suffire ?

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« THÈMES DE RÉFLEXION • Sans doute convient-il de distinguer entre « probable » et « vraisemblable »... • Sans doute convient-il de s'interroger sur le ou les sens possibles du terme « probable », notamment en regard du terme « hasard ». • Se demander dans quelle mesure la discussion menée est liée à la question de la « prévisibilité » et du « déterminisme ». — Pour le savant ne pourrait-on dire que la notion de déterminisme équivaut à celle de prévisibilité ? Cf.

De Broglie, Continu et Discontinu (Albin Michel). « II y a déterminisme lorsque la connaissance d'un certain nombre de faits observés à l'instant présent ou aux instants antérieurs jointe à la connaissance de certaines lois de la nature, lui permet de prévoir rigoureusement que tel ou tel phénomène observable aura lieu à telle époque postérieure.

» — L'imprévisible serait-ce l'indétermination, voire pourrait postuler « l'indéterminisme » ? Cf.

De Broglie. « On peut et on pourra toujours supposer qu'il existe un déterminisme fondamental des phénomènes qui nous resterait caché et se trouverait au-delà des limites de notre science humaine, mais c'est là une hypothèse métaphysique, un acte de foi et ce déterminisme ne serait pas celui que le physicien a seul, nous semble-t-il, le droit d'envisager et que nous avons défini par la prévisibilité rigoureuse.

» — Réfléchir aux rapports entre la notion de « hasard » et celle d' « imprévisible » (sous l'angle de l'appréhension du savant en tant que savant). — Idée de hasard comme absence de lois (physico-chimiques en particulier). Cette absence peut être simplement au niveau de la non-connaissance.

On dira qu'un phénomène s'est produit « par hasard » parce qu'en fait on en ignore la cause, plus précisément qu'on ignore qu'elle puisse avoir une cause. Ou bien parce que, sachant pourtant que se sont exercées sur le phénomène des déterminations suffisantes pour en rendre compte, on était hors d'état de le prévoir (exemple : la « sortie » du numéro 23 à tel moment à la roulette).

Ce hasard n'est nullement contradictoire avec un ordre de la nature strictement déterminé. — Idée de hasard comme rencontre spatio-temporelle imprévisible de séries causales indépendantes (exemple : à la suite d'un ouragan telle pierre se détache, écrase et interrompt la croissance de télécopiante placée au point de chute).

Il s'agit ici de la conception élaborée par Cournot.

Parmi les innombrables séries causales indépendantes de l'univers nous ne pouvons pas songer à celle qui viendra converger avec telle autre, à tel lieu du monde, et à tel moment du futur. Ceci n'infirme en rien l'idée d'un certain ordre de la nature Si l'on conçoit cet ordre sous la forme de lois « stables » impliquant une certaine régularité dans la nature et non pas un chaos pur et simple. — Idée de hasard renvoyant à l'idée d'un indéterminisme fondamental. A partir des relations d'incertitude de la physique quanti que, Heisenberg avance non seulement que « toute loi est loi du hasard » mais qu'il existe un hasard ultime, irréductible, inexplicable par des lois plus profondes, fussent-elles elles-mêmes statistiques. Si l'on s'arrête à cette position, il est clair ici que cette idée de hasard est contradictoire avec la conception d'un ordre de la nature selon des lois déterminées.

Ainsi Heisenberg déclare : « Dans la nature, puisque tout est le fruit du hasard, il n 'y a pas de loi, il n'y a que des corrélations.

» Peut-on alors parler encore d' «un ordre du monde.» et si oui, comment le concevoir ? — Idée de « lois du hasard ». Les progrès des sciences de la nature, la physique surtout, la chimie et maintenant la biologie ont fait apparaître la nécessité de recourir à ces concepts paradoxaux : « les lois du hasard ».

Plus on va loin et précisément dans l'investigation de la nature, plus on est conduit à se fonder sur des lois du hasard, sur la théorie de la probabilité, et mieux on peut prédire puissamment et précisément ! Autrement dit plus on comprend la nature, plus on découvre et relie de phénomènes entre eux, plus donc — en un certain sens -— on trouve de l'ordre dans la nature, plus on est conduit à exprimer cet ordre, à l'investiguer selon les « lois du hasard ». En d'autres termes le hasard y est omniprésent mais se supprime lui-même en prenant la forme de lois, où il est si bien caché, et de façons si diverses, qu'il faut à chaque fois aller le rechercher lorsqu'il faut expliquer la loi visible par une loi plus profonde. • Lire impérativement certains chapitres du livre de Karl Popper intitulé « La logique de la découverte scientifique » (Payot) — chapitre VIII : « La probabilité » — chapitre X : « La corroboration ou comment une théorie résiste à l'épreuve des tests ».

; Citation p.

257 : « L'on a souvent tenté de décrire les théories comme n'étant ni vraies m fausses, mais plutôt comme plus ou moins probables.

La logique inductive, plus particulièrement, s'est développée comme une logique susceptible d'attribuer aux énoncés non seulement les deux valeurs « vérité » et « fausseté » mais encore des degrés de probabilité... Pourtant à mon avis, le problème de la probabilité repose dans son entiéreté sur une idée fausse.

Au lieu de débattre de « la probabilité » d une hypothèse, nous devrions essayer d'évaluer les tests, les épreuves, qu elle a passés, c'est-à-dire que nous devrions essayer d'évaluer jusqu'à quel point elle a pu prouver son aptitude à survivre en résistant aux tests.

Bref, nous devrions essayer d'estimer jusqu'à quel point elle a été « corroborée.

» Citation p.

266 : « ...l'erreur la plus commune consiste à croire que d'hypothétiques évaluations de fréquences, c'est-à-dire des hypothèses relatives à des probabilités, peuvent à leur tour n'être que probables; ou, en d'autres termes, à attribuer à des hypothèses de probabilité un certain degré de prétendue probabilité d'hypothèses.

» • Prendre garde que le sujet nous demande instamment de nous prononcer sur « A défaut de certitude, une science du probable peut-elle suffire ? ».

Suffire à qui ? En quoi ? Pour qui ? Par rapport à quoi ? Cf.

citations : p.

286-287 du livre de Popper: « Le vieil idéal scientifique de l'épistemé, l'idéal d'une connaissance absolument certaine et démontrable s'est révélé être une idole.

L'exigence d'objectivité scientifique rend inévitable que tout énoncé scientifique reste nécessairement et à jamais donné à titre d'essai. ...Avec l'idole de certitude (qui inclut celle de la certitude imparfaite ou probabilité) tombe l'une des défenses de l'obscurantisme...

Car l'hommage rendu à cette idole non seulement réprime l'audace de nos questions, mais en outre compromet la rigueur et l'honnêteté de nos tests.

La conception erronée de la science se révèle dans la soif d'exactitude.

Car ce qui fait l'homme de science ce n'est pas la possession de connaissances, d'irréfutables vérités, mais la quête obstinée et audacieusement critique de la vérité.

» INDICATIONS DE LECTURE • • • • • Probabilité et Certitude de E.

Borel (Que sais-je). La Nature dans la physique contemporaine de Heisenberg (Collection Idées). Le Hasard et, la Nécessité de J.

Monod (Éd.

du Seuil). Théorie des chances et des probabilités de Cournot, chapitre 2. Essai sur les fondements de nos connaissances de Cournot, chapitre 3.. »

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