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Retour de Louis - Dès lors, nous pourrons nous poser la question suivante : EN QUOI CET EXTRAIT MANIFESTE-T-IL L’ECHEC DU LANGAGE DANS SA TENTATIVE DE RECONCILIER LES INDIVIDUS ? ou EN QUOI CET EXTRAIT MANIFESTE-TIL L’ECHEC DE LA COMMUNICATION ?

Publié le 12/05/2024

Extrait du document

« Introduction: Amorce : Dans Juste la fin du monde, Louis, qui a « près de 34 ans », retrouve sa famille une dernière fois, pour leur annoncer sa « mort prochaine et irrémédiable ».

Mais la communication est difficile.

Le retour de Louis va en effet mettre au jour les souffrances de chacun, la crise personnelle déclenchant ainsi une crise familiale.

L’extrait que nous nous proposons d’étudier n’est autre que la scène de la partie 2 : après une série de confrontations familiales, et alors que l’épilogue approche, Louis envisage son départ, sans avoir rien révéler à sa famille.

Antoine se propose pour accompagner Louis, mais Suzanne souhaite que Louis diffère son départ : ce changement de plan contrarie Antoine. Suzanne lui reproche alors d’être « désagréable », ce qui provoque une dispute familiale. Problématique : Dès lors, nous pourrons nous poser la question suivante : EN QUOI CET EXTRAIT MANIFESTE-T-IL L’ECHEC DU LANGAGE DANS SA TENTATIVE DE RECONCILIER LES INDIVIDUS ? ou EN QUOI CET EXTRAIT MANIFESTE-TIL L’ECHEC DE LA COMMUNICATION ? Mouvement 1 (DE LA L.

1 A LA L.

10) : LE DECLANCHEMANT DU CONFLIT ➢ La dispute a déjà éclaté avant notre extrait, entre Antoine et Suzanne, au sujet du mot « désagréable ». • Pour apaiser les tensions, Catherine se pose en médiatrice de la relation entre Suzanne et Antoine, ce dont témoigne la réplique suivante : « Elle ne te dit rien de mal / tu es un peu brutal, on ne peut rien te dire / tu ne te rends pas compte / parfois tu es un peu brutal / elle voulait juste te faire remarquer » (L.1-5).

Cette tentative de résolution du conflit porte en son cœur une accusation : « brutal ».

Au cœur de cette réplique, se trouvent des MODALISATEURS (« un peu », « un peu », « juste »), dont le propos est d’apaiser l’atmosphère et de calmer le débat familial.

Néanmoins, de manière intéressante, nous pouvons observer que la réplique de Catherine est en CHIASME, suivant la structure ABCCBA : « Elle ne te dit rien de mal A / tu es un peu brutal B, on ne peut rien te dire C / tu ne te rends pas compte C / parfois tu es un peu brutal B / elle voulait juste te faire remarquer A » (L.1-5).

Cette construction en chiasme révèle une parole fermée sur elle-même, et donc inefficace, destinée à ne pas trouver d’issue : les personnages ne dialoguent pas, ils monologuent chacun de leur côté, enfermés dans un véritable solipsisme. • Catherine est la seule à ne pas avoir de lien de sang avec les autres personnages, ce qui fait d’elle la médiatrice idéale.

Pourtant, elle ne parvient pas à dépassionner le débat. • D’ailleurs, cette réplique envenime la situation plus qu’elle ne la répare, car il y a un décalage entre l’intention de paix et la colère que son discours provoque chez Antoine.

On assiste donc encore une fois à l’inefficacité de la parole, fondamentalement impuissante à résoudre la situation.

Dès lors, le conflit ne peut que gagner en intensité. • Antoine rebondit sur le mot « brutal » sous forme de QUESTION DIRECTE (« Je suis un peu brutal ? », L.6) pour développer sa TIRADE.

Ce rebond est d’autant plus ironique que le terme a échappé de la bouche de Catherine dont l’intention initiale était de pacifier les relations.

Lagarce nous montre ici l’essence fondamentalement polémique de la parole, condamnée à être une arme.

La parole veut unir, réconcilier mais elle divise fatalement car l’incompréhension règne entre les individus. • L’ADVERBE DE NEGATION « Non » suivie de LA NEGATION GRAMMATICALE « ne…pas » souligne cette opposition entre les individus : « Non.

/ Je ne suis pas brutal.

» (L.8-9). • En raison de sa fragilité (un seul mot le met hors de lui), Antoine se met en position de bouc-émissaire, comme le montre LE JEU D’OPPOSITION SUR LES PRONOMS PERSONNELS : « Vous êtes terribles, tous, avec moi » (L.10).

Le « moi » en fin de proposition place l’individu seul face à la collectivité comme dans la tragédie : seul contre tous, Antoine a l’impression qu’un véritable procès se trame contre lui.

Dès lors, il préfère tirer le premier, ce que montre l’adjectif « terribles », qui résume, en le rendant presque HYPERBOLIQUE, le BLAME qu’Antoine adresse aux membres de sa famille. • C’est un CADRE AGONISTIQUE qui est mis en place : plus rien ne semble pouvoir arrêter l’affrontement Mouvement 2 (DE LA L.

11 A LA L.

20) : ANTOINE CLAME SON INNOCENCE. • Dans sa réplique (« Non il n’a pas été brutal » L.11), Louis a soin de REPRENDRE LE TERME « BRUTAL », qui est le chef d’accusation, mais EN LE NIANT FORTEMENT (ce que montre LA JUXTAPOSITION DE L’ADVERBE DE NEGATION « NON » ET DE LA NEGATION GRAMMATICALE), pour désamorcer le conflit et éviter un crescendo.

Louis joue donc ici le rôle de l’avocat. • Cette tentative de réconciliation porte cependant la marque de la séparation.

En effet, nous pouvons observer que Louis se démarque, via LE VOUVOIEMENT, de Catherine, mais aussi des autres membres de la famille (« je ne comprends pas ce que vous voulez dire », L.11-12), ce qui met une distance entre les personnages. • Là encore, la parole apparaît comme impuissante, et la communication défaillante.

Effectivement, Antoine n’apprécie pas l’intervention de Louis.

A travers L’EXCLAMATION (« Oh toi ça va, « la Bonté même » ! » L.13), le frère cadet donne une interprétation hostile à la bienveillance apparente de la phrase « Non il n’a pas été brutal ». Antoine utilise ici UNE EXPRESSION IDIOMATIQUE (c’est-à-dire une expression toute faite), « la Bonté même », pour faire ironiquement de Louis l’allégorie de la Bonté.

La majuscule à « Bonté » vient renforcer le statut mythique de l’aîné (fortement attaqué dans la pièce), dont les vertus rayonnent dans la famille.

Evidemment, les guillemets soulignent L‘IRONIE DE CETTE LOUANGE.

Antoine dénonce donc le jeu théâtral de Louis.

Selon lui, Louis mimerait de manière hypocrite la Bonté pour mieux asseoir sa domination, son calme, sa maîtrise de la situation. • Comme précédemment avec Catherine, la tentative de Louis d’apaiser les tensions se retourne donc contre lui. Ainsi, J.-L.

Lagarce montre bel et bien l’échec de la parole qui ne parvient pas à réconcilier les individus mais uniquement à manifester des divergences. • Au cours de cet échange, le spectateur.... »

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