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Question d’interprétation sur Les Travailleurs de la Mer de Victor Hugo

Publié le 23/01/2023

Extrait du document

« H L P — Question d’interprétation La civilisation occidentale s’est tournée vers le perfectionnement, grâce aux progrès scientifiques, « des techniques variées dans se sert l’homme et qui sont elles-mêmes « des procédés bien définis et transmissibles destinés à produire certains résultats jugés utiles ».

».

Cette marche du progrès, qui ne s’est véritablement accélérée qu’à partir de la Renaissance, a fait naître les conditions mentales de la modernité. Ainsi, dans les années précédentes, ces conditions étaient toutes autres : il ne s’agissait pas de dompter la nature, mais de s’y soumettre et de s’y adapter, s’y confronter.

L’humanité s’impose ainsi deux frontières, deux limites dans ce cas précis : d’une part la nature en tant que divinité et d’autre part l’environnement. La maîtrise de la nature par l’humanité est ainsi abordée, dans un contexte d’utilitarisme et de pragmatisme, dans le roman de Victor Hugo, Les Travailleurs de la mer, écrit en 1866.

Le texte présenté est ainsi tiré de cette oeuvre et le passage étudié est le chapitre XX, intitulé HOMO EDAX.

Ainsi, à travers ce texte, nous pourrions nous demander : comment le poète envisage-t-il l’homme et ses limites dans ce combat ? La limite, en latin, est « fines » et marque la frontière entre une entité et sa négation.

Elle inclut c’est qui s’étend sur son territoire et exclu ce que cette entité n’est pas.

En ce sens, la limite défini, elle dessine le pourtour.

Pour répondre à la question posée, dans un premier temps, nous étudierons ce texte à travers l’éloge que fait Hugo de la nature.

Puis, dans un second temps, verrons comment l’auteur fait-il le blâme du progrès et de l’hubris.

Et enfin, nous en déduirons que l’homme ne peut rien face à l’immensité de la nature. —1— * * * Ainsi, dans ce texte, le thème de la ruine est présent en deux sens.

En effet, celui-ci est représenté de manière littérale avec le champs lexical de la destruction (« démolit », « détruire » l.17 tous deux, « rongeur » l.19, …) mais également de manière figurée et symbolique avec le titre de ce chapitre HOMO EDAX, qui est ainsi tiré de l’expression latine « Tempus edax, homo edacior » signifiant : Le temps est destructeur/rongeur, l’homme l’est encore plus.

Ce chapitre est ainsi consacré sur l’homme destructeur.

Néanmoins, la première partie de celui-ci (du début du chapitre jusqu’à la fin de la ligne 1) ne parle aucunement de l’homme.

En effet, il est plutôt question de la nature et l’homme n’apparaitra qu’à partir de la ligne 17 (« l’homme aide la mer […] »).

De plus, avant l’arrivée de l’homme, la nature formait une symbiose, une harmonie (l.25 à 27, de « À tous les flux et reflux de la nature » à « à la vaste navigation des forces dans les profondeurs ») mais lorsque l’homme fut arrivé, il empêcha la nature de reproduire son cycle éternel de vie (l.27 « l’homme signifie son blocus »).

Ainsi, même si le thème de la destruction est tout de même représenté dans ce premier passage, l’auteur glorifie la nature et plus principalement la mer dans le but de démontrer la petitesse de l’homme face à la démesure de cette nature immense et face à qui l’homme est ainsi limité.

Selon l’auteur, la nature est ainsi mythifiée et émane de Dieu (« Le monde, oeuvre de Dieu » l.29-30).

En effet, les expressions présentes aux lignes 33 (« Une formation géologique qui à sa base la boue du déluge et à son sommet la neige éternelle »), aux lignes 40-41 (« matière splendide, majesté de la nature », « énormités de la création », « côté de Dieu »), ligne 46 (« grandes lignes de la création », « masse suprême »), etc, font preuve d’un registre biblique et sacré montrant ainsi l’origine du monde et la puissance de la nature face à l’homme, qualifié de « fourmi » (l.43).

La nature est ainsi considérée comme infinie pour Hugo, avec l’expression « la matière est éternelle » présente à la ligne 2 et l’adverbe « perpétuellement » de cette même ligne, qui représente une sorte de boucle continuelle et donc infinie.

Les seules limites posées par la nature sont des limites temporelles — la naissance et la mort — présentes sous forme d’allégorie dans la phrase « tout sur la terre est —2— perpétuellement pétri par la mort […] » (l.2-3) notamment.

De plus, les paronymes « déforme » et « informe » présents dans la phrase à la ligne 3-4 (« Tout se déforme, même l’informe.

») montrent que la nature, malgré les limites de celles-ci pour l’homme, n’en a aucune applicables pour elle : elle est comme exemptée de limites temporelles par exemple, mais en comporte certaines comme les limites naturelles de la verticalité et de l’horizontalité.

En effet, la Terre, elle, n’est pas infinie, elle a des limites : celles d’un monde minéral et végétal. L’auteur raconte ainsi la genèse de la nature, l’éden de celle-ci (représenté par la présence du mot « pétri » (l.2) faisant référence à Adam (du mythe d’Adam et Ève) ayant été pétri par de la terre rouge), en l’humanisant, la rendant ainsi mère de ces édifices — et d’Adam —(« la mer qui les a élevés … » l.5) mais également destructrice de ceux-ci (« … les renverse » de la même phrase, et un peu plus haut, l.4, « les édifices de la mer s’écroulent comme les autres »).

Elle est donc à la fois maîtresse et créatrice d’édifices comme « les monuments extra-humains » (l.3), faisant référence à toutes les créations de la nature, mais est aussi dévastatrice.

Cette genèse est donc évoquée en même temps qu’une apocalypse et démontre ainsi le cycle infini de la nature : elle détruit, mais dans le but de reconstruire par la suite.

Cette apocalypse est donc liée à la mort mais également à la naissance.

De plus, la notion d’engloutissement, présente à la ligne 5 (« la mer […] les renverse ») fait référence à de nombreux autres mythes historiques tels que L’Arche de Noé, L’Odyssée d’Homère et le mythe de L’Atlantide.

Puis, de la ligne 6 à la ligne 16, l’auteur donne tout un tas d’exemples afin d’illustrer la continuelle boucle que forme la nature. Ainsi la nature est une création divine selon Hugo, et la glorifie dans son texte afin de démontrer les limites de l’homme : cette « fourmi » ne peut rien quant à la grandeur de la nature. * * * —3— Dans la deuxième partie de ce chapitre, l’homme retrouve une place dans cette chronologie mais est celle-ci est anecdotique.

En effet, contrairement aux idéaux de l’époque de Victor Hugo où les personnes étaient très ethnocentriques, dans ce texte, l’homme n’est seulement qu’à la troisième place derrière Dieu et la nature toute puissante.

Ainsi, l’homme et la mer se retrouvent donc dans la destruction, ce qui se trouve souligné dans la phrase ligne 17 : « La mer édifie et démolit ; et l’homme aide la mer, non à bâtir, mais à détruire ».

L’homme empêche donc la nature de reproduire son cycle perpétuel de renouveau (« homme signifie son blocus » l.27) puisque celle-ci « édifie et démolit » dans le but de reproduire continuellement son cycle de vie.

L’auteur se sert ici d’antithèses et d’oxymores afin d’évoquer la destruction qui fait référence à la lutte, le combat, afin de souligner le fait que l’homme aide seulement la nature à détruire.

L’homme est ainsi prit dans quelque chose de bien plus grand que lui : la cosmogonie (élément qui constitue l’univers) ; il casse ainsi ce cycle naturel, cette cosmogonie afin de satisfaire son hubris, sa démesure.

L’homme se place donc au sein de cette cosmogonie qui ne lui est pourtant aucunement dédiée (« de toutes les dents du temps, celle qui travaille.... »

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