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« Il y a du peintre chez Victor Hugo, de l'orateur chez A. de Musset, du philosophe chez Alfred de Vigny, Lamartine est un pur poète. Il ne suit pas de là qu'il soit le premier de tous, mais à coup sûr, il est unique. » Expliquer et discuter ces lignes d

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Début. — Lamartine occupe une place à part parmi les poètes romantiques. Non seulement il domine notre histoire poétique parce qu'il est le premier en date dans cet essor lyrique du XIXe siècle, mais parce qu'il incarne l'idéal de la plus pure poésie. Voyons ce qu'il a de différent et selon P. Bourget d' « unique ».

  • 1. Ce qui caractérise Hugo, Vigny, Musset.

 Victor Hugo : Il y a du peintre en lui. C'est avant tout un « visuel » d'une puissance prodigieuse. Il sait voir la réalité et la transforme en fantastique.  A. de Vigny est le penseur. Son œuvre est nourrie d'idées traduites par des symboles, mais reste abstraite et s'adresse à l'esprit plus qu'à l'imagination et au cœur.  A. de Musset, poète de la passion exprimée directement, prend assez souvent la forme oratoire et même déclamatoire.

  • 2. Lamartine est peu visuel, il décrit mal. Le monde extérieur n'existe presque pas pour lui. De la sensation, il s'élève vite au sentiment et au rêve. Il n'a pas de philosophie originale. Enfin, il y a parfois chez lui de la rhétorique, du style oratoire. Mais sa poésie la plus personnelle est le chant intérieur dans ce qu'elle a de plus intime et de plus mystérieux.

 Conclusion. — Sa place est unique par la qualité de sa poésie, la plus pure, sinon la plus puissante et la plus variée.

« « Il y a du peintre chez Victor Hugo, de l'orateur chez A.

de Musset, du philosophe chez Alfred de Vigny, Lamartine est un pur poète.

Il ne suit pas de là qu'il soit le premier de tous, mais à coup sûr, il est unique.

» Expliquer et discuter ces lignes de Paul Bourget. PLAN Début.

— Lamartine occupe une place à part parmi les poètes romantiques.

Non seulement il domine notre histoire poétique parce qu'il est le premier en date dans cet essor lyrique du XIXe siècle, mais parce qu'il incarne l'idéal de la plus pure poésie.

Voyons ce qu'il a de différent et selon P.

Bourget d' « unique ». 1.

Ce qui caractérise Hugo, Vigny, Musset. Victor Hugo : Il y a du peintre en lui.

C'est avant tout un « visuel » d'une puissance prodigieuse.

Il sait voir la réalité et la transforme en fantastique. A.

de Vigny est le penseur.

Son œuvre est nourrie d'idées traduites par des symboles, mais reste abstraite et s'adresse à l'esprit plus qu'à l'imagination et au cœur. A.

de Musset, poète de la passion exprimée directement, prend assez souvent la forme oratoire et même déclamatoire. 2.

Lamartine est peu visuel, il décrit mal.

Le monde extérieur n'existe presque pas pour lui.

De la sensation, il s'élève vite au sentiment et au rêve.

Il n'a pas d e philosophie originale.

Enfin, il y a parfois chez lui d e la rhétorique, du style oratoire.

Mais s a poésie la plus personnelle est le chant intérieur dans ce qu'elle a de plus intime et de plus mystérieux. Conclusion.

— Sa place est unique par la qualité de sa poésie, la plus pure, sinon la plus puissante et la plus variée. DÉVELOPPEMENT Il semble que l'accord des lettrés chez nous se soit fait désormais sur ce point : l'originalité de Lamartine serait d'avoir représenté en son temps ce que nos contemporains ont appelé « la poésie pure », bien que, selon eux, l'apparition complète de celle-ci ne d a t e q u e d e Baudelaire et surtout de Mallarmé et des symbolistes. Qu'y a-t-il donc de différent entre les autres poètes romantiques et Lamartine ? Voyons ce qui caractérise essentiellement chacun d'eux, et ce que Lamartine a d' « unique ». Victor Hugo est peintre.

C'est, comme disent les philosophes, avant tout un visuel.

Comme Théophile Gautier le disait de lui-même, il est « un homme pour qui le monde extérieur existe ».

Des Méditations aux Odes et Ballades par où débute Hugo, quel changement de ton, d'atmosphère.

Nous entrons dans le monde des sensations, des formes, des couleurs.

Le geste et le visage humain, le cadre de la vie, les événements de la légende ou de l'histoire envahissent la poésie. Les Orientales sont toutes chatoyantes, ensoleillées, bariolées.

L'Espagne, l'Orient, la Grèce enchantent notre imagination.

C'est que l'imagination est la faculté puissante qui inspire à Victor Hugo une suite de tableaux.

Tout se présente à lui sous forme d'images tirées de la réalité, qu'il sait voir; elles se transforment, s'agrandissent, prennent l'aspect du fantastique.

Plus tard, dans les Contemplations ou la Légende des Siècles, il créera des mythes, m a i s toujours il éprouve le besoin d e parler à nos sens pour ébranler notre âme, et pour illustrer ses idées, traduire ses rêveries philosophiques.

Son œuvre est, comme on a dit, le plus grand magasin d'images qui ait été créé par u n p o è t e dans notre littérature.

Son art d'animer les masses, d e donner corps à d e s visions apocalyptiques dans la L é g e n d e d e s Siècles, est prodigieux.

Il aboutit à d'immenses fresques poétiques dont rien n'égale les splendeurs. Alfred de Vigny, on le sait, joue dans le chœur des poètes romantiques le rôle du penseur.

Ce qui l'intéresse, ce sont les idées.

Cette grande et originale conception de la poésie lui a inspiré de neuves et fières beautés, mais elle a ses inconvénients.

Il n'a pas toujours su éviter l'abstraction, qui répugne à la poésie, il est tombé dans la sécheresse ou l'obscurité.

Son œuvre est presque fermée au monde de la sensation, qui offre de si grandes ressources à l'artiste pour traduire son inspiration.

D'où l'embarras de ses descriptions, l'incomplet de ses tableaux (le naufrage dans la' Bouteille à la mer n'est pas vu).

Ses vers sont parfois rocailleux, il n'a pas très vif le sens musical, si important en poésie.

Il y a en lui un état et une volonté de refus à l'égard des grands sentiments humains (l'amour, la nature, Dieu) qui font vibrer le cœur de l'homme : bref, la sensibilité de Vigny présente une lacune grave : il n'a pas l'amour de la vie, et « le lait de la tendresse humaine » dont parle Shakespeare est trop absent de sa poésie. Alfred de Musset ne nous paraît pas, au premier abord, bien caractérisé par ce mot d'orateur.

Il est vrai qu'il y a des parties de son œuvre lyrique qui sont d'un ton oratoire, et même déclamatoire; ce ne sont pas les meilleures (le Pélican dans la Nuit de Mai, quelques strophes de ses premières poésies : Rolla, Namouna).

Dans l'Espoir en Dieu, une philosophie superficielle prend souvent la forme d'une mauvaise rhétorique, mais Musset n'est pas tout entier dans cette pièce qui cède aux outrances de l'époque.

Sa poésie a de la grâce, de l'émotion, mais Contient peu de mystère. Lamartine a-t-il d'ailleurs toujours échappé aux abus de la rhétorique ? On ne saurait l'affirmer.

Il y a de l'orateur aussi chez lui, il l'a prouvé ailleurs qu'à la tribune d e la Chambre, et moins opportunément.

Les Parnassiens le lui ont reproché n o n s a n s raison. L'Immortalité, la Mort de Socrate, quelques pièces des Harmonies, la Marseillaise de la Paix, au milieu d e grandes beautés vraiment poétiques, offrent des développements oratoires qui sont étrangers à notre idéal de la pure poésie. Lamartine est fort peu visuel.

Il décrit mal, enfermé qu'il reste dans son univers intérieur. D'autre part, il est moins philosophe que Vigny parce que sa conception du monde est moins personnelle.

Rousseau, Lamennais, Platon, la Bible et la tradition chrétienne se reflètent tour à tour dans ses vers, et certes il y a l à de la noblesse, de l'élévation, parfois de la profondeur, mais aussi bien du vague et du flottant dans ses idées. Mais ce n'est pas là qu'il excelle.

Le vrai Lamartine est ailleurs.

Il est dans ces poèmes qui sont le chant de l'âme dans ce qu'elle a de plus intime et de plus mystérieux, l'âme « qui ne parle qu'à voix basse, dans le silence et la solitude », et qui n'est que « le déchirement sonore d'un cœur », dans « ces sentiments délicieux et tristes, ces idées vagues, sublimes , et infinies » dont il composait ses premières Méditations, vers « purs comme l'air, tristes comme la mort, doux comme le velours ».

Il est dans ce Crucifix des secondes Méditations, la plus parfaite élégie de la poésie française où la douleur épurée, sanctifiée, chante son chant immortel; il est dans quelques vers d e Jocelyn où vibre la foi baignée de confiance et de douceur évangélique, et pénétrée du souffle large de la nature alpestre; il est dans les deux poèmes : Milly et La Vigne et la Maison, qui disent l'alpha et l'oméga de son amour du foyer, et qui révèlent tout son cœur de fils : l'enfant d'une famille, l'enfant d e la terre natale, serrant sur son cœur le trésor d e s e s affections ; il est dans certaines pièces des Harmonies où son sentiment religieux, sans raisonnement ni discussion s'exhale comme une prière, comme un appel vers ce Dieu qui parle dans le secret des temples ou des belles nuits d'été. Chez aucun poète on ne sent autant la différence entre les vers travaillés (il en est peu) ou négligés (il en est davantage) et les vers inspirés.

Ceux-là, comme des fleurs d'une plus belle venue, nées sous un ciel souriant, sont incomparables.

Ces vers donnés par les dieux, comme dit Paul Valéry, sont assez nombreux pour faire la gloire unique de Lamartine.

Paul Valéry ne veut pas que l'on compte trop sur les dieux ; Lamartine y comptait trop ; et de là vient l'inégalité de ses vers {du génie, du talent, de la facilité, disait de lui Musset, assez méchamment).

Mais là où il excelle, il atteint vraiment à la perfection de ce que nous nommons poésie : cet art qui tient un peu de l'incantation, cette m a g i e du verbe qui s'apparente à la musique, qui est une musique non p a s tant pour l'oreille que pour l'âme, révélatrice du secret des choses et de nous-mêmes. « Si tous les grands poètes sont « à part », a dit Jules Lemaître, Lamartine est l u i - m ê m e à part d'eux tous.

Il domine notre histoire poétique.

Il est dans son fonds et son tréfonds le poète religieux, autrement dit le Poète, puisque la poésie, reliant le visible à l'invisible, est religion dans son essence...

Je ne dis pas qu'il soit, mais je le sens le plus grand des poètes.» Ce jugement rejoint au final celui de Paul Bourget.. »

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