Objet d'étude n° 4 – Théâtre Parcours : Spectacle et comédie Le Malade Imaginaire de Molière

« Objet d'étude n° 4 – Théâtre Parcours : Spectacle et comédie Le Malade Imaginaire de Molière Introduction Etymologiquement, en grec, le mot « théâtre » signifie « le lieu où l'on regarde ».

Il implique la représentation, le spectacle.

Dans l'Antiquité, il a une fonction cathartique (la « catharsis » est la logique de la purgation des passions = c'est un défouloir des excès des Hommes).

Historiquement, la tragédie remplit cette fonction de « catharsis » car elle est vue comme le genre théâtral noble.

Elle met en scène des personnages nobles, issus de la mythologie et montre comment la fatalité les conduit à leur perte.

Les tragédiens grecs les plus connus sont Eschyle, Euripide et Sophocle. La comédie existe aussi depuis l'Antiquité.

Elle est moins considérée parce que son propos concerne des personnages de moindre importance sociale et qu'elle passe par le rire.

Elle est moins prise au sérieux.

C'est dans la comédie que Molière, au XVIIème siècle, s'illustre.

Il veut cependant proposer une comédie « sérieuse », qui « corrige les moeurs ».

Initialement, Molière voulait être tragédien mais il ne convainc pas.

Sa comédie est alors à la fois drôle et grave.

On peut dire qu'il renouvelle le genre.

Il exploite plusieurs traditions (farce du MoyenAge, « commedia dell'arte » italienne) et oriente ses textes vers la scène.

Il affirme d'ailleurs : « la comédie n'est faite que pour être vue ».

Cette conception fait du théâtre un art du jeu autant que du texte. Partie 1 – MOLIERE – Hisser la comédie au niveau de la tragédie Courte biographie Molière de son vrai nom Jean-Baptiste Poquelin est un comédien et dramaturge français.

Il est né en janvier 1622 à Paris et il est mort dans la même ville le 17 février 1673 alors qu’il avait 51 ans. Molière est issu d’une famille de marchands parisiens.

Son père, Jean Poquelin, valet de chambre et tapissier ordinaire de la Maison du Roi, était un marchand et sa mère, Marie Cresé était fille de tapissier.

Le père de Molière l’a toujours soutenu dans sa carrière de comédien en payant ses dettes et même en lui offrant sa maison.

La mère de Molière meurt alors qu’il n’est âgé que de 10 ans.

La famille de Molière était aisée.

À 21 ans, Jean-Baptiste choisit de devenir comédien sous le nom de Molière et renonce à l'avenir bourgeois de la charge de tapissier du roi pour s'associeravec neuf comédiens, dont Madeleine Béjart, et fonder la troupe de « l'Illustre Théâtre ». Après des débuts difficiles à Paris, Molière et ses comédiens, de 1646 à 1658, parcourent la province française comme les troupes ambulantes de son époque.

Le 24 octobre 1658, la troupe de Molière est autorisée à paraître devant la Cour.

C'est là, que Molière connaît son premier grand succès d'auteur, avec les Précieuses ridicules.

En 1661, la troupe déménage dans la salle du Théâtre du Palais-Royal ; Molière y assume désormais les fonctions de comédien, de chef de troupe et d'auteur.

En 1662 ayant gagné la faveur de Louis XIV, Molière devient le fournisseur attitré des divertissements de la Cour pour laquelle il organise, avec le compositeur Lully, de grandioses fêtes à Versailles.

De la collaboration de Molière et Lully naît un genre nouveau, la comédie ballet. En 1665, la troupe de Molière devient la « Troupe du Roy». Il est l'auteur de nombreuses pièces à succès comme L’École des femmes, L’Impromptu de Versailles, Le Misanthrope, L’Avare, George Dandin, Le Bourgeois gentilhomme, Les Fourberies de Scapin, Les Femmes savantes, Le Malade imaginaire.

Certaines de ces pièces causeront le scandale comme Tartuffe ou Dom Juan dans lesquelles Molière semble s'attaquer à la religion. Épuisé par le travail, les échecs sentimentaux, la lutte incessante menée contre tous ceux qu'il a attaqués dans ses pièces, Molière meurt le 17 février 1673, à l'issue de la quatrième représentation du Malade imaginaire. Pour approfondir https://www.franceculture.fr/emissions/la-compagnie-des-auteurs/moliere Série de podcasts à écouter en vue du bac. Partie 2 – Le Malade imaginaire – en résumé Avant le début de la pièce, qui est une comédie-ballet, on trouve un prologue qui sert à saluer le roi et le délasser et qui instaure une atmosphère de mystère.

La scène d'exposition est un monologue d'Argan, le malade imaginaire.

Il se plaint du coût de ses traitements (Acte I, scène 1).

Argan appelle Toinette pour qu'elle regarde ses selles mais elle refuse et critique les médecins d'Argan qu'elle considère comme des charlatans (Acte I, scène 2).

Argan visiblement souffrant du ventre se sauve aux toilettes (Acte I, scène 3).

Angélique, la fille d'Argan, raconte à Toinette qu'un certain Cléante, qu'elle aime, l'a demandée en mariage (Acte I, scène 4).

On assiste ensuite à un quiproquo.

Argan a promis Angélique en mariage.

Elle croit que c'est avec Cléante, mais en fait, il a choisi Thomas Diafoirus, neveu de son médecin M.

Purgon (Acte I, scène 5).

Argan se plaint de Toinette, qui prend le parti d'Angélique, à sa femme Béline pour qu'elle la chasse.

Béline défend la servante (Acte I, scène 6). Argan et sa femme Béline reçoivent un notaire au sujet de sa succession.

Il semble évident que Béline veut spolier son mari.

Elle se montre très attentionnée vis à vis de sa prétendue maladie (Acte I, scène 7).

Toinette affirme à Angélique qu'elle ne l'abandonnera pas et qu'elle va jouer double-jeu avec Béline (Acte I, scène 8). Après un premier intermède musical, Cléante arrive chez Argan pour voir Angélique.

Il se fait passer pour le maître de musique d'Angélique (Acte II, scène 1).

Argan veut assister au cours de musique de sa fille (Acte II, scène 2).

Le chant d'Angélique et Cléante trahit les amoureux mais Argan ne comprend pas (Acte II, scènes 3 et 4).

Les Diafoirus père et fils arrivent et assistent au soi-disant cours de chant (Acte II, scène 5).

Pour flatter son futur beau-père et se vanter de ses talents en médecine, le jeune Thomas Diafoirus fait un diagnostic en latin (Acte II, scène 6).

Louison dénonce Angélique et Cléante sur la demande de Béline (Acte II, scènes 7 et 8).

La situation se complique pour Angélique et Cléante mais l'arrivée de Béralde, le frère d'Argan leur redonne espoir (Acte II, scène 9). Après un second intermède musical, Béralde annonce qu'il va aider les jeunes amoureux.

Il est hostile aux médecins (Acte III, scène 1).

Toinette le supplie de convaincre Argan de renoncer au mariage forcé d'Angélique (Acte III, scène 2).

Béralde bouscule son frère et critique les médecins (Acte III, scène 3).

M.

Fleurant arrive pour pratiquer un lavement sur Argan mais Béralde le renvoie (Acte III, scène 4).

Il revient accompagné de M. Purgon qui menace Argan de toutes les maladies s'il ne suit pas le traitement des médecins (Acte III, scène 5). Argan est terrorisé et prêt à faire tout ce qu'on lui demande (Acte II, scènes 6 et 7).

Toinette décide de se déguiser en médecin et fait un contre-diagnostic à Argan pour qu'il se détache de M.

Purgon (Acte III, scènes 8 à 10). Toinette démasque ensuite Béline en faisant croire qu'Argan est mort.

Argan accepte finalement le mariage de sa fille avec Cléante.

Toinette lui suggère de devenir médecin lui-même et il n'y voit que des avantages (Acte III, scènes 11 à 14). A/ Liste des personnages Personnages principaux – Argan (le malade imaginaire, première apparition, Acte I, scène 1, page 21) Pour moi, c'est le personnage le plus important car il est « le malade imaginaire » et c'est à cause de lui que se pose le problème du mariage de sa fille. – Toinette (la servante d'Argan, première apparition, Acte I, scène 2, page 25) C'est grâce à elle qu'Argan revient sur sa décision de marier sa fille Angélique à Thomas Diafoirus. – Angélique (la fille d'Argan, première apparition, Acte I, scène 3, page 28) Elle est important car c'est son refus d'épouser Thomas Diafoirus qui crée l'intrigue. – Cléante (l'amant d'Angélique, première apparition, Acte II, scène 1, page 61) Il est la cause du refus d'Angélique d'épouser un autre homme que lui. – M.

Purgon (le médecin d'Argan, première apparition, Acte III, scène 5, page 112) Il entretient Argan dans son hypocondrie.

Il est celui qui suggère à Argan un mariage d'Angélique avec Thomas Diafoirus, son neveu. Personnages secondaires – Béline (épouse d'Argan, première apparition, Acte I, scène 6, page 40) Deuxième épouse d'Argan.

Elle est veut spolier l'héritage laissé par Argan. – Béralde (frère d'Argan, première apparition, Acte II, scène 9, page 92) Il aide les jeunes amoureux contre l'avis d'Argan.

Il s'oppose aux médecins. – M.

Diafoirus (Médecin, première apparition, Acte II, scène 5, page 67) Il veut marier son fils à la fille d'Argan. – Thomas Diafoirus (Fils de M.

Daifoirus, première apparition, Acte II, scène 5, page 67) Personnage un peu niais, immature et prétentieux. – Louison (Petite fille d'Argan, seule apparition, Acte II, scène 8, page 89) Elle dénonce la relation d'Angélique et Cléante. – M.

Fleurant (Apothicaire d'Argan, première apparition, Acte III, scène 4, page 111) Il presse Argan de prendre beaucoup de lavements et de médicaments. – Notaire (Ami de Béline, seule apparition, Acte I, scène 7, page 43) Complice de Béline.

Il essaye de détourner l'héritage d'Argan au profit de Béline. B/ Galerie des personnages Ces trois personnages sont essentiels pour comprendre la pièce.

Cette comédie repose sur une critique de la médecine.

On trouve ici un homme naïf et influençable, Argan, un médecin tyrannique et manipulateur et une servante intelligente qui débloque la situation. - Argan Qui est-il ? Argan est un homme hypocondriaque.

Il s'est convaincu d'être un grand malade.

Il souffre du ventre à force de lavements.

C'est la médecine qui le rend malade.

Il est dès le monologue du début présenté comme avare puisqu'il ne veut pas payer ses traitements.

Son égoïsme apparaît encore quand il décide de marier sa fille à un médecin pour ne plus payer ses traitements et être soigné gratuitement (Acte I, scène 5).

Il dit par exemple : « Je me veux me faire un gendre et des alliés médecins » (page 34).

Sa fille semble ne pas compter. Comment évolue-t-il ? Argan n'évolue pas vraiment au cours de la pièce.

Il reste convaincu d'être malade et fermement décidé à ne penser qu'à son propre bien.

Il envisage de devenir médecin et demande à Cléante de le devenir pour épouser sa fille. Quels sont ses liens? Il est soumis aux diagnostics de M.

Purgon qui le terrorise.

Il est aussi influencé par son frère Béralde et bousculé par la servante Toinette qui se montre insolente. - Toinette Qui est-elle ? C'est une servante rusée qui n'hésite pas à se déguiser en médecin pour essayer de faire réagir Argan sur sa folie.

Elle est aussi très généreuse avec les jeunes amoureux auxquels elle vient en aide.

Elle dit à Angélique inquiète : « Moi, vous abandonner ? J'aimerais mieux mourir » (page 47) Comment évolue-t-elle ? Au début, Toinette est détachée des confidences d'Angélique sur sa relation avec Cléante.

Elle est très sensible à l'injustice et intervient violemment contre Argan qui veut marier sa fille à un médecin.

Elle s'implique de plus en plus.

Elle est complice du faux cours de musique de Cléante, elle invite Béralde à l'aider dans sa mission et, enfin, elle se fait même passer pour un médecin pour démasquer M.

Purgon et Béline. Quels sont ses liens? Avec Argan, elle se montre très insolente et moqueuse.

Elle déteste les médecins qu'elle considère comme des escrocs et se montre généreuse avec les jeunes amoureux. - M.

Purgon Qui est-il ? Médecin personnel d'Argan.

Il est très inquiétant pour son patient qu'il convainc qu'il est très malade. Comment évolue-t-il ? Il n'est pas présent au début de la pièce mais il est souvent question de lui.

Argan ne se fie qu'à lui.

Quand il est démasqué par Toinette, il se montre violent, colérique et menaçant. Quels sont ses liens? Il domine Argan par la terreur.

Il est concerné par l'idée de marier la fille d'Argan avec son neveu Thomas Diafoirus. C/ La comédie – ballet Une comédie-ballet associe la musique et le théâtre.

Réunis, ils forment ensemble le noyau de la pièce comportant à la fois des scènes de danse et de comédie.

La comédie-ballet permet aux comédiens de se changer pendant les interludes. La comédie-ballet s'inspire des opéras italiens.

En France, à l'époque classique, le théâtre est très réglé et Molière explore les limites de ces règles.

Dès 1661, Molière invente la comédie-ballet.

Il le fait pour satisfaire le goût de Louis XIV pour la musique et l’expression corporelle.

Le but est de plaire au roi.

Il se lance dans une collaboration fructueuse avec Lully avec lequel il donnera à jouer dix œuvres sous ce format dont Le Bourgeois gentilhomme. D/ Contexte En 1673, Louis XIV est à son apogée.

Il a installé fermement une monarchie de droit divin autour du culte de sa personne.

Proche des jansénistes, il s'oriente de plus en plus vers la rigueur religieuse qui l'éloigne du ton très libre de Molière.

Malgré cela, le roi reste toujours très amateur des comédies de Molière. Le Malade Imaginaire est la dernière comédie de Molière.

Il s'est brouillé avec Lully avec lequel il a produit les autres comédies-ballets.

Molière collabore alors avec Marc-Antoine Charpentier pour Le Malade imaginaire qu’il compte bien jouer devant le roi contre l'avis de Lully. E/ Réception de l'oeuvre La pièce est jouée au carnaval de 1673 à la salle du Palais Royal.

Elle reçoit un bon accueil malgré l'absence de Lully et le fait qu'elle ne soit pas jouée devant le roi.

La vive critique de la médecine est marquée par le côté caricatural de la profession dans la pièce.

Néanmoins, de nombreux s'opposent à la pièce. Partie 3 – Les ressorts du comique Rappels : il y a différents types de comique : – comique de caractère - il tient au personnage, à ses excès, son grotesque. – comique de gestes – très visuel (ou précisé dans des didascalies), il tient en des gestes surprenants, des chutes... – comique de mots – langage vulgaire, jeux de mots... – comique de répétition – répétition d'une situation, d'un mot ou d'une expression. – comique de situation – situation grotesque, théâtre dans le théâtre... ANALYSE DE TEXTE BAC – N°14 (voir pj en pdf – relevé détaillé sur texte) UN COMIQUE MULTIPLE Introduction : comédie = cherche à provoquer le rire / divers types de comique / Molière fait la synthèse dans sa comédie de mœurs du XVIIème siècle / contexte Malade Imaginaire / passage situé / LECTURE / Comment la scène met-elle en relief le ridicule du « malade imaginaire » ? / PLAN I/ Une scène habituelle de conflit entre maître et valet (ligne 1 à 9) 1/ La colère d'Argan Le maître est fou de rage contre sa servante Toinette. – On peut le voir dans la réplique de Béline qui demande à Toinette pourquoi elle « met en colère » son mari. – Il s'exclame (l4) et insulte (l4) / comique de mots (vulgarité) : « la traîtresse ».

+ « scélérate » (l9) Cette colère va perdurer tout au long du passage et même grandir. 2/ La malice de Toinette Toinette a tout d'un valet malicieux de la commedia dell'arte dont s'inspire beaucoup Molière. – Elle se moque (didascalie de la ligne 2 « d'un ton doucereux » = montre l'hypocrisie) – Elle ment avec emphase (ligne 3) prétendant ne vouloir que plaire à son maître et dans le même temps, elle le contredit (l 6-7). – Elle est insolente puisqu'elle s'oppose presque ouvertement au maître en donnant des conseils.

+ « Elle m'a dit cent insolences », dit Argan (hyperbole). 3/ Béline en médiateur Arrivée dans ce climat de tension, Béline donne raison à la servante et tente de désamorcer le conflit par un détachement apparent.

Elle est d'emblée plaine d'une douceur suspecte. – Elle reproche à Toinette de mettre son mari en colère (l1) mais à la lecture de ce que suit semble bien consciente des excès de colère d'Argan et l'amadoue. – Elle donne raison à la servante mais Argan ne s'emporte pas contre elle, visiblement touché par les manières de sa femme (nous verrons par la suite qu'elle l'entretient dans sa folie = l'idée qu'il est malade et qu'il faut prendre soin de lui). II/ Béline manipule le naïf (ligne 10 à 18) 1/ Une habile flagorneuse (flatteuse et intéressée) Béline infantilise Argan, le flatte de mots et de soins (gestes). – Elle est hypocrite.

Elle dit à son mari « Je vous crois » et menace sans suite de renvoyer Toinette à qui elle donne aussitôt un ordre (ligne 10). Elle se contredit puisqu'elle disait dans sa précédente réplique que Toinette avait « raison ». – Elle se montre obséquieuse dans ses mots lui disant « mon ami » (ligne 10) et lui donnant de nombreux conseils à l'impératif pour prendre soin de sa santé (« remettez-vous » / « enfoncez bien votre bonnet...

» – didascalie de la ligne 16 (comique de gestes) + accumulation pour l'arrangement des coussins autour d'Argan le réifient (c'est une chose ou un enfant qu'on lange).

/ comique de situation. 2/ Argan naïf et ridicule Le « malade » se complaît dans cette position de « patient ».

Il témoigne une grande affection à Béline qui contraste avec la rage que lui inspire Toinette.

Il apparaît dès lors comme un personnage d'excès, déraisonnable et fou (comique de caractère). – termes hypocoristiques (mots affectueux).... »