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Manon Lescaut - L'évasion de Saint-Lazare

Publié le 15/06/2023

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« Manon Lescaut - L'évasion de Saint-LazareAbbé Prévost Introduction : L'abbé Prévost a rédigé l'Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut en 1731.

Jugé scandaleux, le roman est condamné en 1733 et en 1735. Manon Lescaut met en scène la passion naissante du chevalier des Grieux pur Manon Lescaut.

C'est pour l'abbé Prévost l'occasion de réaliser un traité de morale sur les dangers de la passion. Néanmoins, l'abbé Prévost est une personnalité complexe, dont la vie oscille entre vocation religieuse et les plaisirs mondains. Après une tentative d'escroquerie, Manon est enfermée à l'hôpital.

Le chevalier Des Grieux, emprisonné à SaintLazare, profite de la sympathie que lui témoigne le supérieur pour tenter de s'enfuir avec la complicité de Lescaut, le frère de Manon.

L'extrait étudié relate l'évasion planifiée, armée et rocambolesque de Des Grieux avec une prise d'otage. Plan de l'analyse linéaire : -1er mouvement : l.1 à 6 : "J'aperçus les clefs… dans l'autre : Le chevalier Des Grieux fait le récit son évasion - 2ème mouvement : l.7 à 18 : "Pendant qu'il s'empressait d'ouvrir, … pour longtemps." : La mort du domestique, la naissance de la marginalité - 3ème mouvement : l.19 à 23 : " Nous nous éloignâmes… J'y emploierai jusqu'à ma vie." : D'une libération à une autre… Problématique : Comment cette libération de Saint-Lazare marque-t-elle une marginalité définitive du héros ? 1er mouvement (l.1 à l.6) : LE RECIT D'UNE EVASION Dans cet extrait l'évasion de Des Grieux, qui a pris le père supérieur en otage sous la menace d'un pistolet, progresse, grâce à l'obtention de clefs (qui symbolisait son enfermement et dont il devient le maître) et aux différentes actions qui se succèdent dans une atmosphère de roman d'aventures ("J'aperçus", "Je les pris et je le priai de me suivre", "nous avancions", "il ouvrait une porte" (l.1-2).

Le rythme est rapide grâce à ces phrases brèves et aune ponctuation qui donne l'impression que tout s'enchaîne rapidement ; d'ailleurs il n'y a pas de description, Des Grieux se contente d'énoncer des faits. Aucun n'obstacle n'interfère, hormis les lamentations du Père supérieur et sa question rhétorique ("Ah ! Mon fils, ah ! qui l'aurait cru ? (l.3) qui essaie de raisonner Des Grieux.

Le chevalier prend toutes les précautions possibles et réduit le religieux au silence de manière déterminée (l.4).

Le contraste entre les deux personnages illustre l'insensibilité du chevalier face à la détresse du Père supérieur. Des Grieux est un brillant orateur, il sait créer du suspense dans son récit.

Grâce aux répliques courtes, à l'emploi du passé simple dans la succession des actions, à la formule "répétais-je de mon côté à tout moment" (l.4), son récit est vif et plein de tension ; le lecteur ne se pose plus qu'une question : "Des Grieux va-t-il réussir son évasion ? Avec le regard rétrospectif qui caractérise ce récit, le chevalier montre qu’il avait imaginé naïvement que son évasion serait facile et sans encombre. La hâte du chevalier est perceptible dans l'expression "je me croyais déjà libre" (l.5).

le lecteur est suspendu à cette progression et à cette libération qui paraît imminente.

Cependant, le pistolet laisse entendre le drame à suivre. Avec la phrase "J'étais derrière le Père, avec ma chandelle dans une main et mon pistolet dans l'autre" (l.6), Des Grieux prend le temps de faire une "arrêt sur image" et offre au lecteur de façon très visuelle le "spectacle" d'un Des Grieux transformé en bandit. Tout au long de ce mouvement, le récit Des Grieux est cinématographique.

On a des gros plans sur des objets symboliques (les "clefs", les "portes"…) ; on a des actions qui s'enchaînent rapidement et on termine par une image fixe. Ce premier mouvement très rythmé permet de placer le lecteur au cœur de l'action et il suit la progression Des Grieux et de son otage dans le "labyrinthe de Saint-Lazare dont l'issue paraît compliquée à trouver.

Cette première partie est remplie de suspense et révèle combien Des Grieux est prêt à tout par amour pour Manon. 2ème mouvement (l.7 à l.18) : LA MORT DU DOMESTIQUE ET LA NAISSANCE DE LA MARGINALITE Un coup de théâtre vient modifier le plan de l'évasion : le réveil d'un domestique, relaté au présent de narration pour actualiser la scène et lui donner plus de vivacité : "un domestique… se lève et met la tête à la porte".

Le lecteur assiste à une dramatisation du récit qui tient au suspens de cette scène : Des Grieux retarde l'arrivée du moment où il va tuer le domestique. Le point de vue interne du récit du drame (l.7-11) permet d'insérer des marques de jugement qui renseignent le lecteur : "le bon Père le crut apparemment capable de m'arrêter"(l.9), "il lui ordonna, ave beaucoup d'imprudence, de venir à son secours" (l.9-10).

L'utilisation du passé simple retranscrit la rapidité de la scène avec un enchaînement de verbes d'action ("crut", "ordonna", s'élança"). L'emploi répété de modalisateurs [mots ou d'expressions qui indiquent le degré de certitude de celui qui s'exprime par rapport aux idées énoncées] : "bon Père", "avec beaucoup d'imprudence", "puissant coquin", "assez fièrement" montre que Des Grieux prend du recul sur la situation ; il revit la scène.

Il se place également comme un héros puisqu'il évoque la puissance du domestique qu'il parvient pourtant à vaincre. Le narrateur.... »

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