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Les métamorphoses du moi (cours de littérature)

Publié le 11/03/2023

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« Séance : Saisir le moi : une quête impossible ? Objectif : Comprendre comment la littérature participe au questionnement sur le moi. Support : Manuel p 150-161 I – L’autobiographie, voie de recherche et de vérité sur le moi 1.

Texte de ROUSSEAU, Les Confessions, « Préambule », 1782, p 150 ➢ XVIIIè = siècle des Lumières qui voit s’affirmer et se développer la notion d’individu. C’est ce dont témoigne l’écriture de soi à travers romans épistolaires, romans-mémoires, et le 1er ouvrage clairement autobiographique : Les Confessions de Rousseau où il revendique de dire tout de lui → narrateur-personnage « je ». *Relever les différentes expressions utilisées par l’auteur pour désigner son « moi ». Quelle position adopte-t-il quant à la difficulté de se saisir soi-même ? - Ces différentes expressions visent à unifier et à simplifier l’appréhension de cette entité : « un homme dans toute la vérité de sa nature » (l.

2-3), « moi » (l.

3 et 4), « mon intérieur » (l. 18), « ce que j’ai fait, ce que j’ai pensé, ce que je fus » (l.

12).

Le rythme ternaire de la dernière citation confère à sa recherche de vérité autobiographique un équilibre et une stabilité, renforcés par les singuliers.

Le « moi » est clairement descriptible et il s’agit pour l’autobiographe de l’analyser pour mieux le comprendre. - Mais il s’agit aussi offrir aux hommes un modèle auquel ils pourront se comparer : « Que chacun d’entre eux découvre à son tour son cœur aux pieds de ton trône avec la même sincérité » l.

21-22. - La seule difficulté concédée par Rousseau dans ce projet de reconstitution du moi est celui de la mémoire : la négation restrictive des lignes 14 -15 « ce n’a jamais été que pour remplir un vide occasionné par mon défaut de mémoire », révèle que les petits arrangements avec la vérité ne sont dus qu’à la fragilité des souvenirs dont il doit reconstruire à posteriori certains pans. Le terme « ornement » (l.

14) interroge tout de même sur l’impartialité de l’autobiographe, qui, par ce terme, reconnaît ajouter des éléments ayant vocation à embellir ! *Quels éléments permettent de remettre en question la totale sincérité de JJ Rousseau dans sa démarche autobiographique ? Il se met en scène dans un procès où il prend Dieu pour témoin.

Ainsi, l’auteur assure de sa totale sincérité et adopte une posture de soumission « Que la trompette du Jugement dernier sonne quand elle voudra, je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge » l.

9 et 10. En effet, c’est la communauté des hommes à qui Rousseau lance un défi et de qui il veut obtenir l’absolution « qu’ils écoutent mes confessions, qu’ils gémissent de mes indignités, qu’ils rougissent de mes misères » l.

19-21.

Il se pose en victime et fait basculer la culpabilité du côté de « l’innombrable foule de [ses] semblables ».

Cette position (cette provocation) met en doute la sincérité et l’objectivité promises en introduction de ce préambule. > se pose la question de la reconstitution objective du moi, cette promesse semble d’emblée ne pas pouvoir être tenue… 2.

Texte de MONTAIGNE, Essais, II, 6, « Sur l’exercice », 1580, p 151 · Dans l’adresse « au Lecteur » des Essais, Michel de Montaigne écrit : « Je suis moi-même la matière de mon livre », il n’est pas question pour lui de se laisser aller à l’égocentrisme ou au récit anecdotique.

Comme le formulera Voltaire qui loue « Le charmant projet qu’il a eu de se peindre, car en se peignant, il a peint la nature humaine », l’entreprise autobiographique se fait aussi morale et philosophique. *En quoi le récit, à priori, anecdotique de sa chute permet-il à Montaigne de progresser dans la connaissance de son moi profond ? - L’auteur développe (sur plusieurs pages) l’anecdote d’un accident de cheval, durant lequel il a perdu conscience et s’est ainsi approché de la mort : « je revenais de l’autre monde », l. 5. Cette analepse pourrait sembler secondaire : « Ce récit d’événement si peu important serait assez vain… », l.

6, mais le conditionnel réfute cette idée.

Montaigne tire une morale, une réflexion universelle de cette mésaventure, qu’il met en valeur dans la deuxième partie de la phrase : « … à la vérité, pour s’apprivoiser à la mort, je trouve qu’il n’y a qu’à s’en approcher. » (l.

7-8). - Pour connaître son moi profond, il faut appréhender, par soi-même, des concepts ou des idées, comme ici celle de la mort et expérimenter.

Les nombreuses occurrences du pronom personnel de première personne, sous des formes différentes, montrent que le moi est à la fois finalité : « chacun est pour soi-même un très bon sujet d’étude », l.

9 ; « la description de soi-même », l.

16) et moyen d’accès à la connaissance de soi : « s’épier de près », l.

10 ; « pour s’apprivoiser à la mort, je trouve qu’il n’y a qu’à s’en approcher », l.

7-8).

Montaigne explique d’ailleurs que cette vérité, révélée bien avant lui par le latin Pline auquel il se réfère à la ligne 8 « Or, comme dit Pline, chacun est pour soi-même un très bon sujet d’étude », prend tout son sens à la lumière de l’appropriation personnelle : « c’est ma recherche [personnelle], et ce n’est pas la leçon d’autrui, c’est la mienne.

» *A quelle condition – énoncée dans la citation de Pline et reprise à la fin du texte – peut-on se décrire soi-même ? Il faut s’adonner aux multiples expériences de la vie.

La reformulation de la pensée de Pline met en évidence une condition dans la proposition subordonnée introduite par « pourvu que » : « pourvu qu’il ait la capacité de s’épier de près » (l.

9-10).

Michel de Montaigne revient sur ce point crucial à la fin de l’extrait en le mettant en récit : « Encore faut-il se peigner, encore faut-il s’apprêter et s’arranger pour sortir sur la place publique » (l.

16-17).

La connaissance de soi ne peut se trouver dans le repli sur soi : il faut rencontrer et expérimenter le monde. ➢ L’expérience du moi est l’unique moyen de se connaître soi-même. Expérience de la pensée « le bateau de Thésée » : https://www.youtube.com/watch?v=PWud6qbSwug ESSAI PHILO : Pourquoi chercher à se connaître soi-même ? « Connais-toi toi-même », en grec ancien Γνῶθισεαυτόν (Gnothi seauton) est la célèbre injonction inscrite au fronton du temple d’Apollon à Delphes, que Socrate encourage ses disciples à suivre.Dans quel but devrions-nous entreprendre ce travail sur soi ? Nous nous interrogerons sur les formes que prend cette entreprise, et notamment sur l’autobiographie. I.

Chercher à connaître soi-même, c’est chercher à faire exister sa singularité. 1.

Spontanément, nous tendons au conformisme ; seul le travail sur soi permet d’identifier ce à quoi nous tenons vraiment et de faire de notre vie une vie singulière. 2.

L’autobiographie permet de réfléchir à ce qui fait la singularité d’une personne.

Dans le préambule des Confessions (p.

150), Rousseau insiste sur sa singularité : « Je ne suis fait comme aucun de ceux que j’ai vus ; j’ose croire n’être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre.

Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m’a jeté, c’est ce dont on ne peut juger qu’après m’avoir lu.

» (l.

4-8). 3.

Nous ne nous connaissons pas spontanément nous-mêmes ; nous sommes en partie obscurs à nous-mêmes, car certains des désirs qui nous définissent sont inconscients.

Nous devons les porter à notre conscience pour les assouvir ou nous en libérer (voir Freud p.

144145). II.

Mais ce travail sur soi nous permet plus largement de méditer sur la condition humaine. 1.

Pour Socrate, l’injonction delphique est une invitation à se soucier de soi, c’est-à-dire à tâcher d’élever son âme : c’est donc une invitation à la sagesse. 2.

La réflexion sur ce qui fait la singularité d’un homme est inséparable d’une interrogation sur ce qui fait l’humanité.

Rousseau, qui reprend l’injonction delphique « Connais-toi toimême » en ouverture du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), donne à son autobiographie la dimension d’une étude anthropologique.

De même, la « Préface » des Contemplations (1856) de Victor Hugo souligne la parenté entre le poète et le lecteur : « Est-ce donc la vie d’un homme ? Oui, et la vie des autres hommes aussi. Nul de nous n’a l’honneur d’avoir une vie qui soit à lui.

Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis ; la destinée est une.

Prenez donc ce miroir, et regardez-vousy.

On se plaint quelquefois des écrivains qui disent moi.

Parlez-nous de nous, leur crie- t-on. Hélas ! quand je vous parle de moi, je vous parle de vous.

Comment ne le.... »

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