Gargantua, François RABELAIS (1534) « Frère Jean défendant l’abbaye de Seuilly », chap. 25 (extrait) Lecture linéaire
Publié le 22/02/2024
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«
Gargantua, François RABELAIS (1534)
« Frère Jean défendant l’abbaye de Seuilly », chap.
25 (extrait)
Lecture linéaire
Introduction
− extrait du chap.
25, « Comment un moine de Seuilly sauva le clos de l’abbaye du sac des
ennemis », qui introduit le pers.
de frère Jean des Entommeurs
− contexte : on est au début de la guerre picrocholine et qui finira au chap.
51 (sur 58 chap.
au total)
→ à la suite à d’une dispute entre les fouaciers de Lerné, sujets de Picrochole, et les bergers
de Seuilly, sujets de Grandgousier, Picrochole entre en guerre et mène une attaque
surprise contre l’abbaye de Seuilly où se trouve frère Jean des Entommeurs.
Ce dernier
défend son clos, et tout particulièrement ses vignes, de manière surprenante et inattendue
→ problématique : En quoi ce passage est-il une parodie des romans de chevalerie et une satire de
la guerre ?
I.
Un combattant redoutable (l.
1 – 12)
1.
La préparation au combat
− « il mit bas son grand habit (…) sortit ainsi en beau savon, mit son froc en écharpe » : frère Jean
(FJ) délaisse et détourne ses habits de moine pour pouvoir combattre
− « se saisit du bâton de la croix, qui était de cœur de cormier, long comme une lance, rond à plein
poing, et quelque peu parsemé de fleurs de lys toutes presque effacées.
» : il s’arme pour le combat
→ « bâton de la croix (…) long comme une lance, rond à plein poing »
* « bâton de la croix » : détournement d’un objet sacré en arme de combat
* « long comme une lance » : comparaison avec une arme typique de chevalier
* « rond à plein poing » : forme de l’objet propice au combat car il permet une bonne
prise en main
→ « fleurs de lys presque effacées » : homme loyal à la royauté depuis longtemps
= satire des moines car frère Jean est un moine claustrier voué théoriquement à la contemplation et
un objet religieux sacré, « la croix » étant un symbole de l’amour chrétien, se transforme en arme
redoutable entre ses mains
2.
Des ennemis pris par surprise
− l’armée de Picrochole est présente sur les terres de l’abbaye : champ lexical de l’armée avec
« enseigne(s) x2, trompette(s) x2, tambourin(s) x2, porte-guidons, porte-enseignes, guidons,
tambourineurs »
− mais c’est une armée désorganisée :
→ accumulation de 4 négations qui insistent sur la désorganisation : « sans ordre, ni
enseigne, ni trompette, ni tambourin »
→ personne n’est à son poste : ils « avaient mis leurs guidons et enseignes à l'entrée des
murs » + « chacun était dérayé »
− elle plus concentrée à piller les vignes qu’à rester prête au combat :
→ champ lexical de la vigne : « vendangeaient », « raisins » et « moussines » (ou pieds de vigne)
→ détournement des instruments relatifs à la guerre : les tambourins sont remplis de raisins et
les trompettes de moussines
− elle ne s’attend donc pas à être attaquée : « de son bâton de la croix donna brusquement sur les
ennemis » = adv.
de manière « brusquement » qui indique une entrée fracassante et inattendue au
combat de FJ
= satire sur les motivations du moine : le mobile du combat est de défendre des champs de vignes
donc la production de vin, boisson essentielle pour vivre
3.
Un comportement héroïque (l.
8 – 12)
− « Il choqua donc si raidement sur eux, sans crier gare, qu'il les renversait comme porcs, frappant à
tort et à travers, à la vieille escrime »
→ « sans crier gare » : la locution adverbiale qui reprend l’idée d’attaque surprise
→ « si raidement », « frappant à tort et à travers » : frère Jean fait preuve de courage et d’une
force étonnante + l’adv.
« si » renforce l’intensité de la brutalité de l’attaque
→ « à la vieille escrime » : ref.
au style de combat des chevaliers du MA
→ « il les renversait comme porcs » : comparaison péjorative qui ôte l’humanité aux pillards et
donne l’effet d’un combat qui se transforme en boucherie
− « Aux uns il escarbouillait (…) déboîtait les bras » :
→ un héros épique (de « épopée » = récit qui narre les exploits d’un héros) :
* accumulation de 12 verbes d’action violente en asyndète dont FJ est l’unique sujet :
> l’accumulation crée une exagération qui montre l’efficacité de FJ au combat
> l’asyndète permet de traduire le rythme, la vivacité du combat
* « Aux uns il (…) aux autres (…) aux autres » = opposition singulier / pluriel :
le courage de FJ est souligné car....
»
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